- Ligue 1
- J5
- PSG-Saint-Étienne (4-0)
Titis, les gros minets
Areola, Kimpembe, Rabiot, Nkunku, Diaby. Au coup de sifflet final de la rencontre entre Paris et Saint-Étienne, cinq titis parisiens étaient présents sur la pelouse du Parc des Princes. Et si l'espèce était autrefois indésirable au PSG, difficile désormais de cacher des gamins morts de faim... et encouragés en ce sens par Thomas Tuchel.
Ces derniers jours, Paris a bousculé ses symboles. Une histoire de blason et d’un grand dadais en baskets de sport, immortalisé en pleine extension, les jambes écartées et le bras gauche levé plus haut que le dernier étage de la tour Eiffel. Le PSG et Jordan qui officialisent leur partenariat ? Très bien. Outre l’effet d’annonce et le choc perceptible dès ce vendredi soir dans les boutiques accolées au Parc des Princes – bondées –, voilà un palier de plus franchi dans l’internationalisation de la « franchise » PSG. Paraît-il même que Larry Miller, PDG de Jordan Brand, était présent dans les travées du stade parisien. Probablement calé non loin de Jean-Vincent Placé, aisément reconnaissable à la chevelure brillante qu’il arborait sur son siège VIP.
Pendant que Paris effectuait son premier match depuis l’annonce, donc, soulignée à grands coups de vidéos sponsorisées par Jordan en avant-match, et de ventes de maillots au cœur même du Parc, le terrain, lui, offrait paradoxalement une tout autre perspective. Vendredi soir, Thomas Tuchel s’est amusé à se la jouer franchouillard. Pied de nez du destin ou clin d’œil d’un coach qui s’applique depuis le début de saison à faire jouer ses titis, le PSG a terminé sa rencontre avec cinq joueurs formés au club sur sa pelouse. Et ça, c’est nouveau.
Une empreinte perceptible dès le début de saison
Laissé au repos après « avoir joué quatre-vingt-dix minutes il y a trois jours » , dixit Tuchel, Neymar était en tribunes. Une image que l’on avait perdu l’habitude de voir à Paris sous l’ère Emery, et qui laissait son poste en début de match à Draxler sur l’aile gauche. Coup de domino : Lassana Diarra retrouvait sa place de sentinelle, Di María celle d’ailier droit (en permutation), et Bernat en arrière gauche. Bernat, tiens, peu convaincant pour sa première. Rarement dans le rythme, souvent dépassé par ses opposants, 71 ballons touchés en quatre-vingt-dix minutes et deux petits centres. En somme, pas beaucoup plus convaincant qu’un Stanley Nsoki.
Un gamin de 19 ans que Tuchel avait lancé dans le grand bain dès la première journée de Ligue 1, comme le symbole d’une victoire dans un dossier brûlant de l’été 2018, alors que l’espoir aurait pu signer à l’OM ou Newcastle et plonger Paris dans un nouveau casse-tête de fuite des talents. Au lieu de cela, le coach parisien semble avoir fait de l’exposition de ses jeunes pousses un objectif premier. Si bien qu’au cours d’un match où le scénario permettait les improvisations, voilà Diaby (ailier gauche de formation), remplaçant Lassana Diarra au milieu de terrain (46e) et Nkunku suppléant Verratti à vingt minutes du terme. Ajoutez Kimpembe, Areola et Rabiot – capitaine – au compte, tous trois titulaires, et voilà le PSG en plein tournoi de quartier.
Moussa Diaby, percutant
À raison, par ailleurs : Moussa Diaby, auteur d’une très bonne entrée, a quasiment délivré la passe décisive sur le but d’Ángel Di María, avant d’ouvrir son compteur personnel à la suite de cette déviation de Cavani dans la surface. Et à voir sa frappe de loin repoussée par Ruffier dans le temps additionnel, on se dit que le moule commence à prendre. C’est une constante chez Tuchel : rassurer. Offrir des occasions, « favoriser la prise de risque » en agissant sur la psyché du joueur, sur et en dehors du terrain.
Car après avoir brossé Rabiot dans le sens du poil et éteint cette semaine le débat concernant Buffon et Areola, le dossier du soir consistait à offrir à Kimpembe sa troisième titularisation consécutive. Résultat probant, le champion du monde a été impérial, encore une fois. C’est un paradoxe que Paris semble donc prêt à relever : celui d’un club lancé sur la voie d’une forme d’américanisation marketing, quand son effectif tendra à terme à prendre des couleurs parisiennes. Son président en rêvait bien lors de ses premières prises de parole publiques, il y a sept ans. Alors quoi ? Un slogan nouveau, pourquoi pas, puisque la mode est de s’amuser avec les symboles. « Ici, c’est Titi » … au moins pour la Ligue 1.
Par Théo Denmat, au Parc des Princes