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Todibo, Locko, Boufal : La Ligue 1, ça cartonne
Après huit journées de Ligue 1, l'arbitrage français est plus que jamais au centre des débats. Au cours d'un week-end qui a vu Jean-Clair Todibo écoper du carton rouge le plus rapide de l'histoire récente du championnat de France, les interrogations autour de l'extrême rigidité des hommes au sifflet sont nombreuses.
C’est la fin d’un nouveau week-end pendant lequel les polémiques autour de l’arbitrage auront pris davantage de place que tout le reste en Ligue 1. Une constante depuis le début de saison, marqué par l’extrême rigidité des arbitres français, peut-être motivée par les consignes de la Direction technique, dont le silence assourdissant et le manque de communication n’aident personne, surtout dans une telle période de cacophonie. Ce dimanche avait commencé par l’expulsion sévère du Rémois Bradley Locko, coupable d’avoir touché la cheville de Breel Embolo alors qu’il cherchait à se dégager, et victime de la nouvelle intransigeance sur les semelles.
Il s’est poursuivi avec un record, celui du carton rouge le plus rapide de l’histoire du championnat depuis qu’Opta analyse la compétition, donné à Jean-Clair Todibo lors de Nice-Angers après seulement… 9 secondes de jeu. Une décision appartenant à l’arbitre, qui n’est d’ailleurs pas si scandaleuse si l’on considère que le défenseur niçois annihile une action de but en fauchant d’entrée Abdallah Sima, mais qui intervient aussi à un moment où le climat entre les différentes parties n’est pas apaisé. « C’est un choix arbitraire qui me choque et qui condamne mon équipe à commencer le match avec un gros désavantage, a réagi Todibo, dans un tweet supprimé depuis, après la rencontre perdue par les Aiglons. Les décisions des arbitres en ce début de saison sont très discutables, voire scandaleuses, et j’espère que la LFP fera quelque chose pour y remédier. » Plus que la Ligue ou les arbitres, ce sont surtout tous les acteurs qui doivent s’asseoir autour d’une table pour échanger, avancer et trouver les bonnes solutions pour ne pas nuire au spectacle du championnat.
34 cartons rouges en huit journées !
Dès la 3e journée record (11 expulsions, une première depuis 30 ans), la tendance des arbitres à dégainer les cartons, jaunes comme rouges, avait suscité quelques interrogations et inquiétudes. Près d’un mois et cinq journées plus tard, rien n’a changé, même si Olivier Dall’Oglio pronostiquait que « tout allait rentrer dans l’ordre ». Les comparaisons avec les voisins ont même fleuri ce week-end, mettant en lumière la grande sévérité de l’arbitrage français depuis la reprise. Après huit journées, 34 biscottes rouges ont ainsi été distribuées en Ligue 1 (43 en L2 !) contre 20 en Liga (6 journées), 15 en Serie A (7 journées), 12 en Bundesliga (6 journées) et 4 seulement en Premier League (7 journées, mais plusieurs matchs reportés en raison du décès de la reine Elizabeth II). Un excès de zèle ou une application de la règle à la lettre ? Les deux ne sont pas incompatibles. Le règlement est une chose, le terrain en est parfois une autre, et certains hommes en jaune semblent parfois l’oublier, peut-être volontairement si chaque écart, même léger, est sanctionné par ceux qui décident. Il est aussi question de la sensibilité au jeu, qui n’est inscrite dans aucune loi et qui doit appartenir à chacun.
« L’arbitre assistant n’a pas beaucoup joué au foot. Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas utilisé la VAR. À mon avis, ils nous font payer quelque chose. Mais je ne sais pas quoi. Je suis désolé pour mes joueurs, car l’arbitre a joué avec leur métier, s’est emporté Óscar García, le coach de Reims, après la défaite de son équipe face à Monaco. Ils (les arbitres) ont tous les pouvoirs, on ne peut rien faire. Ici, tu ne peux pas parler avec l’arbitre, sinon tu prends un carton. » Fin août, Stéphane Lannoy, directeur technique adjoint, expliquait à l’AFP qu’il était impossible de « se satisfaire qu’un match se termine avec deux blessés de chaque côté ou plus » pour mettre en avant la volonté de protection des joueurs. Mais la différence entre les matchs européens de la semaine et ceux de Ligue 1 du week-end est flagrante : le jeu est haché, souvent trop, au détriment d’un spectacle qui n’est pas toujours facilité par les limites techniques (et physiques en cette période démentielle) de certaines équipes. Cette trêve internationale doit maintenant être une aubaine pour tout le monde, une occasion de discuter autrement que par presse interposée et de confronter les points de vue de chacun dans un autre contexte qu’un match, où la nervosité peut prendre le dessus sur la raison. Rien ne mettra fin aux éternels débats, à la victimisation des entraîneurs et à la colère des supporters, surtout pas la VAR, outil ne pouvant pas prendre le dessus sur les humains qui sont derrière, mais il est important d’espérer que l’arbitrage ne soit plus le premier sujet déposé sur la table après un match dans les prochaines semaines.
Par Clément Gavard