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Thomas Müller ne meurt jamais
Pas en forme pendant plus d’un an lorsque Carlo Ancelotti était encore aux commandes du Bayern Munich, Thomas Müller prouve de nouveau qu’il ne faut jamais l’enterrer. Et l’arrivée de Jupp Heynckes n’est pas pour rien dans ce regain de réussite.
Année 2017. Habitué au sommet depuis tant d’années, Thomas Müller plante à seulement neuf reprises avec le Bayern Munich toutes compétitions confondues. En douze mois, donc. Loin, très loin de ses standards. Millésime 2018. L’Allemand fait trembler les filets onze fois. Mais en 17 semaines. Les chiffres ne disent pas tout, et la bestiole dont on parle est autant un buteur qu’un passeur, diront certains. Certes. Sauf qu’ici, les statistiques illustrent bien les états de forme du garçon.
Matthäus sonne l’alarme
C’est que l’international de la Mannschaft, de retour dans les compositions de départ bavaroises depuis quelques mois, a traversé une mauvaise passe bien réelle. Crise sportive, crise de confiance, crise morale : qu’importe le qualificatif, Müller a connu un gros coup de moins bien. Devenu remplaçant à part entière, lui-même l’a avoué. « Thomas Müller est titulaire en équipe nationale, mais il est mis en difficulté au Bayern. Il joue de moins en moins souvent dans les grands matchs du Bayern et je suis sceptique, ça ne devrait pas s’améliorer cette année » , flippait ainsi son compatriote Lothar Matthäus en août dernier devant quelques journalistes.
La faute à qui, à quoi ? « Ça n’a rien à voir avec Müller. Il a besoin d’un coach qui le veut dans son équipe et, dans ces conditions, Müller ne sera pas décevant, répondait alors le septuple champion de Bundesliga, dans une critique à peine voilée à l’égard de l’entraîneur en place. Müller n’est pas un numéro sept, un neuf ou un dix : il est tout à la fois. Mais Carlo Ancelotti pense et choisit ses équipes en fonction d’un poste précis pour chaque joueur. »
On y est. S’il a galéré durant la saison 2016-2017 (malgré des stats honorables), s’il s’est montré beaucoup moins décisif – voire carrément absent – lors des grands rendez-vous et s’il n’a globalement plus répondu aux attentes, ce serait donc à cause du débarquement d’Ancelotti et de son nouveau système tactique. Ne voulant pas d’un Thomas dans un rôle de soutien de Robert Lewandowski, l’Italien préfère utiliser Müller sur un côté ou en pointe. Pas la position favorite du jeune homme, qui lutte pour retrouver ses sensations et donne alors l’impression de douter. Jusqu’à finir sur le banc, son coach privilégiant d’autres options (comme Pep Guardiola contre l’Atlético de Madrid dans le dernier carré de C1 un peu plus tôt).
Burn-out
Sauf que si Ancelotti a bien eu une influence sur ce relatif – et éphémère – déclin, il ne faut pas oublier que Müller a commencé à peiner dès la fin de l’exercice 2015-2016, sous les ordres de Guardiola. Invisible quand la pression monte durant l’Euro en France, pas franchement à l’aise dans ses pompes en Ligue des champions, le vainqueur de la Coupe du monde 2014 n’attend pas le départ du Catalan pour souffrir. En réalité, le Monsieur semble tout simplement payer une fatigue accumulée tout au long de sa riche carrière débutée il y a plus de dix ans. Jamais blessé, ou seulement pour de courtes durées, le Munichois enchaîne les années à plus de quarante rencontres dans les pattes depuis 2009. Voilà pourquoi son organisme, épuisé, l’a laissé tomber durant quelques mois et est devenu un boulet plutôt qu’un allié sur le pré.
Mais voilà aussi pourquoi Müller peut voir l’avenir sous un bel angle. Revenu à un niveau plus que correct (quelles performances contre le Borussia Dortmund en championnat et à Leverkusen en demi-finale de la Coupe d’Allemagne !) depuis que Jupp Heynckes, qui lui fait bien davantage confiance que son prédécesseur, a repris les rênes de la maison, l’incontournable de la sélection a également réenfilé son costume de patron de club. Visiblement reposé et heureux avec son technicien du moment, Thomas le rigolo a récupéré un poste en tant que milieu de terrain avancé. Et doit désormais faire face à des journalistes qui s’inquiètent davantage d’une présence du Bayern en finale de LDC que du niveau personnel du joueur. « Ce Real Madrid-là est vraiment vulnérable, a réagi le protagoniste après la première manche perdue contre le Real Madrid. Nous devons avoir une mentalité de tueur parce que nous avons de réelles possibilités. » Ça tombe bien : Müller vient de la retrouver.
Par Florian Cadu