- Serie A
- Parme-Udinese (2-3)
Tiens, revoilà FloTov !
Auteur d’un doublé face à Parme (2-3), Florian Thauvin marche sur l’eau depuis le début de saison avec l’Udinese, actuellement leader de Serie A. À 31 balais, le champion du monde 2018 a retrouvé ses meilleures sensations dans le Frioul. Mais qui peut le stopper ?
« Il renaît. Le vrai numéro 10 c’est Thauvin. Son doublé est la récompense d’un match fou. » C’est avec ces mots et la solide note de 8/10 que la Gazzetta dello Sport a salué la nouvelle prestation clinquante de Florian Thauvin sur la pelouse de Parme (3-2), ce lundi soir. Auteur d’un doublé, l’autre Orléanais du moment a grandement contribué aux succès des Friulani, qui sont actuellement leaders du championnat avec dix points en quatre matchs. Trois ans après son départ de Marseille, l’attaquant a retrouvé des couleurs, quand beaucoup pensaient qu’il n’avait plus les cannes pour le haut niveau.
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Numéro 10 dans le dos et brassard de capitaine accroché au biceps gauche, FloTov est la star de ce début de saison en Serie A, en attestent ses statistiques : quatre matchs joués pour trois buts et une passe décisive. « C’est comme ça que j’imaginais ce début de saison, j’ai énormément travaillé pour revenir à mon meilleur niveau. Maintenant, je le suis et je veux continuer comme ça », lâchait après la rencontre l’ancien Phocéen, trophée de MVP dans les mains (son deuxième cette saison). « Quand il est à son meilleur niveau et au top physiquement, Florian est sans aucun doute dans le top 5 des meilleurs joueurs du championnat », se permet même Federico Balzaretti. Le directeur technique de l’Udinese la saison passée poursuit les éloges : « C’est un joueur au talent exceptionnel, et pour un club comme l’Udinese, c’est un atout énorme de l’avoir dans ses rangs. Il peut évoluer dans les meilleures équipes italiennes, sans problème. »
Des hauts et débats
Il ne l’aurait peut-être pas formulé de cette manière un an et demi plus tôt, à l’hiver 2023, après une parenthèse mexicaine pas vraiment idyllique aux côtés de Dédé Gignac et un retour en Europe par la petite porte, après des appels du pied aux clubs de Ligue 1. C’est finalement dans le Frioul que le tout juste trentenaire pose ses valises. Il ne devient pas tout de suite le chouchou des supporters, passant six mois sans trop se montrer sur le terrain (aucun but, même pas une passe décisive, en seize apparitions) et s’efforçant de s’adapter à une nouvelle vie, un nouveau club et un nouveau championnat. Pour mieux lancer l’exercice 2023-2024. « Je sentais qu’il était motivé, qu’il avait vraiment envie de se relancer », se remémore Balzaretti.
L’ancien Marseillais est alors plus affûté, plus conquérant, plus motivé, en attestent ses prestations face à la Fiorentina, le Milan ou encore sur le gazon de la Lazio. Des coups d’éclat, sans trop de régularité : un coup, Thauvin excelle, un autre, il disparaît et redevient quelconque. Il n’est pas non plus aidé par un contexte nébuleux, les Friulani luttant pour le maintien en changeant trois fois d’entraîneur au cours de la saison. Au menu du jeu, zéro risque : un bloc bas et des contres pour tenter de faire la différence, soit un style ne correspondant pas tellement aux qualités de Thauvin. « La saison dernière, nous étions dans une situation délicate, on devait plus défendre, et forcément, les attaquants avaient moins la balle. Ce n’était pas simple pour Thauvin qui est un joueur qui a besoin de toucher le ballon pour être en confiance », confirme Balzaretti. Touché à la cheville en avril, il aura manqué le sprint final et vu son équipe arracher le maintien lors de l’ultime journée à Frosinone (1-0). Le clap de fin de « la pire saison de sa carrière », selon son propre ressenti dans la Gazzetta.
« Il peut rêver d’équipe de France »
Après dix-huit mois contrastés et parfois chaotiques, Thauvin décide finalement de rester dans le Frioul, convaincu notamment par l’arrivée de Kosta Ruinjaić, le nouvel entraîneur arrivé du Legia Varsovie, qui a très rapidement choisi le Français comme capitaine. « Il a le profil parfait pour être capitaine, assurait le technicien. Son expérience, son leadership et surtout ses qualités le rendent légitime. Florian est un joueur qui aime avoir des responsabilités et avoir plus de pression sur ses épaules. » Outre ce morceau de tissu sur le biceps droit, Thauvin est surtout devenu le leader technique, le chef d’orchestre d’une équipe métamorphosée. À Parme, il est encore celui à avoir sonné la révolte, alors que l’Udinese était menée de deux buts à la pause. Dans un système moins restrictif, le champion du monde s’épanouit dans un rôle de trequartista/faux 9 qui lui permet d’avoir plus de liberté sur le pré.
« Il a besoin de cette liberté et de se sentir en confiance. La différence cette saison, c’est que l’Udinese joue un football plus offensif, il touche plus de ballons, ce qui lui permet de prendre plaisir », souligne Balzaretti, qui continue de suivre les prestations de son ancienne écurie. Plus joueuse, plus offensive et plus en confiance, l’Udinese de Kosta Ruinjaić se présente comme une opportunité rêvée pour Thauvin, 31 ans au compteur, de (re)faire parler de lui et de rappeler que son nom n’appartient pas encore au passé en Europe. Un nouveau souffle, une seconde jeunesse, et même une enflammade de Balzaretti, persuadé que le bonhomme « peut rêver d’équipe de France ». Il faudrait déjà que Didier Deschamps puisse regarder la Serie A à la maison.
Par Tristan Pubert
Propos de Federico Balzaretti recueillis par TP.