ACTU MERCATO
Todibo, défenseur contrarié
La saison prochaine, c'est à Barcelone que Jean-Clair Todibo devrait commencer sa carrière de footballeur professionnel. Mais le jeune Toulousain, qui n'a pas signé son premier contrat pro dans son club actuel par désir de jouer dans l'entrejeu, saura-t-il se faire entendre chez les Blaugrana ?
Le communiqué du FC Barcelone est tombé ce mardi, en début d’après-midi : le club catalan et Jean-Clair Todibo ont « trouvé un accord » pour « l’arrivée au Barça la saison prochaine » du Toulousain de 19 ans. Où il signera donc son premier contrat professionnel. Dans l’air depuis quelque temps, l’affaire semble donc être réglée, même si Olivier Sadran fait mine de faire de la résistance, en déclarant à L’Équipe que malgré le communiqué du Barça, il « ne [connaît] personne qui peut dire ce qu’il va se passer dans six mois. La vie peut réserver des surprises, même les plus indélicates » . Mais dans cette histoire, la plus grande des surprises a déjà eu lieu : il s’agit bien de l’éclosion, absolument pas programmée pour sitôt, du joueur de 19 ans en Ligue 1. Qui plus est, à un poste qui n’est pas le sien.
Milieu ou rien
Les conditions de l’éclosion d’un jeune joueur au plus haut niveau sont aléatoires : en plus d’un talent ou de qualités physiques au-dessus de la moyenne, l’aspirant doit miser sur des défaillances majeures en équipe première, ou une pénurie de joueurs professionnels à son poste. Le genre de karma qui peut laisser un bon joueur sur le carreau, et pousser un laborieux ayant la chance d’évoluer au poste défaillant dans le grand bain de la première division. Et niveau karma, Jean-Clair est plutôt bien loti. Alors que le Téf’ est en galère de défenseurs centraux en début de saison – Issa Diop, parti à West Ham, ayant été remplacé par un Stéphane M’Bia en manque de rythme après six mois sans compétition –, Alain Casanova se voit contraint de piocher dans les équipes de jeunes. Et c’est donc sur Todibo qu’il pose son dévolu.
Titularisé en défense centrale dès la deuxième journée, face à Bordeaux (2-1), il ne quitte plus le 11 toulousain jusqu’au 3 novembre, exception faite d’une suspension purgée à la suite d’un carton rouge reçu à Guingamp. Soit 10 matchs de Ligue 1, tout pile. Ses performances sont en dents de scie, à l’image de celles de son équipe, mais le bilan est suffisant pour se voir proposer un premier contrat professionnel. Surtout que les observateurs étrangers s’entassent de plus en plus dans les tribunes du Stadium. Oui, mais voilà : Jean-Clair Todibo est milieu de terrain de formation, et il y tient. Si le coup du sort qui lui a permis de faire ses preuves en L1 à un poste qui n’est pas le sien est une bénédiction, c’est bien au cœur du jeu que celui qui a comme idole Andrea Pirlo compte faire carrière. Une garantie que le TFC ne peut lui fournir. Et qui va pousser le joueur, débarqué des Lilas (93) à l’été 2016, à refuser tout stylo tendu par la direction toulousaine. Dès lors, il est écarté du groupe professionnel.
Plutôt Nzonzi que Varane
Celui que la presse espagnole surnomme déjà pompeusement « le nouveau Varane » , serait plutôt « le nouveau Nzonzi » , comme nous l’explique ce scout désireux de rester anonyme. « Il a de grosses qualités physiques, qui lui permettent de couvrir de grands espaces grâce à ses grandes jambes » , détaille celui qui a observé le joueur alors qu’il évoluait dans l’entrejeu des U19 violets. « Il a parfois du mal à changer de rythme, mais il a une bonne vision de jeu, avec toujours la tête levée, et a les qualités pour jouer vers l’avant. Il peut tout à fait lancer un attaquant dans la profondeur, ce qui n’est pas l’apanage de tous les 6 de Ligue 1. » Et ça, il va bien falloir l’expliquer au staff du Barça. À moins qu’en Catalogne, les exigences de Jean-Clair Todibo soient moindres qu’en Occitanie.
Mathias Edwards