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Thomas Meunier, le moulin à paroles
Auteur de performances inégales, Thomas Meunier ne se fait pas toujours remarquer sur le terrain, mais il le fait très bien dans les médias, où il a pris l'habitude de multiplier les déclarations irréfléchies. Une liberté de ton rafraîchissante, pour un joueur atypique dont le parcours a toujours été accompagné d'une certaine insouciance.
Alors que les fans du PSG, désormais habitués aux folies dépensières de leur club et qui attendent chaque été le caprice à plus de 50 millions de Nasser comme une tradition, spéculaient pour savoir quel cador rejoindrait la Ville lumière, le club de la capitale avait répondu début juillet de façon particulière. En plein Euro, en deux jours, le PSG se la joue mitraillette et annonce trois transferts coup sur coup. Le vendredi 1er juillet, c’est la signature d’Hatem Ben Arfa qui est officialisée. Celles de Grzegorz Krychowiak et de Thomas Meunier suivent le 3 juillet. Pas forcément les superstars attendues, surtout en ce qui concerne le dernier. Car un latéral droit déchaîne rarement les passions, surtout quand il débarque de Bruges et que sa sélection a perdu en quarts de l’Euro deux jours plus tôt.
Interrogé au cours de l’été sur ses ambitions personnelles avec le PSG, Meunier l’avait jouée profil bas, préférant une réponse convenue et respectueuse de la hiérarchie aux paroles tapageuses et conquérantes : « Serge Aurier fait très bien son travail. L’an dernier, quand on m’a demandé qui était mon exemple, j’ai cité Serge et Lahm. Je ne suis pas venu au PSG en ayant à l’esprit que j’allais être titulaire. Je suis là pour m’améliorer et je fais ce que le coach me demande. Si je joue tant mieux, sinon je prendrai mon mal en patience. » De la prudence, le pied bien calé sur le frein, en laissant la couronne du couloir droit à Serge Aurier. Curieux pour un joueur plus réputé pour son anticonformisme que pour sa mesure.
Pas dans le moule
Après l’élimination à l’Euro, le Belge n’avait mis que quelques jours avant de revenir dans l’Hexagone, son contrat avec le PSG signé et fourré au fond de sa poche. Mais le soir de la défaite de la Belgique, en commentant ce qui a été l’un des plus gros flops de l’Euro, Thomas Meunier avait fait rire le monde entier en balançant sur beIN : « On avait un tableau plus que favorable, on devait aller en finale. On a une équipe de superstars, notre équipe, c’est le Real Madrid de 2005, avec Beckham, Zidane, etc. C’est largement comparable. » Le tout avec un délicieux accent belge, qui donnait à la scène des allures de sketch des Inconnus. Mais le vrai Meunier est là. Décomplexé, spontané et sans filtre, il a toujours revendiqué son originalité. « Peut-être est-ce le fait que je ne sois pas taillé dans le même moule que beaucoup d’autres joueurs qui porte à confusion. Je ne peux pas vraiment l’expliquer » , analysait-il sur sofoot.com avant l’Euro.
Car son moule à lui, c’est d’abord celui du football que personne ne regarde. Après un début de formation raté au Standard de Liège, il continue sa carrière petitement en rejoignant une équipe de 3e division belge, le Royal Excelsior Virton, tout en poursuivant ses études et en travaillant à côté. Il bosse comme facteur, puis dans une entreprise de pare-brise et de vitres pour voitures, et choisit de poursuivre dans le football deux ou trois ans maximum histoire de voir s’il perce, et de retourner à ses études en cas d’échec : « Le foot n’était pas réellement un objectif, et c’est ce qui m’a permis de jouer sans pression et d’échapper à l’usine des centres de formation. Cela a presque quelque chose de malsain, ce rapport au foot très industriel que les centres de formation incarnent. Je me trouve chanceux d’avoir pu être épargné. »
Des expos, des Stéphanois et un coach qui ne sert à rien
Une fois sa carrière de footballeur véritablement lancée, Meunier affirme régulièrement regretter la simplicité de Virton et de ce football plaisir, loin des considérations du très haut niveau. « Si je pouvais retourner à mon époque virtonaise, mais en évoluant avec les mêmes gars en D1, ce serait vraiment parfait » , jurait-il, toujours sur sofoot.com, alors qu’il jouait encore à Bruges. En dehors du football, il passe son temps libre dans les expositions, cite Picasso, Rubens, Dali, Kandinsky comme ses peintres favoris, et n’oublie pas qu’il est belge en s’offrant une BD dès qu’il le peut. Depuis qu’il est au PSG, au royaume de la parole contrôlée, il continue de dénoter dès sa première titularisation en championnat, après un match nul face à Saint-Étienne, en se plaignant : « C’est une réelle déception. Toutes les équipes qui jouent contre le PSG refusent de jouer au football, c’est dommage. Mais je les comprends, elles jouent contre une équipe qui, qualitativement, est supérieure, elles essayent de gérer le match. »
En guise de retour de flamme, des tweets moqueurs de joueurs de Sainté après le nul en C1 face à Arsenal, avec cette réponse de Meunier sur son propre compte : « Il y a des joueurs de Saint-Étienne qui ont 5 followers et qui me notifient dans leurs tweets pour avoir un peu de buzz. #suffitdedemander #psg. » La même semaine, il embarrassait sur le cas Ben Arfa en voulant être gentil avec son coéquipier : « Hatem c’est un joueur de match. Il aime faire des différences, dribbler. À l’entraînement on le voit un peu moins. » Lors de sa dernière sortie remarquée, il expliquait que le PSG, vu le talent de ses joueurs, « pourrait se gérer sans entraîneur. » Des interventions toujours osées, mais jamais graves, car teintées d’une naïveté un peu touchante. Reste plus qu’à être aussi attachant sur le terrain.
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Par Alexandre Doskov