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Tino Costa : « L’année de la montée à Montpellier a vraiment été incroyable »
Héros de la montée de Montpellier lors de la saison 2008-2009, l'élégant Tino Costa a posé cet été ses valises à l'Atlético Nacional en Colombie. À 34 ans, il va découvrir un sixième pays après avoir évolué en France, en Espagne, en Russie, en Italie et réalisé le rêve de son père en jouant pour San Lorenzo. Dans un français impeccable, Tino Costa revient sur son parcours, ses souvenirs et sur son arrivée du côté de Medellín.
Tu as signé cet été à l’Atlético Nacional en Colombie, qu’est-ce qui a motivé ton choix ?L’Atlético Naciónal est une grosse équipe, en Amérique latine. Je pense que c’est du niveau de Boca et River en Argentine, c’est le plus grand club colombien. Ils ont gagné la Copa Libertadores, en 2016. Les objectifs d’un club comme celui-là sont toujours les mêmes : être champion, gagner la Coupe de Colombie et jouer la Copa Libertadores l’an prochain.
On est bien classés en ce moment, et on peut donc toujours atteindre les objectifs. Malheureusement, l’équipe a été éliminée en Copa Sudamericana avant que j’arrive.
Comment t’ont-ils approché ? La Colombie est le sixième pays dans lequel j’évolue en première division. L’an dernier, j’étais à San Martín de Tucumán en Argentine. Et même si on n’a pas eu de bons résultats sportifs, j’ai fait une bonne saison sur le plan individuel. J’étais très content d’être au club, mais l’Atlético Nacional m’a remarqué et me suivait. Ils voulaient déjà que je vienne en décembre dernier, mais cela n’avait pas pu se faire à cause d’obligations contractuelles. San Martín de Tucumán m’a finalement laissé partir, cet été.
Ce n’était pas un peu dur de quitter l’Argentine, pour aller en Colombie ?Non, j’ai vécu la plupart de ma vie en Europe. Je suis parti à quinze ans de chez moi, et quand je suis revenu en Argentine, j’avais 32 ans.
Finalement, je suis peut-être plus européen qu’argentin. En Argentine, j’ai joué pendant un an à San Lorenzo. Après, je suis reparti en Espagne à Almería, puis je suis revenu à San Martín de Tucumán. Donc, je n’ai pas beaucoup vécu en Argentine. Quand on parle de la Colombie ou de Medellín, on pense à beaucoup de choses qu’on ne retrouve pas en vérité. Je me suis renseigné, avant de venir ici. Et j’ai vraiment trouvé une ville magnifique, organisée, propre, avec des gens super respectueux. Pablo Escobar, tout ce que l’on dit… On ne voit pas toutes ces choses-là. Et puis, j’ai aussi retrouvé un grand club. Donc prendre la décision de venir ici a été facile, finalement.
Justement, tu parlais de ton retour en Argentine à l’âge de 32 ans. C’était un passage obligé pour toi, de jouer là-bas ? Oui, j’avais joué partout sauf dans mon pays. L’Argentine, c’était clairement quelque chose que je voulais faire dans ma carrière. Je suis revenu à San Lorenzo, qui est le club de toute ma famille. Mon père est un fanatique du club, j’ai réalisé son rêve quand je suis revenu jouer ici. L’année d’après, je suis reparti en Espagne. Il y avait eu beaucoup de changements avec les entraîneurs, tout ça… Je suis allé jouer à Almería puis je suis ensuite revenu à San Martín, ce fut une expérience très intéressante. La grande différence en Argentine, c’est au niveau de la passion. De ce que les gens ressentent, par rapport à un match de football. En Europe, le spectacle et les stades sont magnifiques, mais il n’y a pas cette passion que l’on peut avoir en Argentine quand tu entres sur le terrain.
En France, tu as joué au RC Paris, à Pau, à Sète, à Montpellier… Tu suis encore tes anciens clubs ?Oui, je suis toujours mes clubs, et particulièrement Montpellier.
Montpellier a vraiment été ma deuxième maison, c’est un club qui m’a beaucoup marqué. On a fait une montée incroyable en Ligue 1, et on a ensuite réalisé une très bonne année en première division. Cela m’a permis de me faire connaître dans toute l’Europe, et j’ai été transféré à Valence contre une somme qui était très importante pour le club. Ma femme est montpelliéraine, donc je suis attaché au club, à la ville, et j’ai toujours les Montpelliérains dans le cœur. L’an dernier, ils ont fait une belle saison. La meilleure depuis leur titre de champion.
Tu as gardé contact avec d’anciens coéquipiers ?L’effectif a beaucoup changé depuis que j’y ai joué, je pense qu’il n’y a que Souleymane Camara qui est encore là-bas. Cela fait dix ans que je suis parti de Montpellier. Sinon, je garde contact avec des joueurs qui étaient là à la même époque que moi. Par exemple, j’ai été en contact récemment avec Victor Hugo Montaño qui est colombien. Sinon, je suis resté pas mal en contact avec Joris Marveaux. Les noms ne me reviennent pas tous, mais oui, je suis resté en contact.
Pendant ta carrière, tu as beaucoup bougé. Tu as joué en Espagne, en Russie, en Italie… Qu’est-ce que tu as retenu de tes expériences ? Était-ce nécessaire, pour toi, de découvrir plusieurs championnats ?On ne peut pas trop planifier une carrière de footballeur, ça dépend de tes prestations et de tes saisons. Une carrière, ça se construit année après année. Mais j’ai eu la chance de connaître tous ces pays, j’ai pu jouer dans des grands clubs : la Fiorentina, le Genoa, le Spartak (un des plus grands clubs russes), Valence, San Lorenzo et l’Atlético Nacional.
Je peux être fier de ma carrière, c’est sûr. J’ai aussi connu la sélection, en Argentine. Le parcours que j’ai eu m’a permis d’apprendre, non seulement au niveau du foot, mais aussi à côté. Au niveau des langues, par exemple. Ça m’a permis de parler deux, trois langues et je pense qu’il faut en profiter.
Tu retiens un moment en particulier, de ton passage en Europe ? Tous les clubs te laissent des moments forts et des souvenirs, mais l’année de la montée à Montpellier a vraiment été incroyable. Cela faisait cinq ou six ans que Montpellier n’avait plus connu la première division, et à six journées de la fin, nous étions loin de la montée. Nous avions un excellent entraîneur, Rolland Courbis. On a bien reçu son message, et nous étions motivés à un tel point que nous avons atteint notre objectif. Le dernier match contre Strasbourg, je marque un but et je fais une passe décisive. Je me rappelle tous les moments, des gens qui entrent sur le terrain à la fin du match… Dans une carrière de footballeur, tu ne peux pas oublier.
Comment as-tu vécu le France-Argentine en Coupe du monde, l’an passé ? J’ai regardé le match dans ma maison, en Argentine. Ma femme est française, mon fils aussi, donc on était un peu partagé.
Mais c’est sûr que la sélection argentine ne traverse pas sa meilleure période, en ce moment. Je pense que la France était supérieure à nous, au niveau collectif. Nous avons des grands joueurs, mais nous n’arrivons pas à trouver de la solidité et un bon jeu d’équipe.
Et concernant la finale de Libertadores entre River et Boca, qu’as-tu ressenti en voyant que la finale s’était jouée en Espagne ? En tant qu’Argentin, je ne devrais pas le dire. Mais que les grands clubs argentins n’arrivent pas à organiser un spectacle de ce niveau-là, c’est vraiment dommage. Avec ces grands clubs, l’importance de la compétition… Ça fait un peu honte, de devoir aller jouer la finale à Madrid. Mais c’est comme ça, il faut essayer de progresser à ce niveau-là et apprendre de nos erreurs.
Propos recueillis par Victor Launay