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Thomas Nkono : « Quand je jouais, refuser la sélection était inconcevable »

Par Alexis Billebault
4 minutes
Thomas Nkono : « Quand je jouais, refuser la sélection était inconcevable »

Thomas Nkono, qui a porté 112 fois le maillot du Cameroun, prend plus ou moins de plaisir à suivre la CAN. L’entraîneur des gardiens de l’Espanyol Barcelone, avant le quart de finale entre les Lions indomptables et le Sénégal samedi, dit pourquoi il croit aux chances de ses compatriotes face à un favori et avance quelques explications sur le niveau des gardiens qui jouent en Afrique.

Avant la CAN, plusieurs joueurs ont refusé de participer au tournoi, préférant se consacrer à leur club. Avez-vous été choqué ?Choqué non, surpris oui, car jouer pour son pays, c’est un honneur. Ils avaient tous de bonnes raisons de ne pas venir en sélection. S’agit-il de décisions exclusivement personnelles ? Il y a un règlement interne pour les internationaux. Il faudrait discuter avec ceux qui ne sont pas venus et connaître les vraies explications. Et ensuite, voir s’il faut ou non prendre des sanctions.

Du temps où vous étiez joueur, cette attitude était-elle envisageable ?Mais c’était parfaitement inconcevable ! Refuser une sélection, cela ne traversait l’esprit de personne ! Jouer pour son pays, c’est quelque chose d’unique. On y allait avec joie, avec fierté. Aujourd’hui, visiblement, les choses sont différentes. Peut-être faudrait-il améliorer les relations entre les clubs et les fédérations ? Quand j’étais joueur, c’était moins compliqué…

L’Algérie et la Côte d’Ivoire étaient aussi favorites, et on voit où elles sont aujourd’hui… Le Sénégal a plus d’individualités, c’est vrai, mais cela ne fait pas tout.

Des défections, des cadres (M’Bia, Chedjou, Kameni, Bedimo) qu’Hugo Broos, le sélectionneur, n’a pas retenus pour la CAN. Et malgré tout, les Lions sont en quarts de finale…Pour moi, ce n’est pas vraiment une surprise. Le Cameroun est quand même un pays de foot. Il y a effectivement des absents, mais sur le papier, ce n’est pas mal du tout. Les choix de Broos, il faut les respecter. Lui seul sait pourquoi il a décidé de ne pas emmener certains anciens. Il a ses raisons. Moi, je n’ai aucune information à ce sujet. Ce que je vois, c’est que cette équipe est au niveau. Ce mélange de jeunes joueurs et d’internationaux plus expérimentés fonctionne plutôt bien. Cette sélection, personne ne la plaçait parmi les vainqueurs potentiels de la CAN. Je ne dis pas qu’elle va la gagner, mais elle prend confiance au fil des matchs. Elle me rappelle une équipe.

Laquelle ?Celle du Cameroun qui avait gagné les Jeux olympiques de Sydney en 2000. Il y avait beaucoup de jeunes joueurs, quasiment inconnus, et quelques cadres, comme Patrick Mboma. Personne ne misait sur elle. Et plus elle avançait dans la compétition, plus elle prenait confiance. Ce que fait le Cameroun au Gabon, cela me plaît. C’est solide, cohérent, avec des joueurs comme Bassogog qui apportent une touche spectaculaire.

Mais le favori, c’est le Sénégal…Oui… L’Algérie et la Côte d’Ivoire étaient aussi favorites, et on voit où elles sont aujourd’hui… Le Sénégal a plus d’individualités, c’est vrai, mais cela ne fait pas tout. Moi, je suis optimiste pour mon pays.

Comment jugez-vous le niveau de cette CAN ?Il y a de tout. J’ai vu de bons matchs, d’autres beaucoup moins intéressants. J’ai bien aimé le comportement de l’Ouganda, de la Guinée-Bissau et du Zimbabwe. Ils ont tous pris un point. Ces équipes ont apporté quelque chose, de la fraîcheur, de l’enthousiasme. Des sélections avec lesquelles il faudra compter. Ce qui a nui parfois à la qualité du spectacle, c’est la qualité des pelouses. Là, il y a vraiment un problème. Vous avez vu le nombre de joueurs blessés ? C’est assez inhabituel.

Que pensez-vous des gardiens de certaines sélections qui évoluent encore sur le continent africain ?Cela pourrait être mieux. Mais il y a des explications. Dont une, essentielle : en Afrique, le concept d’entraîneur des gardiens n’est pas assez répandu. Plus par manque de volonté que de moyens, à mon avis. Et c’est aussi une question de compétences. Ce poste d’entraîneur des gardiens est récent. Quand je jouais, il n’y en avait pas. On a commencé en sélection vers 1998. J’ai occupé ce poste pendant environ dix ans. Avec un spécialiste qui travaille avec eux, les gardiens progressent tactiquement. On a vu, lors de cette CAN, des gardiens qui jouent en Afrique et qui n’ont pourtant rien à envier athlétiquement à ceux qui évoluent en Europe…

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Par Alexis Billebault

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