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Thomas Mangani : « Ce qu’il reste à la fin, ce sont les échanges humains »

Propos recueillis par Alexandre Plumey
7 minutes
Mangani : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Ce qu’il reste à la fin, ce sont les échanges humains<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Pour son retour à Angers, le 1er février dernier, Thomas Mangani est devenu le troisième joueur à avoir affronté le plus de clubs différents en Ligue 1 (37). Retour sur quinze ans de carrière avec un des vieux routards du championnat.

En foulant à nouveau la pelouse du stade Raymond-Kopa, Thomas Mangani ne le savait pas encore, mais il était en train de monter sur un podium. Celui du plus grand nombre d’adversaires affrontés en Ligue 1. Trente-sept. Encore en activité, seuls Steve Mandanda et Dimitri Payet font mieux avec 39. L’Ajaccien qui a également porté les couleurs de Monaco, Nancy et Angers dans l’élite cumule 340 matchs en treize saisons. Une certaine idée de la longévité à 35 ans, sans pour autant avoir été un grand voyageur infidèle et volatil, comme en témoignent ses sept années au SCO. De ses quinze ans de carrière – pas encore terminée -, le latéral gauche de formation vite repositionné dans le cœur du jeu retient moins ses 27 buts dans l’élite que les relations humaines, parfois même avec ceux qui n’ont été que des adversaires pour lui. Désormais en Corse, Île de Beauté que le champion d’Europe U17 avec la génération 1987 avait déjà connue lors d’un prêt en 2007, le milieu de terrain à l’accent chantant et au pied gauche tranchant soigne un pneumothorax avant les dernières échéances dans la course au maintien. Avec l’espoir de se sauver avec l’AC Ajaccio. Histoire d’ajouter un 38e club à son palmarès l’an prochain. Eh oui, Thomas Mangani n’a par exemple jamais affronté Le Havre en L1, l’actuel leader de L2…


Comment allez-vous depuis votre blessure ?

Je récupère petit à petit. J’ai encore des douleurs dues aux fractures de la côte, mais les poumons et la plaie se sont bien recollés. Le prochain objectif est de reprendre le vélo puis la course, après on fixera une date de retour avec le groupe. C’est toujours frustrant d’être arrêté pour blessure. Surtout que ça m’est rarement arrivé.

Justement, Angers était, en plus d’être votre ancien club, votre 37e adversaire affronté en Ligue 1. Vous étiez au courant de cette statistique ?

Pas du tout, vous me l’avez appris. C’est toujours valorisant, ça fait plaisir. Dans la durée, ça veut dire que j’ai répondu présent.

C’est anecdotique ou symbolique ?

Maintenant que je le sais c’est assez symbolique, je vais le garder en tête. Ça prouve une certaine continuité.

Forcément, à force de jouer les uns contre les autres, on a une certaine amitié, surtout entre anciens. En plus, maintenant j’en vois même sur les bords de terrain, en coach ou consultant.

Thomas Mangani
Existe-t-il une amicale des routards de la Ligue 1 ?

(Rires.) Non non, mais c’est toujours un plaisir de se croiser sur les terrains. On se fait un petit regard, un clin d’œil avant le match. Forcément, à force de jouer les uns contre les autres, on a une certaine amitié, surtout entre anciens. En plus, maintenant j’en vois même sur les bords de terrain, en coach ou consultant.

Vous acceptez d’en être le président ?

Ouh, il y en a qui ont plus de matchs en L1 pour y prétendre…

Sans avoir été équipier avec eux, des relations sont-elles nées avec des adversaires ?

Benjamin Nivet, quand on se croise, c’est toujours spécial. On rigole, on parle football, on prend des nouvelles. Ludo Obraniak, c’est sympa aussi, et pourtant on n’a jamais joué ensemble. Dylan Chambost, on a pas mal sympathisé, donc on a longtemps discuté à Troyes l’an dernier. Bon, lui est plus jeune (25 ans, NDLR), mais quand on est dans le circuit depuis un moment, on mesure la difficulté de durer. En fait, on se rapproche en jouant l’un contre l’autre, car on sait que le métier n’est pas si facile, comme la gestion des blessures, etc. Et puis on se voit au moins deux fois par an, donc ça laisse le temps d’échanger.

Au gré de ces voyages, quel stade vous a le plus marqué ?

Lens pour la ferveur. On sent que les gens viennent en famille. Rien que d’entrer à la mi-temps avec Les Corons, c’est mémorable. À Lens, Saint-Étienne ou Marseille, quand tu mènes, ça pousse toujours plus. Si on mène 2-0 et que ça revient à 2-1, on sait que ça va être plus dur qu’ailleurs. Ce sont des bons matchs, car on y prend le plus d’expérience, et ces souvenirs restent le plus.

Et le moins ?

(Longue réflexion.) Difficile ça… Bonal à Sochaux. Ça fait longtemps que je n’y suis pas allé, mais qu’est-ce qu’il fait froid ! Je me souviens de derbys avec Nancy où c’était compliqué de gagner, surtout en hiver, sur une pelouse difficile.

Monaco, Nancy, Angers (L1), Brest et Ajaccio (L2), dans quel club avez-vous les meilleurs souvenirs ?

J’en ai des bons partout. À la fin, ce qu’il reste, ce sont les échanges humains avec les coéquipiers et le staff. Monaco, c’est toute ma jeunesse, le centre de formation, mon premier match et une finale de Coupe de France (2010). À Nancy, je me suis aguerri et j’ai grandi. Et Angers, c’est la maturité, avec une finale de Coupe de France (2017) et la pérennisation du club en Ligue 1.

Avez-vous encore un ami dans chaque club ?

Pas forcément parce que ça tourne pas mal, mais dans chaque ville, oui. Et pas que dans le foot parce que j’aime bien couper du foot… Quand on se déplace, ça m’arrive de les revoir.

Votre meilleur ami dans le milieu ?

J’ai une très forte amitié avec Romain Thomas (SM Caen). On parle beaucoup football et de la vie en général. On est d’accord sur pas mal de choses. On échange toutes les semaines.

Savez-vous quel club vous avez le plus affronté ?

Marseille ?

Oui. 20 fois…

Ah punaise ! Je n’aurais pas pensé autant. C’est là qu’on voit que le temps passe.

Et contre laquelle vous avez pris le plus de points ?

Guingamp.

Non, c’est Lille avec 25 points.

Oh ben ça ! C’est très positif ça, parce que c’est un gros club, ça fait plaisir.

Parmi les 37, qui avez-vous préféré affronter ?

Marseille. Je suis né à Carpentras ! Et puis, ça s’est bien passé à plusieurs reprises, surtout au Vélodrome. Donc, c’est spécial.

Un match à retenir ?

Angers-Nantes en 2019. Cela faisait plus de 40 ans qu’Angers n’avait pas battu Nantes (1). J’ai grandi avec, donc les derbys contre Nice avec Monaco aussi. Les Nancy-Metz étaient tous en Ligue 2, je crois. Chaque derby a une atmosphère particulière. On joue au football pour faire plaisir aux supporters, et les derbys c’est x100… en cas de victoire ! (Rires.)

Longtemps, la Ligue 1 a été dévalorisée par rapport aux autres championnats, mais, par exemple, beaucoup d’étrangers qui arrivent ont du mal à s’intégrer ici.

Thomas Mangani
Vous êtes le septième joueur encore en activité le plus capé de Ligue 1. Elle était mieux en 2008-2009 ou aujourd’hui ?

Elle a nettement changé. Il y a eu l’arrivée de gros investisseurs et donc plus de médiatisation à l’international. Ces dernières saisons, il y a beaucoup de suspense, et on tend vers un football plus offensif avec des idées nouvelles. Longtemps, la Ligue 1 a été dévalorisée par rapport aux autres championnats, mais, par exemple, beaucoup d’étrangers qui arrivent ont du mal à s’intégrer ici, ça prouve donc que ce n’est pas un championnat si facile, qu’il a ses qualités. Et puis, je pense que cette saison, c’est un championnat plaisant.

Quelle est la date du match que vous regardez en premier à la sortie du calendrier ?

Marseille avant tout et Montpellier pour que la famille du Sud vienne voir le match.

Votre doublé au Vélodrome avec Angers en 2019, c’est votre meilleur ou pire souvenir ?

Un des meilleurs. Toute la famille était en tribune, donc tu le partages avec tes coéquipiers, mais aussi avec eux. Puis à Marseille, pour notre premier match avec Angers après la montée (27/09/2015, victoire 1-2, NDLR), je marque et fais une passe décisive. Gagner au Vélodrome, ça n’arrive pas tous les jours. Être décisif, encore moins.

Dans le top 5 de Ligue 2 actuellement, il y a un club que vous n’avez jamais affronté en Ligue 1. Lequel ?

Grenoble ?

Non, c’est Le Havre…

Ah oui Grenoble, j’ai joué dans leur nouveau stade peu de temps après l’inauguration (2). Bon, j’espère les jouer l’an prochain, ça voudra dire qu’on aura obtenu notre maintien.

Le SCO fait craquer Ajaccio grâce à Lepaul

Propos recueillis par Alexandre Plumey

(1) 46 ans exactement. Victoire 1-0, but d'Angelo Fulgini à la 94e minute qui avait remplacé Thomas Mangani en cours de jeu.

(2) En Ligue 2 avec Ajaccio lors d’un prêt (2007-2008), puis en Ligue 1 avec Monaco.

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