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Tiens, revoilà Giroud !
Muet depuis dix rencontres en équipe de France, Olivier Giroud a réglé la mire dimanche soir face aux Pays-Bas. Et ce, forcément, au moment où les Bleus avaient besoin de se sortir des cordes.
Le 6 juin 2017, dans une salle de presse à Clairefontaine, quatre jours après un triplé claqué face au Paraguay à Rennes : Olivier Giroud revoit le fil de sa carrière entre les dents et tique, sourire à l’appui. « Trouvez-vous le foot injuste ? » , lui demande alors un journaliste. L’attaquant international encaisse et répond : « C’est vous les spécialistes… C’est aussi à vous d’être parfois plus justes dans vos analyses. » Puis, Giroud avait enchaîné son assistance, évoqué sa lassitude face à des critiques souvent injustes et avait regardé la cruauté du foot dans les yeux : « Je ne ferai jamais l’unanimité, c’est comme ça, mais si je suis là, c’est parce que je le mérite. Le sélectionneur me fait confiance, je fais le boulot pour l’équipe, je marque, et les statistiques le prouvent, le reste ne compte pas. »
L’été 2018 de l’attaquant de Chelsea, devenu depuis le quatrième meilleur buteur de l’histoire du foot français (32 buts inscrits en 83 sélections), n’aura rien changé à l’histoire : l’équipe de France a été championne du monde, avec Giroud en pointe, et l’aura été pour la deuxième fois de son histoire avec un attaquant titulaire à zéro but. Facile à vivre ? « Il en découle forcément une petite frustration, répondait l’intéressé il y a quelques jours dans les colonnes du Parisien. Mais celle-ci a largement été comblée par le titre. Le collectif prime sur les individus. J’ai souvent dû accomplir un travail un peu différent, consentir des sacrifices pour aider l’équipe à tenir le score.(…)Mon Mondial à zéro but ne m’empêche pas de dormir. Dans la rue, les gens me disent : même si vous n’avez pas marqué, vous avez été important. » Central, même.
L’homme différent
Pas assez pour éteindre les débats, évidemment, c’est une vieille histoire : en arrivant au Stade de France dimanche soir, où les Bleus avaient rendez-vous avec leur public avant d’avoir un match à jouer contre les Pays-Bas, Olivier Giroud restait sur une série de dix matchs internationaux consécutifs sans le moindre but. On a alors repensé sur la route à son match livré à Munich, trois jours plus tôt, où l’équipe de France avait pris la marée après la sortie d’un buteur clé dans le travail défensif des siens et on s’est aussi rappelé les mots de Didier Deschamps, samedi : « Il est important parce qu’il a un jeu différent, ce qui ne l’a pas empêché d’être décisif. Il n’est pas dans le profil des autres joueurs. Quand il n’est pas là, on se rend peut-être plus compte de son utilité. Après, je ne vous cache pas qu’un but lui ferait du bien, oui… »
Et ce but est arrivé, dimanche soir, au bout d’un centre de Benjamin Mendy et d’une volée somptueuse qui a enlevé une belle épine du pied d’une équipe de France qui a perdu la maîtrise quelques minutes au cours de la seconde période face à des Bataves pourtant dominés une large partie de la rencontre. Sur le coup, Giroud, qui livrait pourtant l’une de ses copies les plus difficiles à lire de sa carrière internationale, a planté ses genoux dans la pelouse de Saint-Denis, a remercié le ciel comme à son habitude, et tout ça touchait à l’évidence : c’était un moment pour lui, une soirée pour lui, une nuit pour fermer une histoire et en ouvrir une autre. Olivier Giroud est un nœud dans le monde du foot, voilà qu’il a servi à nouer les lacets entre l’éternité d’un été et un nouveau chapitre qui commencera réellement à s’écrire dès le mois prochain. Le foot peut être injuste, il finit toujours par se rééquilibrer.
Par Maxime Brigand, au Stade de France