- Autres championnats – Suède – J1
- Hammarby/Häcken
Tiens, revoilà Hammarby !
La saison 2015 du championnat suédois débute ce samedi avec un match inaugural attendu entre Häcken, qui vient de recruter un certain Lugano, et Hammarby, l'un des clubs les plus populaires du pays, qui avait plongé en D2 pendant cinq longues années. Un retour opportun au premier plan pour une institution sur le point de fêter son centenaire et qui a récemment dû quitter son mythique Söderstadion pour l'ultramoderne Tele2 Arena, qu'elle occupe en alternance avec son éternel rival de Stockholm, Djurgårdens.
Le football suédois revient (un peu) dans l’actu internationale, et franchement, ça fait bien plaisir. Il y a d’abord eu ce beau parcours de Malmö en Ligue des champions l’été dernier, avec trois tours préliminaires passés, dont le dernier superbement face à Salzbourg, pour s’offrir une invitation en phase de poules de la compétition, ce qui n’était pas arrivé à un club du coin depuis belle lurette. Une expérience qui s’est soldée par cinq défaites assez nettes, mais tout de même une victoire de prestige lors de la deuxième journée à domicile face à l’Olympiakos, une formation bien plus expérimentée. C’était beau, c’était chouette, ça changeait de voir toujours les mêmes clubs de toujours les mêmes championnats. Et puis, ça a permis de se persuader que le football suédois, ce n’est pas que le vampirisant Zlatan ni la nostalgie du dernier âge d’or en date de la sélection, l’époque du Mondial 1994 avec cette troisième place du tournoi conquise par Ravelli, Brolin, Larsson, Ingesson, Patrik et Kennet Andersson… Oui, la Suède est résolument un pays de football, qui sait produire d’excellents joueurs et qui dispose aussi d’une vraie culture en la matière, avec des fans réputés internationalement. Car au-delà des récents exploits de Malmö sur la scène continentale, le football suédois a également fait le buzz encore plus récemment à l’occasion du match entre AIK et Hammarby, comptant seulement pour un tour de coupe nationale, mais qui a réuni plus de 40 000 spectateurs au stade début mars, avec des animations impressionnantes des deux côtés de la part des supporters. Une belle manière de signifier que l’un des clubs les plus fameux du pays, Hammarby, est enfin de retour au premier plan.
L’Hammarby Idrottsförening Fotbollsförening (HIF), en version originale non coupée au montage, est une véritable institution du football scandinave, dont le retour en élite cette saison est une aubaine, l’année même de son centenaire. Paradoxalement, s’il est l’un des clubs les plus populaires et les plus connus de la région, son palmarès est famélique : un titre de champion acquis en 2001 (vidéo ci-dessous), deux places de dauphin datant de 1982 et 2003, trois finales de Coupe perdues en 1977, 1983 et 2010, une Coupe Intertoto en 2007 et… c’est tout. Pourtant, depuis sa dernière relégation en D2 datant de fin 2009, tous les observateurs du foot suédois se languissaient de son absence. Le ballon rond en Suède ne tourne pas aussi rond quand Hammarby n’est pas là pour jouer les premiers rôles, il n’a en tout cas pas la même saveur. « Bajen » , son surnom, a longtemps été la fierté des classes populaires de Stockholm, l’étendard de Johanneshov, le Sud prolo de la ville. Et même si, aujourd’hui, les différences sociologiques et culturelles ne sont plus aussi nettes qu’avant entre les différents quartiers de la capitale suédoise, Hammarby reste le symbole de ce football populaire, par opposition avec son plus fidèle rival, Djurgårdens, le club des classes aisées, qui évoluait il y a encore peu dans l’antique stade olympique du centre-ville. Hammarby, de son côté, avait son fief depuis 1966 dans le mythique Söderstadion, modeste par la taille (autour de 15 000 places), mais considéré comme l’un des plus bruyants de Scandinavie.
Depuis l’été 2013, les deux rivaux ont quitté leurs stades respectifs, trop vétustes, pour l’ultramoderne Tele2 Arena. Une enceinte de 33 000 places avec toit rétractable, dont la construction a été opérée par le géant américain AEG, une compagnie qui possède également 49 % du capital d’Hammarby. Il faut d’ailleurs préciser que ce stade est situé dans le district de Johanneshov, ce qui fait que les supporters d’Hammarby le considèrent comme le leur, quand les rivaux de Djurgårdens ont dû se délocaliser du centre-ville pour évoluer dans cette Tele2 Arena du Sud de la ville. Symboliquement, c’est évidemment important dans la guéguerre que se livrent les deux clubs et leurs supporters. Ne pas oublier non plus, bien sûr, le troisième club de la capitale, l’AIK, 11 titres de champion au palmarès. AIK, Djurgårdens, Hammarby, les trois rivaux de Stockholm enfin réunis en élite, comme au bon vieux temps, prêts à se livrer bataille entre eux et contre les autres gros clubs de la province : Malmö, l’IFK Göteborg, Helsingborgs, Kalmar…
Alexander Skarsgård en capo
Pour en revenir à Hammarby, il a donc fallu attendre cinq longues années de purgatoire en D2 avant ce retour au premier plan, fêté par un public fidèle. Ils étaient régulièrement plus de 10 000 à supporter l’équipe dans l’antichambre du football suédois. Parmi eux, on a même pu y voir Alexander Skarsgård, l’acteur héros de la série True Blood, gros fan de Bajen et qui s’est improvisé capo l’espace d’un match en 2013. Le 2 novembre dernier, le match de la montée (victoire 5-0 contre Jönköpings Södra) s’est disputé devant plus de 30 000 personnes, avec une rencontre que l’arbitre a dû écourter sous la pression de spectateurs qui ont commencé à vouloir envahir le stade pour fêter le cinquième but à l’ultime minute de jeu. Avec un tel club et un tel public, le football suédois peut espérer vivre une sacrée belle saison et connaître des affluences à la hausse. Reste à ce que le niveau de jeu pratiqué soit aussi à la hauteur des attentes. De ce point de vue, l’adversaire d’Hammarby, samedi, l’équipe d’Häcken, s’est fait plaisir en réalisant le gros coup du mercato : la signature de l’international uruguayen Diego Lugano. L’ancien défenseur parisien et ses nouveaux coéquipiers face à l’ambitieux promu, dans un stade de plus de 30 000 places et devant une audience survoltée : vous seriez bien inspiré de choper un streaming samedi après-midi (14h) pour mater ça…
Par Régis Delanoë