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Tin-Tin : « J’étais le tatoueur du tatoueur du Barça »

Propos recueillis par Maxime Brigand
6 minutes
Tin-Tin : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;étais le tatoueur du tatoueur du Barça<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Référence auprès des stars, Tin-Tin a initié il y a quelques années le Mondial du tatouage qui se tiendra à Paris, du 3 au 5 mars prochain à la Grande Halle de la Villette. L'occasion de parler foot entre gros bras, le Barça et Cantona.

Mi-février, l’Union de Philadelphie, une franchise de MLS, a posté une annonce pour recruter un responsable des tatouages. C’est un truc qui te surprend aujourd’hui ?Oui, quand même un peu ! Bon, aujourd’hui, plus rien ne me surprend en matière de tatouages. C’est un truc qui est tellement porteur, qui véhicule tellement de courants, qu’on peut parler d’un phénomène de société. Donc comme tout phénomène, il y a des dérives, plus ou moins heureuses… Je trouve ça un peu bizarre, car ça suppose que tous les joueurs de cette équipe veulent des tatouages, ce qui n’est pas supposé pour jouer au foot.

L’annonce parle d’une révolution.Sûrement, mais ce n’est pas seulement dans la culture du foot, des supporters ou des joueurs. Les handballeurs ont plein de tatouages aussi. On peut remarquer aussi que les nageurs ont plus de tatouages que les skieurs, enfin, on les voit plus (rires). Bon, c’est cool de la part du club, mais ça veut dire que tous les membres du club vont être tatoués par le même tatoueur. C’est comme si tous les joueurs d’une même équipe aimaient le même peintre, le même illustrateur, le même auteur, le même dessinateur, le même cinéaste… C’est l’unicité de l’art d’un seul tatoueur que je trouve un peu bizarre dans cette démarche. Aujourd’hui, un tatoueur est un artiste.

Toi, tu te considères comme un artiste ?Ce n’est pas à moi de me considérer comme un artiste. J’aimerais simplement qu’on me considère comme un artiste, mais j’aimerais, aussi, que les tatoueurs que je considère comme des artistes soient considérés comme tels. L’histoire dira si j’en suis un. On ne peut pas juger soi-même si on est un artiste. En revanche, je pense que les tatoueurs de ma génération sont des artistes, comme ceux qui sont là, avec moi. Je suis là pour les faire chier, leur prendre le maximum de pognons possible (rires), mais ils sont talentueux. J’espère être là comme un guide en quelque sorte. C’est un art, comme une toile, où le seul truc qu’on peut nous reprocher, c’est de le faire sur la peau des gens.

Tu considères le foot comme un art ?C’est un vaste sujet autour d’une question : qu’est-ce qui est un art et qu’est-ce qui n’en est pas un ? J’ai vu des maçons redresser un mur et, pour moi, c’était de l’art. L’art doit être créatif. Donc, quand tu vois jouer certains footballeurs, tu peux l’assimiler à de l’art.

Dans ton salon, tu as un maillot du Barça et un du PSG. Ce huitième de finale aller de C1, c’était de l’art ? C’était génial !

Une équipe, c’est comme un tatoueur, des fois, c’est pourri.

J’ai un rapport particulier avec les deux équipes. J’ai bossé pour le PSG, je leur ai fait un T-shirt, je suis assez souvent invité au Parc. Et mon maillot du Barça date de l’époque Guardiola. Là, c’était magique, presque invincible. J’étais le tatoueur du tatoueur du Barça, donc il a réussi à m’avoir un maillot de l’équipe signé par tout le monde. Eux, ils sont bons. Une équipe, c’est comme un tatoueur, des fois, c’est pourri.

Aujourd’hui, pas mal de footballeurs se font des étoiles, des petits symboles… C’est du tatouage pour toi ?Oui, en tout état de cause. Après, si ça représente un truc qui me plaît, c’est une autre histoire… Il y a plein de très jolis tatouages que je ne me ferai pas. Ce qui est dommage, c’est que les footeux qu’on voit à la télé ont, en général, le compte en banque qui va avec, donc tu pourrais te payer le tatoueur que tu veux. Et, étrangement, tu vois souvent des tatouages pas terribles. Beckham, lui, c’est beau parce qu’il a aussi été voir les bons.

Tu aurais aimé le tatouer ?

Je n’ai pas tatoué beaucoup de footeux, je me rappelle avoir fait Trémoulinas par exemple. Mais surtout Cantona.

Oui, j’aime bien tatouer tout le monde à partir du moment où t’es sympa. Je n’ai pas tatoué beaucoup de footeux, je me rappelle avoir fait Trémoulinas par exemple. Mais surtout Cantona. C’était pour la couverture de Première, un faux tatouage, un maori, pour reprendre l’âme des guerriers. Son frère, je l’ai tatoué aussi. Cantona, le rencontrer, ça fait forcément un truc.

Ton rapport au foot remonte à quand ?Je n’y ai jamais joué et, si je suis pas forcément un gros amateur, je me laisse aller sur un match où ça joue bien. Un match du PSG, un match du Barça… Après, comme tous les gamins… Moi, j’ai 51 ans, donc j’ai connu les Verts, Dominique Bathenay, Gérard Janvion… Je te cite les obscurs !

Le stade, ça te parle ?Oui, j’y vais de temps en temps, au Parc surtout. Je suis souvent dans la loge, donc t’es pas vraiment dans le Parc. C’est un plaisir quand même, tu les vois d’une autre manière. Quand je suis pas dans le lounge, j’aime bien aussi hein.

Pas mal de supporters se font tatouer le logo de leur club sur le visage ou sur le corps. Tu comprends cette démarche ?Le visage, c’est le jusqu’au-boutisme ! C’est intéressant dans certaines cultures, mais bon. Pour un supporter, je comprends, c’est une démarche normale. Un tatouage, c’est ce qui te correspond, un côté de ta passion. Tu affiches dans ta peau ce qui te ressemble, ce qui te fait vibrer. C’est un truc qui a toujours existé. Ce qui a changé, c’est la proportion : il y avait déjà des flics tatoués, il y en a plus, il y avait déjà des voyous tatoués, il y en a plus aussi. Il y a toujours eu des rois, des reines, des chefs d’État avec des tatouages.

Ton style, tu le définirais comment ?Chaque tatoueur a son style. On ne se fait pas tatouer par n’importe qui. Moi, je fais du chaponoise, un mélange entre le japonais authentique et ce que j’en fais (rires) et du réalisme, du portrait. Le tatouage, ça vient de la rue, c’est là-dedans que ça s’attrape. J’ai appris aussi comme ça. Tu vois les tatoueurs, tu as envie de leur piquer leur machine et de faire mieux qu’eux.

Tu penses y être arrivé ?L’histoire jugera. Ce qui est vrai, c’est que si je commençais le tatouage aujourd’hui, je serai complètement anonyme au milieu de la masse. Il y a vingt ans, on se connaissait tous. Désormais, il y en a des milliers. C’est pour ça aussi qu’on a voulu faire le Mondial, pour un mélange des styles et des cultures.

Les infos du Mondial du tatouage.

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