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Tiens, revoilà Marco Simone
Après des expériences mitigées à Monaco et à Lausanne, Marco Simone vient de prendre les rênes du Tours Football Club. Avec un objectif : relancer une équipe maintenue de justesse en Ligue 2 la saison dernière. L'Italien se sait attendu dans un club qui rêve secrètement de montée.
« Avec deux Italiens comme entraîneur et entraîneur-adjoint, on va déjà gagner 1 000 spectatrices de plus par match ! » Ce 25 juin 2015, Jean-Marc Ettori est pour le moins détendu. Le président du Tours FC enchaîne les punchlines en conférence de presse devant une assistance surtout captivée par celui qui l’accompagne. Les micros et appareils photos sont de sortie. Il faut dire que l’homme intrigue et que ses premiers mots sont attendus. L’objet de toutes ces attentions ? Marco Simone, fraîchement intronisé nouvel entraîneur du Tours Football Club. L’Italien de 46 ans n’a pas changé. Même barbe grisonnante, même voix posée. Même dose de gel dans les cheveux aussi. Simone est donc de retour en France, et dans un championnat qu’il avait déjà connu entre septembre 2011 et mai 2012, alors sur le banc de l’AS Monaco. L’occasion pour lui de (re)lancer enfin sa carrière d’entraîneur, débutée il y a un peu moins de quatre ans maintenant ?
Dix matchs sans victoire
Nous sommes le 12 septembre 2011 et Marco Simone est nommé à la tête de l’AS Monaco. Il faut le dire, un peu à la surprise générale. Certes, la situation de Monaco est alors particulièrement inquiétante. Après 34 saisons dans l’élite, le club n’a pas vraiment la tête à la Ligue 2. Et ça se ressent. Après six journées et toujours aucune victoire au compteur, Ludo Giuly et sa bande pointent à une bien triste 18e place. Les dirigeants monégasques décident de changer de méthode. Exit Laurent Banide, place à Marco Simone et Jean Petit, jusqu’alors conseiller technique. Huitième entraîneur de l’ASM depuis 2005 et le départ de Deschamps, Simone a la pression. Celle de l’ancien joueur appelé au chevet de son équipe de cœur. Celle du débutant qui fait face à un sacré défi pour une première sur un banc. Celle de l’entraîneur contraint de composer avec un groupe profondément remodelé au mercato estival, et amputé notamment de Stéphane Ruffier, Nicolas Nkoulou ou encore de Chu-Young Park, pas franchement séduits par la perspective d’évoluer en Ligue 2.
Simone lâche donc son costume d’agent et de consultant chez Canal + pour celui d’entraîneur. Mais le quadruple champion d’Italie avec le Milan signe des débuts compliqués. Pas si simple de passer de la théorie à la pratique. Après un nul accroché à Bastia et une victoire face à Arles-Avignon sur un but de Rabiu Afolabi, Monaco enchaîne avec dix matchs sans victoire. Jolie façon de finir l’année en beauté. Et puis, les rumeurs de l’arrivée d’un nouvel actionnaire commencent à devenir de plus en plus insistantes. Jusqu’à l’officialisation fin décembre. Le Russe Dmitry Rybolovlev devient le nouvel actionnaire majoritaire du club. Hasard, ou pas, son arrivée coïncide avec le retour en forme de Monaco. Une nouvelle dynamique portée notamment par les premières recrues de l’ère Rybolovlev (Danijel Subašić, Nabil Dirar et Ibrahima Touré en tête), mais pas seulement.
L’envol monégasque, le crash suisse
La sauce Simone prend enfin, et même plutôt bien. Avec sept succès pour deux petits nuls entre la 25e et la 33e journée, Monaco sort largement la tête de l’eau et certains supporters se prennent même à rêver d’une remontée fantastique. C’eût été trop beau. L’ASM craque à Clermont, puis à Reims et contre Troyes, et termine finalement la saison au huitième rang. Mais Simone peut respirer, sa mission sauvetage est clairement une réussite. Et ses débuts sur un banc plus que prometteurs. En quelques mois, l’Italien a réussi à faire taire pas mal de critiques, à bricoler une équipe compétitive et à faire renaître les espoirs d’une remontée en Ligue 1 imminente. Mais l’ancien buteur de l’ASM et du PSG est finalement remercié par un Rybolovlev désireux d’imposer ses choix. Un coup d’arrêt pour Simone. L’Italien retrouve Canal + pour quelques semaines, avant de s’engager avec Lausanne, comme directeur technique. Pas forcément la destination la plus sexy alors que le club pointe à la dernière position de la première division suisse, avec seulement quatre points glanés en quatorze matchs. Difficile de faire des miracles dans ces conditions. Et sa mission maintien est cette fois un échec, ce qui n’empêche pas les dirigeants du club de le rappeler quelques semaines plus tard. Lausanne se traîne à douze unités de la tête du championnat et voit en Simone l’homme de la situation.
Engagé comme coach, Simone va se planter. Quatre succès, deux nuls et sept défaites. Un bilan famélique pour un candidat auto-déclaré à la montée. Le club décide de se séparer de lui. Sans club, Simone aurait peut-être pu retrouver le plateau du CFC à la rentrée. Certaines rumeurs l’envoyaient également récemment du côté de Rennes, où le président Ruello lui aurait proposé d’être l’adjoint de Montanier. Mais l’opportunité de rebondir à Tours s’est présentée et le natif de Castellanza n’a visiblement pas hésité. « On a fait un grand tour des installations du club, avec le président Jean-Marc Ettori, et on a pu mesurer avec le staff le potentiel de développement qu’il y avait ici » , a-t-il sobrement expliqué lors de sa présentation. À Tours, Simone sait qu’il a les clés pour relancer sa jeune carrière d’entraîneur, mais également un club qui n’a pas oublié la saison galère vécue l’an dernier. Un exercice 2014-2015 marqué par le départ agité d’Olivier Pantaloni au mois d’octobre, remplacé par le duo Alexandre Dujeux – Gilbert Zoonekynd. Et si les Tourangeaux ont finalement accroché la quinzième place, à quatre points du premier relégable, ils ont longtemps craint pour leur maintien.
Monter en Ligue 1, objectif utopique ?
Du changement était donc prévu cet été et l’arrivée de Simone s’inscrit parfaitement dans cette logique. Si le nom d’Alain Casanova a un temps été murmuré du côté de la Vallée du Cher, nul doute que le nom de Simone figurait tout en haut de la short list établie par les dirigeants tourangeaux. « Notre ancien entraîneur avait le diplôme, mais pas les capacités, et Alex Dujeux avait les capacités, mais pas le diplôme. Ce qui nous coûtait très cher en amendes » , soulignait Jean-Marc Ettori en conférence de presse. Pantaloni a dû apprécier le tacle au passage. Simone, lui, a bien son diplôme d’entraîneur, mais pas seulement. C’est loin d’être le scoop de l’année, mais l’Italien a des contacts, un solide réseau construit au gré de ses escales en France, en Italie et en Suisse. Toujours précieux en cette période de mercato. Et il y a fort à parier que Jean-Jacques Pierre, Laurent Agouazi et Geoffrey Malfleury ne seront pas les seules recrues de l’été.
Dans l’autre sens, le Tours FC a déjà enregistré le départ d’Andy Delort, prêté par Wigan en janvier dernier et nouvelle recrue du SM Caen. Arrivé au terme de son contrat, Billy Ketkeophomphone, meilleur buteur du club l’an dernier avec neuf pions, a, lui, rejoint Angers. Autre perte de taille, celle du milieu Xavier Chavalerin, l’une des rares satisfactions l’an passé, parti garnir les rangs du Red Star. Arrivé en janvier dernier, le défenseur Alassane Touré a pris la direction de la Ligue 1 et du Gazélec, après six mois plutôt convaincants en Touraine. Au rayon des bonnes nouvelles, Simone devrait pouvoir compter sur son jeune gardien Bingourou Kamara, son défenseur Thibault Cillard et son milieu Haris Belkebla, trois jeunes pousses pleines de promesses. Suffisant pour jouer la montée ? Simone s’est pour l’instant bien gardé d’annoncer ses objectifs, au contraire de son président, convaincu de la future réussite de son nouveau coach : « Marco Simone a un contrat qui est signé pour une durée de deux ans, et j’espère plus, pour un long bail. Un bail qui, je l’espère, nous amènera vers des sommets. J’en suis convaincu. C’est la personne qu’il faut pour franchir des échelons, en tout cas au moins un : nous amener en Ligue 1. » Offrir du beau jeu à la Vallée du Cher comblerait certainement déjà les supporters tourangeaux.
Par Rodolphe Ryo