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Tonton Danijel

Par Mathieu Faure
Tonton Danijel

À 30 ans, Danijel Subašić connaît une réussite tardive à la fois en club mais aussi en sélection. Numéro 1 croate depuis moins d'un an, l'ancien de Split profite de son boulot comme de la vie, avec simplicité et malice.

Danijel Subašić n’est pas du genre à se prendre la tête. Dans un métier où le fossé entre joueurs et suiveurs est de plus en plus grand, prendre cinq minutes pour tailler une bavette avec le gardien de l’AS Monaco est devenu un plaisir. D’autant qu’au milieu des choses de la vie – comme son amour pour les chats, puisque le gardien en a deux, directement venus de Croatie – « Suba » est capable d’envoyer une punchline à Andrea Raggi, de passage, juste pour le plaisir. « Défenseur de merde, va. Mets des buts au lieu de parler. » Les deux mecs se regardent et se marrent. Il faut dire qu’avec Nabil Dirar, ils sont les derniers survivants d’une époque monégasque pas si lointaine : la Ligue 2. Voilà plus de trois ans que le gardien a quitté Split pour le Rocher. Quand il débarque en France, Monaco est dernier de Ligue 2. Sur le moment, Évian et Brest sont intéressés par son profil, mais c’est Dado Pršo, ancien Monégasque et issu de Zadar comme lui, qui lui conseille la Principauté. Personne ne regrette ce choix. Ni Subašić ni Monaco.

« Je ne suis pas un gardien qui fait le « circus » »

Prolongé jusqu’en 2019 au printemps dernier, le dernier rempart monégasque est l’un des rares joueurs à avoir réussi son début de saison. Il semble même encore plus fort que l’an dernier, alors qu’il avait terminé dans les quatre nommés au trophée du meilleur gardien LFP de la saison. La raison ? Du travail. Une dose de folie et la tête sur les épaules. Notamment en sélection nationale où il est passé numéro 1 en octobre 2014. « Cela me donne plus de responsabilités, les gens attendent plus de moi » , lâche sobrement le gardien dans un français qu’il maîtrise de mieux en mieux. Surtout, il se sent bien à Monaco. Il sert même de chaperon et de chauffeur à son jeune compatriote, Mario Pašalić. Une fois l’entraînement terminé, Pašalić grimpe dans la mini Austin de « Suba » et se fait raccompagner à la maison. Le grand frère parfait. Celui qui ne fait jamais la gueule. Mais attention, quand il faut faire passer des messages, le gardien sait y faire. Au cœur de l’été, quand Monaco décide de ne pas prolonger le contrat de l’entraîneur des gardiens André Amitrano, Suba monte au créneau sur son compte Twitter. Entre Suba et « Dédé » , c’est une grande histoire. Les deux adorent bosser ensemble et la progression du gardien n’est pas étrangère à la présence d’Amitrano. Hasard ou pas, Amitrano sera prolongé deux semaines plus tard. Tout est rentré dans l’ordre. « Je suis content qu’il soit resté au club » , argumente à haute voix Subašić.

Même quand il a des messages à faire passer aux « confrères » gardiens de but, il est brillant. Ainsi, peu de temps avant d’affronter la Juventus en Ligue des champions, Subašić se confie dans les colonnes de L’Équipe sur son style. Et il est direct. « Je ne suis pas un gardien qui fait le « circus » dans un but. Je n’aime pas faire une parade et m’envoler au-dessus du but quand le ballon arrive sur moi et que je peux le 
prendre à deux 
mains. C’est quoi, ça ? Joue simple. Quand je vois ça à la télé, je ferme les yeux. Regardez Petr Čech : vous l’avez déjà vu faire ça ? Quand il peut capter un ballon, il le capte, il ne fait pas de cirque. Courtois non plus. Aucun top-gardien ne fait ce genre de cirque : Casillas, Neuer… Ils n’ont pas besoin. » Tout Subašić en une démonstration. Sobre et efficace. 
En même temps, il en faut beaucoup pour faire vaciller le colosse de Zadar. À 7 ans, sa ville natale passe ses journées à se prendre des obus sur la gueule. Jusqu’à 5000 par jour. De cette période, le gardien de Monaco ne se souvient pas de grand-chose à part du bruit de la sirène alertant de l’imminence d’un bombardement. L’après-guerre ? Bizarrement, des bons souvenirs. Papa travaillant dans une boulangerie, Danijel mangeait à sa faim. Et pour jouer au football avec les copains dans un pays en ruines, il se sert des meubles de sa maison pour faire une cage.

En pensant à Čustić

Mais s’il y a bien un événement qui lie à jamais Subašić à son pays, c’est le destin de son ami Hrvoje Čustić. Nous sommes le 29 mars 2008 et Subašić joue pour le NK Zadar. Son ami et coéquipier Čustić, pris par son élan, percute un pan de bitume bétonné en plein match. Le choc est brutal. Le joueur décédera dans la semaine. Sept ans plus tard, son ami n’est jamais vraiment loin, puisque le longiligne portier porte systématiquement sous son maillot officiel un tee-shirt blanc sur lequel apparaît le visage de Čustić avec la mention « Zauvijek » (pour toujours). Un porte-bonheur que le Croate n’oublie jamais depuis 2008. Sauf une fois. C’était à Annecy en avril 2014. Ce soir-là, Monaco avait perdu (0-1). Pas question de s’apitoyer sur les disparus. Subašić n’est pas comme ça. C’est un mec simple, chambreur et droit. Mentalement, le garçon est un roc. Costaud. Solide. Un travailleur acharné au quotidien et dont les qualités sont évidentes : bien coordonné, souple, à l’aise dans les airs et très réactif sur sa ligne. Bref, un gardien complet. Alors pourquoi rester caché en Principauté, loin des objectifs et de la folie populaire du football ? Parce que l’homme aime être tranquille. Après avoir connu la folie de Split, Subašić voulait évoluer dans un environnement serein, sans trop de pression, parfait pour se consacrer pleinement à son métier. Moralité, trois ans après s’être fait piquer le titre de meilleur gardien de Ligue 2 par le Havrais Zacharie Boucher, voilà Subašić numéro 1 en sélection croate. Sans pression, forcément.

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

Par Mathieu Faure

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