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Tom-san, mon oncle d’Amérique

Par Matthieu Rostac, à Yokohama et Tokyo
Tom-san, mon oncle d’Amérique

Tom Byer, c'est avant tout un surnom : Tom-san, « Monsieur Tom », acquis autant à la sueur du front que celle de nombreuses mains serrées dans les hautes sphères du football asiatique. Ou comment un New-Yorkais, fils de flic, footballeur limité parti de rien, est devenu l'idole des gamins nippons. Un rêve américain écrit en kanji que le football asiatique aimerait conjuguer au futur, et dans lequel Adidas a tiré quelques ficelles en coulisses.

Arrêt Shinyokohama, au bout de la JR Yamanote, l’une des lignes à grande vitesse du labyrinthe ferroviaire tokyoïte. Une fois remonté à la surface, les imposantes tours de trente étages gravitent autour d’un bâtiment qui l’est tout autant, tutoyant la chape de nuages gris en cette moite saison des pluies : le Nissan Stadium. 72 327 places derrière lesquelles nous attend Tom Byer. Sur les terrains d’entraînement de l’école de football des Yokohama Marinos, plus précisément. Physique d’arrière droit besogneux, la cinquantaine bien pesée, Byer a la main chaleureuse et sert des « bro » ou des « buddy » à chaque fin de phrase. Il est ici en tant qu’ambassadeur de la Canon Cup Junior Soccer, un tournoi opposant les meilleures équipes de grassroot football du Japon, organisé par le géant de la photo. Il est ici, aussi, pour repérer les prochaines pousses du football nippon et leur permettre d’intégrer sa prestigieuse académie T3, dont l’école est située à Chiba, de l’autre côté de la baie de Tokyo. Sous leurs parapluies transparents, Byer et ses assistants regardent tous les matchs, débattent en japonais et gribouillent leurs calepins comme de vrais recruteurs professionnels. Et pour cause, le grassroot football, cela fait maintenant plus de vingt-cinq ans que Tom Byer en connaît les moindres recoins. Pas pour rien que le slogan Realizing the potential orne le dos de son T-shirt. On parle d’un homme salué par l’ancienne ministre des Sports et de l’Éducation Mayumi Moriyama pour les bienfaits apportés par sa contribution au football nippon, comparée sur place à celle du général MacArthur pendant la Seconde Guerre mondiale et récompensée par Adidas en 1998 d’un Golden Boot Award – l’unique pour un entraîneur de jeunes. Dès lors, comment ce gaijin ( « étranger » en japonais) a-t-il réussi à s’imposer comme la référence en matière de formation au pays du Soleil-Levant ?

Des barres chocolatées Nestlé et des pralines en lucarne

Au début, un peu par chance et par aventure, il faut bien le reconnaître. Alors qu’il n’est qu’un aspirant footballeur au sein de la formation des Tampa Bay Rowdies dans une NASL agonisante, Tom Byer voit son futur sportif au pays de l’Oncle Sam s’assombrir et devient le premier Américain à jouer au Japon. « D’abord sur des bases militaires, puis j’ai été présenté au Hitachi FC (devenu le Kashiwa Reysol) par mon ancien coach d’université. Je suis resté deux ans, j’ai joué pas mal de matchs en réserve. Mais j’avais 27, 28 ans et je me disais que c’était pas comme ça que j’allais gagner ma vie » , confesse Byer, désormais accoudé à la table d’un grand restaurant de Roppongi Hills. En 1988, une fois sa carrière de joueur terminée, Tom a une idée : faire du football un spectacle individuel, une sorte de one-man show, en suivant les préceptes de Tom Mulroy, son mentor et recordman du nombre de jongles en 1978 du haut de l’Empire State Building. « Il en faisait presque une comédie et c’était l’un des tout meilleurs avec un ballon. J’ai en quelque sorte « volé » son concept et je l’ai appliqué à mes ateliers » , reconnaît sans honte Byer. Ne reste plus qu’à trouver l’argent.

« Je ne parlais pas un mot de japonais, donc j’ai commencé à travailler dans des écoles internationales. Je demande à un de mes élèves ce que fait son père dans la vie : « Il travaille chez Nestlé. » J’ai donc trouvé son numéro, j’ai appelé chez lui et je lui demande : « Tu m’as dit que ton père travaillait chez Nestlé, mais il y fait quoi ? » Le gamin répond : « C’est le président. » Je suis allé présenter mon projet à Nestlé et je suis reparti avec un contrat me permettant de faire cinquante démonstrations sponsorisées partout dans le pays sur la seule année 1989 sous le nom de Milo Technics. Ça m’a permis de me faire un nom et une réputation sur place. »

Pour le reste, Tom Byer applique une maxime toute américaine au pays du Soleil-Levant : si tu n’es pas premier, tu es dernier. La compétition, Tom-san l’a dans le sang. La seule vision d’un cinquantenaire qui donne tout pour déborder des gamins d’une dizaine d’années sur un synthétique de Yokohama pour un match de gala suffit pour s’en convaincre. Encore plus lorsque cette percée dans le couloir se transforme en praline envoyée dans une cage gardée par une portière à nattes préférant se pousser plutôt que d’affronter la frappe « d’adulte » . Mais les barres chocolatées Nestlé, ça n’a jamais nourri son homme. Or, Tom Byer a faim. Très. « Paul Mariner, ancien attaquant de l’équipe d’Angleterre, est devenu un bon ami à moi. J’avais vu des vidéos de la « Méthode Coerver », mais je ne connaissais pas tout le business qu’il y avait derrière. Paul était impliqué dans toute la partie commerciale du projet et m’a invité chez lui en Californie pour en parler » , relate Tom-san en mordant dans son burger saignant. Entraîneur du Feyenoord Rotterdam vainqueur de la Coupe UEFA 1974, Wiel Coerver a inventé une « méthode » éponyme dont le credo très simple se rapproche peu ou prou de celui de Tom Byer : améliorer les compétences techniques individuelles du joueur pour ensuite les appliquer au collectif.

« Rendre le joueur meilleur, pour qu’une fois revenu dans son équipe, cette dernière devienne meilleure. Pour avoir ce changement de niveau footballistique, il faut réduire ce que j’appelle le « vide » qu’il y a entre les meilleurs joueurs et les plus mauvais. Quand ce « vide » est trop important, jouer en équipe nationale peut s’avérer très compliqué pour certains joueurs. Et ça passe par la répétition, bro ! Le football, c’est qu’une histoire de répétition, comme au golf ou au tennis ! » Surtout, la Coerver Academy, l’organisme qui gère les droits de la méthode Coerver, offre une puissance de tir insoupçonnée pour le coach américain. Le début d’une belle histoire : à Byer la belle gueule au sourire ultra bright, à la Coerver Academy les gros muscles. « Je me suis retrouvé impliqué dans le projet Coerver à partir de 1993. Je suis arrivé et j’ai lancé l’idée d’écoles. Tout le monde croyait que j’étais fou : « Ah, mais personne voudra payer pour apprendre ces exercices ! » OK. Construisez-les, ils viendront : maintenant, il y a 15 à 20 000 élèves au Japon repartis dans une centaine d’écoles. Mon nom a apporté une plus grosse visibilité au projet Coerver. »

La tempête parfaite

1993 où l’année de la fondation de la J-League, le championnat japonais. Celle aussi de l’affaire OM-VA. Christophe Bézu, un Français arrivé au Japon deux ans plus tôt, reste le seul survivant des séquelles de « l’affaire Tapie » au sein de l’organigramme d’Adidas sur l’archipel nippon. Veste en lin, Birkenstock aux pieds et Perrier-rondelle dans la main, l’homme a plus la dégaine d’un vacancier que celui d’un ancien CEO. Et pourtant. « J’ai reçu un coup de fil de la bande de Tom Byer. Ils démarraient au Japon. C’est comme ça qu’on s’est lié d’amitié. On l’a un peu supporté financièrement, on lui a surtout donné des vêtements » , rembobine celui qui a tenu les rênes de la marque aux trois bandes pendant plus de dix ans pour la zone Asie-Pacifique. « Rapidement, Coerver Academy est devenu un partenaire global parce qu’il nous fallait redynamiser la partie football et ça passait par la sensibilisation des jeunes. Tout s’est donc passé en même temps. Donc là, je me suis dit : il faut mettre Tom au milieu de tout ça, parce que ça va faire partie de l’offre qu’on va proposer à la Fédération japonaise. Comme ça, on arrivait avec un « parapluie » de services dont faisaient partie Tom et la Coerver Academy. Donc toucher les jeunes, les arbitres, les joueurs, etc. »

Tom Byer ne dit pas autre chose, lui qui parle de « tornade parfaite » en rappelant qu’à l’époque, le Japon venait de se positionner pour organiser la Coupe du monde 2002. Une manne financière indéniable dans un pays en pleine bulle économique, complètement vierge de ce nouveau sport populaire : « C’est incroyable la façon dont Adidas nous a permis de faire des ateliers avec leurs produits. La balle, c’est sacré chez eux, et j’ai réussi à les séduire avec les enfants. Je pense être le seul à avoir réussi à le faire. Ce qui s’est passé, c’est qu’à l’époque, les équipementiers de l’équipe du Japon tournaient : une année, vous aviez Adidas, une autre Mizuno et une autre Asics. Adidas ne produisait aucun vêtement pour les enfants. C’est là que Christophe Bézu a été très intelligent : le Japon a été le seul pays dans lequel Adidas a injecté autant d’argent pour équiper les enfants. Il a fait un boulot magnifique. Je me rappelle aussi qu’à l’époque, Nike et Adidas était en pleine bataille pour signer un contrat avec la Fédération japonaise de football. La nuit avant la présentation finale du projet à la FJF, j’ai participé à un dîner avec Christophe, Robert-Louis Dreyfus et Franz Beckenbauer pour brainstormer sur comment convaincre la FJF de nous choisir. Donc Christophe m’a offert un accès exceptionnel à tout ce milieu. J’étais un peu le spécialiste local durant cette réunion : je parlais le japonais, j’avais de bonnes relations sur place et Christophe me voyait vraiment comme son bras droit pour tout ce qui était football au Japon. »

« Le langage japonais, c’est la loi du silence, pas celle du parler »

Adidas remporte la mise et l’organisation de la Coupe du monde 2002 est finalement attribuée au Japon en compagnie de la Corée du Sud. Un sans-faute depuis trois ans, notamment parce que la machine est bien huilée. Philippe Troussier, débarqué au Japon en 1998 pour prendre la tête de la sélection japonaise, lâche une anecdote – « c’est Tom Byer qui m’a trouvé mon traducteur quand je suis arrivé en Chine » -, puis évoque l’Américain : « C’est un très bon communiquant. C’est quelqu’un qui a l’habitude d’être en relation avec le public. Au-delà du programme technique, il est clair qu’il a surtout bien utilisé les médias. Sa progression fulgurante n’est pas tant liée au programme technique, parce qu’apprendre à des gamins à faire du foot, franchement, on ne peut pas dire que ce soit une grande nouvelle. Mais le fait que la Coupe du monde soit organisée au Japon, que le football était alors un sport très jeune là-bas… Tous ces éléments réunis ont fait qu’il est monté en puissance et qu’il est devenu une star au Japon. Surtout qu’il était le seul à toucher les jeunes. »

Christophe Bézu s’allume une cigarette, dégaine son plus beau sourire en terrasse, puis enfonce : « Le langage japonais, c’est la loi du silence, pas celle du parler. Donc le silence, c’est le visuel. Ils sont beaucoup plus adaptés à ça. S’il n’y avait pas eu l’aspect médiatique de Tom Byer, cela n’aurait pas duré aussi longtemps. Et il le mérite. Il a amené beaucoup de jeunes à faire du football. Alors OK, il y avait l’équipe nationale, mais Tom développait aussi tout le côté ludique et il fallait ça. Parce que le sport, là-bas, c’est avant tout une culture d’armée. Pendant ces dix ans, on a un peu changé cette image. » Pour ce faire, l’organisation d’ateliers aux quatre coins de Honshu, Kyushu ou Shikoku ne suffit plus, il faut aller chercher la jeunesse là où elle se trouve : devant la télévision ou la tête dans les mangas. Lorsqu’il ne vole pas la vedette à Zidane ou Raúl, acclamé par des centaines de gamins hystériques lors de ses quatre-vingt-dix ateliers (dont trente pour Adidas uniquement), Tom Byer enfile le costume de Tom-san aux heures de grande écoute.

Une sacrée bande de gaijin

TV Tokyo, chaîne connue pour diffuser Cowboy Bebop, Naruto et surtout les Pokémon, décide de produire dès 1998 la pastille de deux minutes « Tom Byer’s Soccer Technics » au sein de son émission Oha Suta, dans laquelle l’Américain tape des jongles ou des roulettes sur fond vert. Un peu comme si Jean-Marc Guillou avait croisé Dorothée dans un coin de Shibuya tard la nuit. Ou tôt le matin. « C’était un horaire idéal, dans les environs de sept heures du matin, vraiment prime time pour les enfants. Donc j’ai dit : « L’ambassadeur, c’est Tom » » , se remémore Bézu. Entre 3 et 5 millions de gosses nippons regardent les exploits de Tom-san le nez plongé dans leurs céréales. Et pour ceux qui n’aimeraient pas le tube cathodique, Tom Byer a aussi sa double page dans KoroKoro Komikku, le mensuel de bande dessinée le plus célèbre du Japon qui émarge à plus de 3 millions de lecteurs. Forcément, le succès est au rendez-vous. « Le système Club Dorothée, c’est ce qui fonctionne au Japon. La présentation des matchs de foot au Japon, c’est des filles en mini-jupe avec des nounours dans les cheveux » , détaille Troussier, tandis que Bézu a toujours présenté la chose comme « un grand matsuri (festival en japonais, ndlr). Je disais : « Il faut que la Coupe du monde soit un grand matsuri ! » Un mois de Mickey Mouse dans le foot ! Le Japon, c’est une société kawaii ! Moi, il m’avait calqué dans des épisodes de Captain Tsubasa ! »

Un grand matsuri, donc, mais qui doit être animé par des gaijin comme autant de Prométhée apportant « un apprentissage de la vie » – dixit Bézu – sur l’archipel nippon. L’ancien CEO développe : « À l’époque, pour sensibiliser, mettre un Japonais fan de foot, c’était la chose à ne pas faire. Il fallait mettre un gaijin. Il fallait que ce soit du white face. » Ce qui n’empêche pas la presse nippone de prendre des photos de Tom Byer « face au soleil pour me rendre plus japonais parce que j’ai les yeux plissés » , rigole l’intéressé. Sans doute l’un des plus beaux symboles de popularité dans un pays obsédé par les visages occidentaux. En conséquence, c’est une sacrée bande de gaijin qui s’est fait une belle place au Soleil-Levant du football le temps de quelques années : Christophe Bézu, Philippe Troussier et Tom Byer, le trio étant complété par Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan et par ricochets des Yokohama Marinos, le club le plus puissant du Japon.

Quinze ans plus tard, c’est un football premier sport auprès des jeunes en matière de popularité, devant l’historique base-ball, que contemple Tom Byer. Même la fin de son aventure avec la Coerver Academy en 2008 puis Oha Suta en 2013 n’est pas parvenue à atteindre cet éternel optimiste qui considère qu’il « faut repartir de l’enfance pour tout redémarrer » . « On a valorisé toute une génération de jeunes joueurs, je serais même tenté de dire qu’on a infecté toute une génération de joueurs en leur disant que s’ils veulent devenir les meilleurs, ils doivent maîtriser les fondamentaux techniques » , expose l’Américain entre la poire et le dessert. « Ça ne fait pas un pli, selon moi, que la méthode que nous avons mise en place au Japon a permis au football japonais d’évoluer. Je me risque même à dire que tous les membres de l’équipe des U17 ont été, en quelque sorte, confrontés à nos activités, que ce soit par la télé, la bande dessinée, les cassettes. Chaque jour, je reçois des e-mails ou des messages Facebook de coachs me remerciant de ce que nous avons fait. Quand tu as assez de chance pour avoir ta rubrique dans le show le plus regardé par les enfants pendant quinze ans, tu les influences forcément. »

Plus proches de nous, le joueur du Milan AC Keisuke Honda a reconnu il y a quelques années avoir attrapé le virus du football en regardant Tom-san faire ses grigris à la télé, tandis que Shinji Kagawa a été repéré parmi cinq cents élèves lors d’un atelier de Byer. Même chose pour Aya Miyama, capitaine de l’équipe féminine japonaise aux 156 sélections, championne du monde en 2011 et finaliste en 2015. Tom-san himself va plus loin : « Si vous voulez un véritable indice sur ce qui passe en matière de football dans notre pays, il suffit de regarder les qualifiés pour la dernière Coupe du monde des -17 ans : il n’y avait ni la Corée du Sud, ni l’Australie, ni la Chine. Si vous voulez lire dans la boule de cristal, regardez ce qui se passe dans les catégories inférieures. Le Japon se qualifie tout le temps. Il y a aussi l’Ouzbékistan, l’Iran et l’Irak. Putain, comment l’Iran et l’Irak peuvent-ils se qualifier alors qu’ils n’ont rien du tout par rapport à la Corée du Sud et l’Australie ? »

Une success story qui est peut-être due au fait qu’elle se déroule au Japon, tout simplement. « Au Japon, lorsque vous jouez en club, vous faites uniquement des matchs officiels ou des tournois le week-end. L’académie, c’est plus une école. Les joueurs peuvent parfaire leur technique pour utiliser le ballon. Nous faisons ça uniquement en semaine, après les cours » , explique Naoki Imaya, ancien joueur passé par l’Australie et la Suisse, désormais entraîneur de l’équipe de grassroot football Touch of Class, qui vient de remporter la Canon Cup. « En Europe, en général, les clubs ont leur propre gestion des jeunes. Et ils bloquent un peu tout phénomène extérieur qui veut entrer dans le grassroot. Et puis, il y a une certaine arrogance des fédérations qui préfèrent faire à leur façon. Les académies au Japon sont devenues les relais des clubs. L’académie, c’est pour occuper les enfants : les parents adorent ça. Par exemple, mes filles, qui sont japonaises, font des tas de trucs tous les jours, c’est très japonais » , ajoute Christophe Bézu.

« En matière de grassroot football, pas grand monde ne sait ce qui se passe. Marcello Lippi, qui est un grand coach que je respecte énormément, quand on lui a posé la question du grassroot football, il n’avait pas la moindre idée de ce que c’était. Vous avez le football artificiel et le football non artificiel. Au Japon, le football non artificiel n’est pas nécessaire parce qu’il n’y a pas d’endroit où jouer dans la rue. Au Brésil, ils produisent des bons joueurs, mais c’est un peu la loterie. Ici, la répétition fait la compétitivité » , clôt Tom Byer, qui n’en finit pas de nous présenter sa nouvelle méthode d’entraînement pour les enfants sur… iPad – « Ils sont tous nés avec le numérique, ils ont tous l’habitude d’utiliser un iPad, un iPhone. »

Fils de « super cop » et voyage sur la Lune

Depuis quelques années, Tom Byer doit quitter son nid douillet japonais dont le « marché est saturé » . En plus de son école de Chiba construite en 2008, l’Américain possède trois autres écoles à Sidney, Jakarta et Bangalore, afin « d’offrir [sa] méthode aux pays alentour. La meilleure façon d’avoir une équipe du Japon compétitive, c’est en rendant les nations proches aussi compétitives » . Il y a deux ans, Tom Byer a accepté un contrat avec la Fédération de football chinoise afin de redynamiser la formation des jeunes pousses de l’Empire du milieu. Une nécessité selon l’Américain : « Les Chinois peuvent envoyer des gens sur la Lune, ils ont dépassé les États-Unis en nombre de médailles aux Jeux olympiques, mais ils ne sont pas capables de battre Singapour en football ? » Si tu n’es pas premier, tu es dernier. Bis repetita.

Le Japon, lui, aura toujours une place à part dans le cœur de Tom-san. Et il était écrit que cela devait provenir de l’enfance. Du côté de New York, comme un début de polar vigilant de série B, exactement. Avant de disparaître dans un gros 4×4 aux vitres fumées, Tom Byer entame un dernier monologue, sans bro ni buddy cette fois-ci : « Quand j’avais onze ou douze ans, mon père était en plein dans une enquête sur des trafiquants et il a subi une tentative d’assassinat. Lorsqu’il s’est fait tirer dessus dans l’allée de notre maison, pris dans une fusillade, mon frère, ma sœur, ma mère et moi étions dans la maison au sol. Mon père n’a pas été touché et personne n’a jamais été attrapé, mais c’est évident qu’il s’agissait de la mafia. Nous sommes partis un an en Floride pour nous protéger, nous n’avons pas pu communiquer avec les autres durant cette période. Ma mère est devenue alcoolique, violente et elle n’a jamais voulu rentrer à New York. Nous sommes rentrés avec mon père et avons emménagés à nouveau dans la maison où la fusillade avait eu lieu. J’ai vécu dans la peur durant des années. Mon père était ce qu’on appelle un « super cop », il a été impliqué dans trois grosses fusillades à New York. Donc j’ai été très tôt confronté à une forte violence. Quand j’étais enfant, nous allions tout le temps dîner au restaurant, c’était notre rythme de vie et chaque soir, mon père garait la voiture dans l’allée, gardait les phares et le contact allumé, il sortait de la voiture, prenait son pistolet et vérifiait si tout était OK dans la maison avant de nous faire entrer. Nous prenions le bus pour aller à l’école, et l’arrêt se trouvait un peu loin de la maison. Le bus klaxonnait pour nous faire signe de sortir de la maison, et nous courions pour l’attraper. Donc l’une des raisons pour lesquelles j’adore le Japon est que c’est un pays sûr. Enfant, j’ai vécu dans la peur, ici, je vis en paix. »

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Tous propos recueillis par MR

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