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Tim Croule
Depuis qu'il a débarqué à l'AZ, Tim Krul n'est plus que l'ombre du gardien qui faisait les beaux jours de Newcastle United il y a encore quelques années. La faute à des blessures ou à un manque de confiance. À moins qu'il ne soit rentré dans les rangs d'un football néerlandais en perdition.
Dans la nuit du 3 mars, à l’heure où beaucoup dorment à poings fermés, Tim Krul célèbre sur son compte Twitter : « Quelle soirée ! C’est tout ce qui compte. Direction la finale. » En dessous du message, une photo de lui tout sourire, entouré de supporters en liesse. Le portier néerlandais vient de qualifier l’AZ, dont il garde les cages depuis un mois, pour la finale de la KNVB Beker, la coupe nationale batave, en arrêtant le dernier tir au but de Martijn Barto, attaquant du SC Cambuur. Des faits qui rappellent ceux intervenus en juillet 2014, lorsque Tim Krul envoyait les Pays-Bas en demi-finales de Coupe du monde après que Louis van Gaal l’avait sorti de sa manche contre le Costa Rica. Mais la comparaison s’arrête là : lors du Mondial brésilien, le gardien de Newcastle fait banquette. Trois ans plus tard, arrivé en prêt à l’AZ pour pallier l’instabilité de Sergio Rochet, Krul est dans la peau d’un titulaire. Ce dernier avait d’ailleurs écourté sa visite médicale à Watford, sauté dans un Easyjet direction Schiphol parce que John van den Brom lui offrait des garanties. Malheureusement, il ne fait pas beaucoup mieux que son homologue uruguayen. En un gros mois d’Eredivisie, le gardien aux huit sélections oranje a dû aller chercher treize fois la balle dans ses filets en six matchs, avec deux lourds scores concédés face au PSV (2-4) et Feyenoord (5-2). Soit un gros tiers des buts encaissés par l’AZ depuis le début de saison, auquel il faut également ajouter les onze pions enfilés par l’Olympique lyonnais face aux Kaaskoppen en seizièmes de Ligue Europa. Alors, simple méforme ou niveau réel du gardien de vingt-huit ans ?
What a night! This is what it’s all about. On to the final🏆⚽️🙌🏻 #knvbbeker @AZAlkmaar pic.twitter.com/kMbeCIPxe6
— Tim Krul (@TimKrul) 2 mars 2017
Blessé pendant quinze mois
Il faut reconnaître que lorsqu’il rechausse les crampons en prêt à l’AZ en février dernier, cela fait quinze mois qu’il n’a pas joué un match. En octobre 2015, Tim Krul se fait les croisés à la 81e minute du match entre le Kazakhstan et les Pays-Bas. Les plusieurs mois de rééducation qui suivent l’amèneront à connaître une saison blanche en Premier League avec Nescastle United. Coïncidence ou non, c’est lors de la saison 2015/2016 que les Toons finissent par tamponner leur billet pour le Championship. Parce qu’il souhaite voir son gardien le plus expérimenté – 185 matchs avec Newcastle – revenir en forme lors d’une possible remontée en élite anglaise, Rafa Benítez décide de le renvoyer au bercail, direction l’Ajax. En six mois de prêt, le portier batave n’aura jamais joué dans l’équipe coachée par Peter Bosz, devant se contenter de bouts de match les lundis soir avec Jong Ajax en Eerste Divisie. Une absence qui tient plus de la confiance affichée par Bosz au rookie camerounais de vingt ans, André Onana – malgré des débuts balbutiants – qui le lui rendra bien en refusant de se rendre à la CAN 2017 avec les Lions indomptables pour ne pas perdre sa place de titulaire à l’Ajax. Pas de place à Amsterdam, Krul prend le train de région pendant trente kilomètres et pose donc ses valises à l’AZ. Comme Ron Vlaar l’avait fait un an plus tôt, incapable de soutenir les exigences de la Premier League.
En surrégime à Newcastle ?
Vlaar, Krul, mais aussi Elia, Berghuis, Van Wolfswinkel ou encore Siem de Jong sont autant d’exemples d’un football néerlandais qui régresse au point de revenir en Eredivisie, seul championnat dans lequel ils sont capables d’évoluer pour relancer la machine. Pour Tim Krul, le cas est encore plus éloquent : parti à dix-sept ans de l’ADO Den Haag vers Newcastle United, le gardien néerlandais n’avait techniquement jamais évolué dans le championnat néerlandais, uniquement en Premier League et lorsqu’il arrive à Alkmaar, même sur une jambe, on attend de lui qu’il fasse mieux que Sergio Rochet. Or, il fait clairement moins bien (27 buts encaissés en vingt matchs d’Eredivisie, dix en huit matchs de Ligue Europa pour l’Uruguayen de vingt-trois ans) et le club d’Alkmaar tombe de deux places au classement. Pourtant, Tim Krul a bien connu un niveau décent. Lors de la saison 2011/2012, le natif de La Haye avait gardé sa cage inviolée quinze fois en trente-sept matchs de championnat anglais, permettant au club de gratter la cinquième place de Premier League et recevant le titre de Joueur de l’année décerné par le fanzine Toon Talk. Un an plus tard, la FA l’avait élu Joueur du mois de novembre 2013, notamment grâce à sa performance lors de la victoire face à Chelsea 2-0. Mais les parades fermes sur la ligne de St James’ Park ont laissé place aux cagades à répétition, les dernières en date face au Feyenoord. D’une certaine manière, Krul était le symbole d’un Newcastle United en surrégime qui finit par chuter avec le départ de son principal artisan, Alan Pardew. Révélé sur les bords du Tyne à vingt-trois ans, cramé à 26. Il fut aussi, alors qu’il ne joua que quelques minutes, le symbole du surrégime néerlandais lors de la Coupe du monde 2014. Une équipe imprévisible, capable de tout, une étincelle. Avant l’inexorable chute.
Par Matthieu Rostac, à Amsterdam