- CAN 2017
- Tirage au sort
Tirage et grattage
Le tirage de la Coupe d'Afrique des nations, qui se déroulera au Gabon du 14 janvier au 5 février 2017, proposera son groupe de la mort, le groupe B, avec l'Algérie, la Tunisie et le Sénégal. Ainsi qu’un surprenant groupe de l’amour, le D, avec les deux ténors continentaux, l'Égypte et le Ghana, déjà adversaires en qualifs du Mondial 2018.
Années impaires et impaires…
Le choix au départ judicieux d’abandonner le calendrier des années paires pour les années impaires a semble-t-il débouché sur une mini-malédiction révélatrice des calamités en tous genres qui affligent le Continent noir. Pour sa première édition « impaire » en 2013, la Libye organisatrice avait été remplacée par l’Afrique du Sud, suite à la magistrale intervention « internationale » destructrice du pays de feu Kadhafi. En 2015, le virus Ébola avait fait renoncer le Maroc, remplacé par la Guinée équatoriale. En 2017, la compétition aurait dû se tenir en Libye, mais le pays s’est désisté en raison de sa situation politique interne suite à la magistrale intervention « internationale » destructrice du pays de feu Kadhafi. Alors place au Gabon… dont les troubles politiques actuels laissent toujours planer un doute sur le déroulement effectif au pays de la dynastie Bongo ! Dommage… Car cette 31e édition de la CAN marque également le 60e anniversaire de la compétition. Une compétition grevée par l’absence de nations qui comptent comme le Nigeria, l’Afrique du Sud, la Zambie (vainqueur en 2012), ou bien des sympathiques Requins bleus du Cap-Vert. Pour en finir avec les généralités, rappelons que le vainqueur du tournoi 2017 sera directement qualifié pour la prestigieuse Coupe des confédérations 2017 en Russie.
Le tirage effectué hier soir proposait quatre chapeaux plus ou moins représentatifs des forces africaines en présence. Le pot 1 alignait le pays organisateur, le Gabon, qui détonnait un peu face aux trois « cracks » que sont la Côte d’Ivoire, le Ghana et l’Algérie. Venaient ensuite les pot 2 (Tunisie, Mali, Burkina Faso, RD Congo), pot 3 (avec le redoutable Sénégal, le Cameroun, le Maroc et l’Égypte) et enfin le pot 4 (Togo, Ouganda, Zimbabwe, Guinée Bissau). Depuis la CAN 2012, et après le triplé historique de l’Égypte (2006-2008-2010), on a retenu que les hiérarchies habituelles du continent avaient pas mal été chahutées lors des compétitions proprement dites (2012, 2013 et 2015). Et que, par conséquence, le tirage de la CAN 2017, s’il présente des favoris « naturels » (Côte d’Ivoire, tenante du titre, Algérie, magnifique au Mondial 2014, le géant ghanéen, le puissant Sénégal, voire le revenant égyptien), devraient passer au révélateur de la réalité « sur le terrain » en janvier prochain…
Groupes B et D bien en vue…
Évidemment, la poule B avec Algérie, Zimbabwe, Sénégal et Tunisie constitue un challenge palpitant sur le papier. Toujours considérée un peu à tort comme « meilleure nation d’Afrique » après son dernier Mondial au Brésil, l’Algérie un peu surcotée (voire sa CAN 2015 décevante et surtout son nul 1-1 à domicile contre le Cameroun en qualifications de Mondial 2018) devra à nouveau assumer son statut de favori de la poule et du tournoi. Pas évident pour une formation qui se cherche un nouveau sélectionneur après le départ de Milovan Rajevac… Car le Sénégal, invaincu en compétition depuis de très longs mois, apparaît comme un sérieux outsider du tournoi. Avec Ndoye, Saivet et Mané, Les Lions de la Téranga d’Aliou Cissé peuvent y croire. Gare à la Tunisie coachée par Henryk Kasperczak qui a mis en place un collectif solide bien lancé dans sa campagne pour le Mondial (2-0 convaincant face à la Guinée). Le « petit » Zimbabwe devrait, lui, subir la loi des trois gros de ce groupe.
La poule D regroupant Ghana, Égypte, Ouganda et Mali rassemble déjà les trois premiers cités en poule éliminatoire du Mondial 2018 ! Cette poule D décline surtout le poids de l’histoire avec une Égypte détentrice du record (sept CAN) et le Ghana des frères Ayew, l’autre grand leader du continent (quatre CAN et régulièrement des perfs honorables à chaque Coupe du monde). Coachés par l’Argentin Héctor Cúper, les Pharaons emmenés par l’attaquant Mohamed Salah (AS Roma) et bien soudés autour du noyau dur du grand Al Ahly (six joueurs) tenteront d’effectuer un retour au premier plan international. Le Mali d’Alain Giresse, récemment battu en qualifs de Mondial en Côte d’Ivoire, mais sans démériter (3-1), fait figure d’outsider susceptible de s’intercaler entre Ghanéens et Égyptiens. Attention à l’Ouganda, auteur d’un 0-0 très remarqué au Ghana, en premier match de qualif…
Groupe C pas mal non plus !
Le groupe A, d’abord, assez ouvert avec Gabon, Guinée Bissau, Cameroun et Burkina Faso. Les Panthères du Gabon, emmenées par un super Pierre-Emerick Aubameyang et Mario Lemina, joueront le match d’ouverture de la compétition le 14 janvier à 17 heures face à la Guinée Bissau, dont ce sera la première participation à une CAN. De quoi partir d’un bon pied face à un Cameroun difficile à évaluer malgré un 1-1 remarqué à Blida face à l’Algérie, mais qui a alterné le bon et le très moyen. Il en va de même pour le Burkina Faso, guidé par Kaboré, Pitroipa et Alain Traoré. Il est vrai que les Burkinabés, vice-champions de la CAN 2013, sont rentrés depuis dans le rang.
Enfin, le groupe C offre un tableau relevé avec la Côte d’Ivoire, le Togo, le Maroc et la République démocratique du Congo. Candidats naturels à leur succession et impressionnants face au Mali en qualifs (3-1), lestés des individualités telles que Bailly, Gervinho, Bony, Serey Dié ou Gradel, les Éléphants devraient dominer une poule à leur portée. Le Maroc, coaché par un expert du foot africain, Hervé Renard, et qui aligne Dirar, Obbadi, Belhanda, Boufal ou Ziyech (Ajax Amsterdam), a récemment obtenu un bon 0-0 au Gabon en éliminatoires du Mondial. Et que dire de la redoutable RDC, entraîné par un rare entraîneur « local » , l’excellent Florent Ibengue ? La RD Congo est en passe de redevenir une place forte continentale (3e de la dernière édition et vainqueur du CHAN 2016 au Rwanda), au vu de son brillant club phare, le Tout Puissant Mazembe, et de son 4-0 face à la Libye qui l’a idéalement placé dans la course à la Russie. Le Togo, coaché par Claude Le Roy et qui ne figure pas en poules éliminatoires du Mondial 2018, aura du mal à exister. Du moins sur le papier. Mais à la CAN – on le répète – depuis 2012, les hiérarchies vacillent…
Par Chérif Ghemmour