- Ligue 1
- J36
- PSG-Bastia (5-0)
Toi filou Verratti
Noyé au milieu de la manita imprimée sur des joues bastiaises aussi rouges que leur lanterne, le deuxième but parisien inscrit par Marco Verratti au Parc des Princes samedi après-midi n'a pourtant rien d'anecdotique. Il illustre même à lui seul ce qu'est le football : un sport dans lequel le gentil ne gagne pas forcément à la fin. Et c'est tant mieux.
On joue la 35e minute, ce samedi après-midi, entre le Paris Saint-Germain et Bastia, lorsque Blaise Matuidi perce dans la surface corse. Bousculé par Abdelhamid El-Kaoutari, le gaucher s’écroule et réclame un penalty en restant au sol. François Letexier ne bronche pas et les Bastiais ratent leur relance en envoyant le ballon en touche. Au même moment, Jean-Louis Leca et Julian Draxler prennent des nouvelles de Matuidi, alors que les Parisiens jouent la touche. Marco Verratti hérite du ballon, et l’envoie dans la lucarne bastiaise. Les Corses sont fous de rage, leur gardien en tête. Le but est logiquement accordé, et Leca récolte un carton jaune pour contestation. Sans forcer, le PSG mène déjà 2-0.
Le méchant Verratti punit le gentil Leca
Ce dimanche, à tête reposée, si Jean-Louis Leca a le courage de revoir les images de la rencontre, c’est probablement contre lui-même qu’il sera le plus en colère. Sur cette action, l’arbitre ne commet aucune erreur : il a parfaitement le droit de juger que le jeu peut se poursuivre, et que Draxler ne fait pas action de jeu sur la frappe de Verratti. Ces deux faits de jeu sont laissés à son appréciation, comme le stipule le règlement de la FIFA. Marco Verratti et les Parisiens ont également le droit de continuer à jouer, l’arbitre n’ayant pas indiqué le contraire. En revanche, qu’est-ce que Jean-Louis Leca, l’expérimenté capitaine bastiais qui facture 116 matchs en pro du haut de ses 31 ans, fiche en dehors de ses buts alors que le ballon est en jeu dans ses 30 mètres ? Elle est là, la vraie folie. Alors oui, le geste part d’une bonne intention. Oui, l’attitude du gardien est humaine. Et a contrario, la décision de Marco Verratti de pilonner le but vide n’a rien de fair-play. L’Italien aurait pu mettre le ballon en touche volontairement, ou tout simplement temporiser. Oui, mais voilà : le football est un sport de vicelards, dans lequel ce n’est pas toujours le gentil qui gagne à la fin. Et en matière de roublardise, Marco Verratti en connaît un rayon. Et c’est souvent lui qui gagne à la fin.
Le football, ce blockbuster
Comme tout bon film, le football est depuis toujours fait de gentils et de méchants. Et c’est pour cela qu’il déchaîne les passions depuis sa création. Qui a envie de voir un film sans méchants ? De même que voir Simba gambader en chantant ses chansons mièvres dans la savane pendant 90 minutes sans l’intervention de l’horrible Scar plongerait tout le monde dans la déprime, ou qu’un Tony Montana sobre ne serait même pas diffusé un mardi soir en deuxième partie de soirée sur France 3, personne n’a envie d’un football uniquement fait de gentlemen bien propres sur eux, au fair-play irréprochable. Il en faut, évidemment, mais nous avons autant besoin de ces joueurs qu’on aime détester, de ces méchants capables de faire partir en vrille le scénario de n’importe quel match. On a besoin de ne pas aimer. Et les règles du football, sujettes à interprétation dans bien des cas – le fameux « de l’avis de l’arbitre » énoncé à l’envi dans les règles du jeu de la FIFA – vont dans ce sens. N’en déplaise à cette même FIFA, qui veut nous priver des filous en imposant l’arbitrage vidéo, il y aura toujours des Marco Verratti pour truander en respectant le règlement. Et souvent, ils gagneront à la fin. Et parfois, ils seront même corses.
Par Mathias Edwards