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Tim Keech : « Pour les Américains, les clubs français sont sous-évalués »

Propos recueillis par Gaétan Mathieu
6 minutes
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OL, Red Star, Valenciennes, Nancy, Saint-Étienne. On ne compte plus les clubs français qui viennent de rejoindre un modèle de multi-clubs ou devraient le faire via des nouveaux investisseurs, souvent américains, déjà impliqués dans des clubs étrangers et notamment anglais. Phénomène inquiétant ou aubaine financière pour le football français ? Explications avec Tim Keech, cofondateur de MRKT Insights, une société de conseil dans le football qui a participé au rachat par des investisseurs américains de clubs européens.

Pourquoi le système de multi-clubs est-il devenu si populaire ces dernières années ?Il est avant tout lié au fait que les clubs anglais qui n’ont pas les ressources du Big 6 sont dans une impasse. Leurs meilleurs jeunes partent très tôt pour Manchester City, Chelsea ou Liverpool, sont ensuite prêtés et ne vont pour la plupart jamais jouer en pro dans ces grands clubs. Des West Ham ou Everton doivent ensuite racheter ces joueurs, leurs joueurs, au prix fort, à 15-20 millions d’euros. Alors que s’ils avaient un club partenaire en France ou au Portugal, ils pourraient y prêter leurs jeunes, avec une promesse de leur donner du temps de jeu dans un championnat étranger et ainsi les conserver. Avoir un club satellite, c’est une manière de se créer une réserve de joueurs. Le Brexit a aussi accéléré l’intérêt pour ce modèle, car avec le nouveau permis de travail à points, il est très difficile pour les clubs anglais, notamment en Championship, de faire signer un joueur européen de plus de 21 ans. Le système de multi-clubs est la parade idéale à cela. Vous pouvez faire signer un joueur dans un club partenaire de l’Union européenne, le temps qu’il gagne en expérience, donc en points, avant de le signer en Angleterre sans trop dépenser et sans craindre que son permis de travail soit refusé.

Avec un bon actionnaire, vous pouvez faire de Saint-Étienne un club qui joue régulièrement la Ligue des champions, là où en Angleterre, ce n’est possible qu’en achetant très cher des clubs qui jouent déjà les places européennes.

Les clubs français sont-ils donc amenés à devenir des clubs satellites de la Premier League et du Championship ?Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a de nombreuses discussions en ce sens et qu’actuellement tous les clubs anglais regardent ce modèle et s’intéressent à la France, au Portugal et à la Belgique. Ce système de multi-clubs existe déjà un petit peu en France : Metz avec Seraing en Belgique et avec l’académie Génération Foot, Marseille avec Diambars au Sénégal. Sauf qu’avec les nouveaux modèles qui se mettent en place, les clubs français ne seront plus forcément ceux en haut de l’échelle. Cependant, toutes les stratégies de multi-clubs ne sont pas les mêmes. Il y a celle du City Group avec un club dominant et des clubs satellites, celle de Red Bull, avec des clubs qui partagent toutes leurs informations de scouting, s’échangent joueurs et staffs, et ont les mêmes méthodes d’entraînement et le même style de jeu. Et puis vous avez un modèle qui ressemble plus à celui de John Textor. Lui investit dans des clubs stables avec un bon modèle économique, comme à Lyon, sans être forcément majoritaire, car il est d’avis que le football est une industrie sous-évaluée et que les clubs peuvent gagner en valeur.

Pourquoi la France attire tant les investisseurs, notamment américains, qui essaient de construire un système de multi-clubs ?D’abord car le coût d’achat des clubs est assez faible, environ 15-20 millions d’euros pour un club de Ligue 2. Et avec un bon actionnaire, vous pouvez faire de Saint-Étienne un club qui joue régulièrement la Ligue des champions, là où en Angleterre, ce n’est possible qu’en achetant très cher des clubs qui jouent déjà les places européennes. Ensuite parce que la France a une incroyable réserve de talents et un système de formation performant. Regardez Toulouse, dans lequel Red Bird a investi. En deux ans, ils ont presque remboursé le coût d’achat du club par la vente de joueurs. En France, les internationaux U16, U17 ou U19 sont répartis sur tous les clubs de Ligue 1 et Ligue 2, là où en Angleterre, ils appartiennent presque tous à cinq ou six clubs. La France a aussi une connexion unique avec les jeunes talents africains, tout comme le Portugal avec l’Amérique du Sud. Enfin, les Américains regardent les clubs français et se disent qu’ils sont sous-évalués et qu’ils pourraient facilement réaliser bien plus de profits.

Les Américains estiment que le football européen n’engendre pas assez de profits en rapport à son exposition médiatique. Il n’y a aucune autre industrie où l’on peut avoir 20 pages sur son entreprise tous les jours dans les journaux locaux.

Qu’est-ce qui laisse penser aux investisseurs américains qu’il y a de l’argent à se faire dans le football français ?De manière générale, ils estiment que le football européen n’engendre pas assez de profits en rapport à son exposition médiatique. Il n’y a aucune autre industrie où l’on peut avoir vingt pages sur son entreprise tous les jours dans les journaux locaux. Que ce soit le marketing, les partenariats, le naming et l’utilisation des stades, les ventes de maillot, le branding du club, tout pourrait être bien mieux exploité financièrement selon eux. Et une fois que plusieurs clubs sont rachetés et développés, ce sont les droits TV qui pourront augmenter. Tout ça en ayant des fans, qui sont aussi des clients, dont on est sûr qu’ils resteront fidèles de 7 à 77 ans.

La recrudescence de violence dans les stades, de menaces envers les dirigeants pourrait-elle refroidir certains investisseurs américains ?On pourrait le croire, mais les investisseurs se disent qu’en respectant la culture du club et en étant intelligent dans leur approche des supporters, ils minimisent ce risque. Surtout, du point de vue un peu cynique de l’investisseur, voir une telle passion, un affect même pour le club, ça fait de ces fans des clients très loyaux et c’est donc quelque chose qui peut être positif d’un point de vue économique si on ne se les met pas à dos.

Comment expliquer les rumeurs persistantes de vente pour certains clubs, Saint-Étienne, Nantes, Marseille sans qu’il n’y ait de vente finalement ?Il faut savoir que tous les clubs du monde ont un dossier d’investissement de dix pages qui explique pourquoi il faut racheter ce club et quel en serait le coût. Et beaucoup d’intermédiaires s’en servent pour trouver un acheteur en espérant prendre 5% de commission si la vente se fait, alors qu’ils n’ont aucun mandat. Je sais que pour Saint-Étienne, il y a eu au moins vingt propositions de vente par le biais d’intermédiaires qui promettaient au potentiel acheteur qu’ils étaient sur le point d’avoir un mandat. Sauf que les repreneurs ne proposaient peut-être que 50% de la valeur du club et les dirigeants actuels n’étaient même pas au courant que quelqu’un était en train d’essayer de vendre leur club dans leur dos.

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