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- 38e journée
- Hellas Vérone/Juventus
Toni/Tévez : duel de Bomber
Tévez et la Juventus retrouvent cet après-midi le Hellas Vérone de Luca Toni pour ce qui constitue le dernier « entraînement » avant la finale face au Barça. Une rencontre sans grand enjeu, excepté pour l'Argentin qui tentera de récupérer sa place de meilleur buteur de Serie A, chipée le week-end dernier par un certain Luca Toni.
Carlos Tévez par-ci, Carlos Tévez par-là. Carlos Tévez fait gagner la Juve. Carlos Tévez est en finale de Ligue des champions. Oui, d’accord, l’Apache est un monstre que bien des défenses peinent à stopper. Mais à ce jour, Carlitos n’est plus le meilleur buteur de Serie A. Logiquement, le sacre prématuré de la Vieille Dame a amené Max Allegri à faire tourner son effectif en vue des grandes échéances (C1, coupe d’Italie). Et donc à mettre Carlos au repos. Suspendu face à Cagliari, non retenu pour le déplacement au Giuseppe Meazza et sur le banc face au Napoli, l’Apache n’a pas joué un seul match de Serie A depuis le 2 mai dernier et la victoire contre la Sampdoria. De quoi laisser quelques opportunités à ses poursuivants de refaire leur retard au classement des buteurs. Voire de le dépasser, ce qui est le cas depuis une semaine maintenant. En tête pratiquement toute la saison, le petit Argentin, troisième l’an passé, s’est fait griller la politesse à une journée de la fin. Par qui ? Ce diable d’Icardi ? Ce filou de Ménez ? Non, par un vieux briscard de 38 ans nommé Luca Toni. Un géant que rien n’arrête et qui sera bel et bien présent, cet après-midi, sur la pelouse du Bentegodi. Et devinez contre qui ? La Juve bien sûr.
Tony ! Toni ! Toné !
Il est inarrêtable. Malgré les années qui passent et les clubs qui défilent, Luca Toni reste ce colosse d’un mètre quatre-vingt-dix-sept qui affole les défenses et fait pleurer les gardiens. Son équipe a beau être enlisée dans le ventre mou du championnat italien, Luca, lui, reste au sommet. En haut, tout en haut du classement des buteurs. Le 26 mai dernier, l’ancien du Bayern Munich soufflait sa trente-huitième bougie, deux jours après avoir mis le doublé qui permit au Hellas de repartir de Parme avec le point du match nul. Des doublés, Luca en a claqué cinq cette saison. Un de plus que l’année dernière où il terminait, déjà, vice-meilleur buteur de Serie A à deux unités de Ciro Immobile (22 buts). Oui, à 37 ans.
Si Toni n’est pas le seul vétéran à briller sur les pelouses italiennes (quid de Pirlo, Buffon, Totti, Klose et Di Natale ?), son efficacité devant le but depuis deux saisons impressionne. Sidère, même. Après cinq premiers mois timides (6 buts sur la phase aller), le bomber a retrouvé un rythme que ni Tévez ni Icardi n’ont réussi à suivre. Sur les dix-huit rencontres de la phase retour, l’Italien a marqué quinze fois pour un total de 21 buts en championnat. En Europe, seuls Messi (24), Cristiano Ronaldo (20) et Harry Kane (16) ont fait mieux. Sauf que ces trois-là n’ont ni 38, ni 35, ni même 30 ans (sauf Cristiano qui les a eu en février). Dans une récente interview accordée à La Gazzetta dello Sport (et disponible dans le So Foot #125), Luca Toni déclarait ceci : « La seule fois où j’ai eu peur, c’est lors d’un match de Ligue des champions asiatique en Iran, quand je jouais pour l’Al-Nasr de Dubaï. Partout où tu tournais la tête, tu voyais des mitraillettes : à l’aéroport, à l’hôtel, au stade… C’était trop pour un match de football. Bon, quand j’étais petit, j’avais peur du noir. Mais plus maintenant. » Alors comprenez que ce n’est pas un petit Apache qui va lui ficher la trouille.
Tévez à l’assaut du trône
Si l’Italien rayonne en cachette, l’Argentin de la Vieille Dame est plus que jamais sous les feux de la rampe. Affûté comme rarement il l’a été, décisif devant le but, fondamental dans le pressing et la construction, Carlos Tévez s’est imposé cette saison comme l’un des grands patrons du jeu turinois. Les résultats aidant, l’Apache s’est vite retrouvé seul en tête du classement des buteurs de Serie A, malgré la menace de Mauro Icardi et Jérémy Ménez. En parallèle, Carlitos est parvenu à vaincre la malédiction européenne qui lui pourrissait la vie depuis plusieurs saisons. Avec ses sept réalisations en Ligue des champions (dont trois face à Dortmund), Tévez est progressivement redevenu la terreur qu’il était lors de ses années fastes à Manchester City.
Pour cette ultime journée, Max Allegri devrait lui donner, si ce n’est un match entier, au moins une mi-temps de jeu. Histoire de se dégourdir les pattes avant la finale et, peut-être, de rattraper, voire de dépasser le vieux Luca (21 buts pour Toni, 20 pour Tévez). À l’aller, la Juve s’était imposée 4-0 à Turin, et Carlos Tévez avait frappé deux fois, sous le regard médusé de son adversaire. Ce coup-ci, les Gialloblu reçoivent et comptent bien offrir à leur capitaine l’occasion de briller une dernière fois. Ça promet !
Par Morgan Henry