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Tiers : « Nako, c’est un petit Dybala »
En parallèle de sa carrière de rappeur, Tiers - anciennement Tiers Monde - s'est lancé dans le shōnen en compagnie du dessinateur Maxime Masgrau : ça a donné Nako, dont le tome 3 paraît ce jeudi. Entre deux séances studio, interview foot-manga en compagnie de ce Havrais supporter de l'OL, qui a déjà tapé la discute avec Yoichi Takahashi, mais ne jure pas que par Olive et Tom.
C’est la télé qui t’a amené au manga, et tu es un fan de foot. Tu saignais Olive et Tom quand tu étais gosse ? À fond ! J’ai commencé quand c’était encore sur La Cinq. C’est un des premiers mangas, avec Dragon Ball Z, qui a provoqué chez moi cet amour pour cette culture. Ensuite, j’ai commencé à en lire quand le Club Dorothée s’est arrêté.
Tu as aussi raconté que Mark Landers était ton héros, à l’époque. Ce qui me plaisait, c’était son caractère, sa détermination. Au début, tu te dis que c’est juste un mauvais type, et finalement, c’est plus profond que ça, tu te rends compte que très jeune, ça a été un chef de famille. Il a un background qui est bien écrit. C’est pour ça qu’on le prenait comme modèle : dans l’adversité, il est resté déterminé et il bosse.
Ta rencontre avec Naoki Urasawa a été un déclic. Est-ce que Yoichi Takahashi – à qui l’on doit Captain Tsubasa – est aussi une inspiration ? Oui, et pour raconter une anecdote dont je n’ai pas vraiment parlé jusqu’ici, le jour où j’ai rencontré Naoki Urasawa, j’ai aussi rencontré Takahashi. J’étais dans son atelier, je voyais des grosse planches d’Olive et Tom avec notamment le personnage inspiré par Lilian Thuram (Thoram, N.D.L.R), c’était ce personnage qu’il était en train de bosser à ce moment-là.
Elle ressemblait à quoi, ta discussion avec lui ?C’était très rapide, formel. On lui a parlé des terrains d’un kilomètre, on lui a respectueusement dit qu’il nous avait inspirés, qu’on regardait ça gamin et que c’était quelque chose d’important dans notre jeunesse, de l’autre côté de la planète.
Vous avez un peu pioché chez Olive et Tom pour votre propre manga ? Pas spécialement, mais j’y réfléchis. Dans l’univers de Nako, j’aimerais intégrer un sport, une discipline sportive dans le livre. Je suis un gros mordu de foot, donc ce serait soit mettre du foot purement et simplement, soit « inventer » un sport.
Tu as revu des épisodes depuis le retour de la série à la télé ? Je suis vite fait, mais ce sont plus mes enfants qui regardent cela. Ça fait bizarre, tu vois tes enfants qui kiffent les choses que toi tu kiffais car elles sont remises au goût du jour. C’est transgénérationnel.
Tu connais d’autres mangas de foot ?Il y a d’autres excellents mangas de foot, comme Days ou encore Giant Killing, qui raconte l’histoire d’un coach qui se fait connaître en Angleterre grâce à la FA Cup et qui retourne au Japon entraîner une des deux équipes de Tokyo. C’est beaucoup plus réaliste qu’Olive et Tom, il n’y a pas de frappes qui brisent les murs, mais l’histoire est sympa.
C’est dur d’exister à côté de l’ogre Olive et Tom. Olive et Tom a bénéficié d’une certaine exposition, notamment avec le Club Dorothée dans notre jeunesse, tous les gamins étaient devant, et tu avais la chance d’avoir des mangas. Aujourd’hui, il n’y a plus ce catalyseur-là, il existe des plateformes VOD comme ADN ou Crunchyroll, mais les gamins n’y ont pas forcément accès.
Le foot est un univers qui se prête bien au manga ?Il y a différents styles de manga de foot, ils excellent chacun dans leurs domaines et leurs tons. Giant Killing, c’est plus l’aspect entraîneur, Days le côté réaliste du terrain et Olive et Tom le côté shōnen avec des trucs irréalistes.
Et si ton personnage Nako était un footeux, ce serait qui ?Je pense que ce serait un petit Dybala. Le côté juvénile, le côté frimousse, et qui est très fort. On peut faire semblant de ne pas aimer les joueurs qui ne sont pas dans les clubs que l’on supporte, mais en vérité, ce genre de joueurs, c’est un régal.
Est-ce que ton amour pour la culture japonaise fait de toi un supporter des Nippons lors des Coupes du monde ?Pas du tout, ils étaient dans le groupe du Sénégal en plus ! Mais c’est un pays qui jouit d’une petite cote de sympathie pour les gens grâce à ça, c’est sûr.
Tu as sorti ton nouvel EP Mamadou au moment où la rumeur Mamadou Sakho à l’OL a pris de l’ampleur. C’était une annonce, tu espérais qu’il signe ? (Rires.) Je ne connais pas son niveau actuel, mais ça aurait été avec plaisir parce que l’OL en ce moment, ce n’est pas trop ça, tous les renforts sont les bienvenus.
Il y a quatre ans, tu faisais des références à Nabil Fekir ou Eden Hazard dans tes textes, aujourd’hui c’est plutôt Kylian Mbappé et Antoine Griezmann. Tu as écrit ce projet avec le souvenir du Mondial ? Ce sont des joueurs que j’apprécie. Griezmann, on a participé à sa bande dessinée (Goal !), on a fait une page à l’intérieur. C’est à ce moment-là que j’écrivais ce morceau ( « Rappeur blanc » ).
On t’avait eu en interview pour Sofoot.com en 2015. Cinq ans après, on attend toujours la remontée du HAC. Ça n’est pas trop long ? C’est ultra long. Je suis plus un sympathisant du HAC qu’un vrai supporter, mais j’ai plein de « vrais » supporters autour de moi et on en parlait ce week-end : on ne peut pas faire pendant des années la même chose et espérer un résultat différent. Tant que la politique du club ne change pas dans le fond, je n’y crois pas. Le HAC fait du trading sur du très court terme, alors qu’il a la capacité de faire du trading à l’étage supérieur. Tout le monde serait content, et moi je serais heureux de voir Lyon venir jouer au Havre.
Propos recueillis par Jérémie Baron
Nako - Tome 3, par Tiers et Maxime Masgrau, sortie ce 8 octobre aux Éditions Michel Lafon