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Toletti-Calligaris : potes à coups de salade
Outre l’aspect sportif, cette double confrontation amicale entre la France et la Suisse est avant tout une histoire de cuisine. Celle de Sandie Toletti, pour les Bleues, et de Viola Calligaris, pour la Nati. Arrivées toutes les deux à Levante l’été dernier, les deux coéquipières ont rapidement tissé des liens à travers leur passion commune pour les fourneaux. Au menu : partage de recettes franco-suisses et potager.
Si Sandie Toletti pourrait faire du stade Saint-Symphorien son jardin ce soir, il y en a un autre qu’elle affectionne tout particulièrement. Une petite parcelle de terre cultivable, chatouillé par le soleil de Valence, qu’elle partage avec Viola Calligaris, sa coéquipière suisse à Levante. Les deux footballeuses du club espagnol, qui auraient pu se croiser sur la pelouse messine lors de la double confrontation amicale entre la France et la Nati, si la Suissesse n’était pas blessée au genou gauche, ont récemment décidé de mettre ensemble les mains dans la terre.
Une aventure naturelle pour ces deux amoureuses des fourneaux. « Je suis arrivée cet été à Levante, en même temps que Viola, et en discutant, on s’est rendu compte qu’on adorait toutes les deux cuisiner, se souvient la milieu de terrain, qui a retrouvé les Bleues, trois ans et demi après sa dernière cape. Très vite, on a commencé à s’approvisionner auprès d’un maraîcher, qui louait dans le même temps des parcelles pour cultiver des potagers. Et on s’est dit : pourquoi on ne planterait pas nous-mêmes nos légumes ? » Ni une ni deux, dès l’entraînement bouclé, les apprenties jardinières troquent leurs crampons pour un bleu de travail. La récolte porte rapidement ses fruits : choux-fleurs, épinards, salades, oignons, haricots… Tout pousse à merveille, dorloté par le climat méditerranéen du pays valencien, même en plein hiver. « C’est sûr qu’en Espagne, la météo joue en notre faveur. En Suisse, ça aurait été une autre histoire », sourit Viola Calligaris.
Qui de la baguette ou du pain suisse aura le dernier mot ?
Les deux complices s’amusent avec ce nouveau passe-temps, mais n’en oublient pas leur principale passion : cuisiner. Privées de restaurants en raison des mesures sanitaires, les Granotes s’activent aux fourneaux et décident même de créer une page Instagram pour partager leurs recettes. « Compartevida.vs » voit ainsi le jour avec son slogan : « Manger est un art, partager c’est vivre ». À l’image d’influenceuses culinaires, les deux cheffes mettent les petits plats dans les grands pour présenter à leurs abonnés leurs plus belles créations. Au menu : gyozas, granola maison, empanadillas, bagels au saumon…
Une cuisine aux saveurs cosmopolites, qui s’affaire aussi à traverser gustativement les Alpes. « Pour la Chandeleur, j’ai eu le droit à des crêpes en attendant la tarte tatin, glisse la milieu de terrain de la Nati aux 28 sélections. De mon côté, je lui ai concocté de la brioche suisse. » Et cette passerelle culinaire entre les deux pays trouve ses fondations dans un aliment bien connu des deux côtés de la frontière. « On aime trop faire notre propre pain parce qu’il y en a peu en Espagne », précise Toletti, qui a soulevé la Coupe du monde 2012 avec l’équipe de France U17. « Mais le meilleur, c’est quand même le pain suisse », insiste avec malice l’Helvète de 24 ans. Et le régime alimentaire dans l’histoire ? « On garde quand même la brioche pour le dimanche après le match », se déculpabilise la milieu tricolore. Une vraie amitié qui nous prouve que, oui, on peut se faire des potes à coups de salade.
Par Tara Britton
Tous propos recueillis par TB