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Tom Palmer : « L’écriture est plus facile quand on parle foot »
Tom Palmer est un écrivain anglais spécialisé dans les fictions footballistiques. Alors que la Coupe du monde bat son plein, Tom propose gratuitement à tous les jeunes étudiants du Royaume un conte s’intitulant Defenders : Russia mêlant football et histoire de la Russie.
Quel est ton premier souvenir de football ?Mon premier souvenir, c’est la finale de la Coupe des clubs champions en 1974-1975.
Leeds contre le Bayern Munich. J’étais avec ma famille, nous écoutions la finale à la radio. J’avais sept ans et j’étais dégoûté de voir Leeds perdre en finale, je savais déjà que c’était la dernière fois que je pourrais voir mon équipe à ce niveau ! Enfin… Qui sait ? (Rires.) J’adore le football en règle générale. Mais chez moi, on est pour Leeds. Ma famille vient de là-bas et on baigne dans la culture du club depuis tout jeune.
Comment tu as commencé à écrire sur le football ?Mon premier bouquin était un journal sur une saison de Leeds. C’était une année terrible pour Leeds, qui s’est fait reléguer de Premier League. C’était une non-fiction. De là, j’ai commencé à vouloir créer des histoires sur le foot. Ensuite j’ai décliné mes passions avec mes envies.
Quelle a été ta première motivation pour écrire sur le foot ?J’ai toujours voulu devenir écrivain, mais je n’étais pas vraiment sûr de moi. Ma passion pour le football était sûre, c’est donc assez naturellement que j’ai commencé à me pencher sur le sujet. L’écriture est plus facile quand il faut parler foot. Je voulais parler de l’univers du football, pas forcément du jeu. Tout partait d’un jeune garçon qui était fan de foot, et petit à petit, il commence à devenir un « football détective » . Il essaie de résoudre des énigmes comme la mort d’un coach ou bien le kidnapping d’un joueur. Mon but premier est d’intéresser les jeunes.
Quand tu étais petit, est-ce qu’il y a un livre de foot qui t’a marqué ?Il n’y avait pas vraiment de livre en particulier. Juste, j’adorais lire. Des magazines, des gros bouquins, des petites histoires… Tout ! Plein d’écrivains m’ont marqué et, c’est assez naturellement que je voulais faire comme eux. Si je dois te donner un de mes auteurs préférés, ce serait Emile Zola.
Avec Defenders : Russia, ce n’est pas donc pas la première fois que tu écris sur le foot… Exact ! J’avais fait toute une série de livres qui s’appelle « Over the line » . C’était à propos d’une bande de joueurs anglais qui se sont battus dans la Bataille de la Somme. C’était une histoire vraie de footballeurs devenus soldats. C’était la première fois que je mêlais football et histoire.
Comment tu fais tes recherches pour tes récits ? Je me fais de grosses recherches : je lis des bouquins, je vais chercher sur Internet, je récupère des documents historiques pour m’en inspirer.
Parfois, je vais même jusqu’à visiter des lieux historiques. Une fois que tout mon travail est terminé, je laisse libre imagination aux lecteurs. Je veux écrire des histoires pour les enfants qui aiment lire d’un côté, et qui veulent suivre la Coupe du monde de l’autre. Alors, pour les intéresser, il fallait s’inspirer de l’histoire de la Russie pour qu’ils se sentent concernés à la fois par la lecture et à la fois par le football. Certains trouvent ça ennuyeux, mais les deux peuvent aller ensemble. Quand tu ajoutes Harry Kane ou bien Cristiano Ronaldo, tu impliques directement les héros modernes des enfants.
On dit souvent que les jeunes générations, avec les nouvelles technologies, n’ont plus le goût de la lecture.Ce n’est pas vrai ! J’ai visité quelques écoles ces derniers temps et j’ai trouvé que les enfants étaient plus impliqués dans la lecture. Quand un jeune commence à grandir, vers 11-12 ans, il commence à lire de moins en moins. En revanche, les enfants en école primaire sont, eux, plus intéressés. Ils découvrent de nouvelles sensations avec la lecture. Un esprit critique, une imagination…
Depuis que je suis écrivain, je voulais découvrir une nouvelle manière d’écrire, mais pas forcément des bouquins. Je voulais quelque chose de plus immédiat, surtout quand il faut suivre une grosse compétition mondiale. J’ai essayé une première fois, à la Coupe du monde 2014 au Brésil. Finalement, j’ai trouvé un rythme qui me convenait pour avoir le temps de raconter un récit tout en incorporant du football dedans.
Qu’est-ce que tu penses de cette Coupe du monde ?Fantastique, car il y a énormément de spectacle. Des surprises, des buts, des retournements de situations. Attention, défensivement, ce n’est pas négatif, mais on voit que tout le monde est porté vers l’attaque. On découvre de nouveaux joueurs, comme Mbappé. Je ne l’avais jamais vu jouer et je le trouve extraordinaire. En dehors du terrain, l’atmosphère est vraiment dingue.
Et le parcours de l’Angleterre ?Je pense que cette équipe est de plus en plus excitante à regarder jouer. En revanche, c’est très compliqué de prévoir ce qu’il va se passer… Est-ce qu’ils vont arriver en finale ? Peut-être. Ils sont très jeunes, mais très talentueux. Je pense que le prochain Mondial peut être le nôtre. Cette Coupe du monde est tellement surprenante que même l’Angleterre peut aller au bout. La France est peut-être plus apte à la gagner cette année, mais on ne sait jamais… Tout est possible depuis que l’Espagne et l’Allemagne se sont fait sortir.
Quel est le plus principal message que tu essaies de faire passer ?Lire des histoires doit être un plaisir. Ça ne doit pas être quelque chose qu’on doit nous forcer à faire à l’école. Ça ouvre ton esprit, ça te donne envie de découvrir le reste du monde. Je pense que les professeurs devraient ouvrir leurs champs de lecture. Il faudrait articuler les cours avec la presse. Que ce soit le papier ou Internet. C’est vrai, les lectures classiques sont importantes, mais il faut moderniser un peu tout ça.
Est-ce que tu pourrais écrire un bouquin sur Leeds qui remporte la Premier League ?Je suis un expert en fiction, on pourrait se faire ça ! (Rires.)
Propos recueillis par Gad Messika