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Thomas Helmer : « Heureusement, le but en or n’existe plus »

Propos recueillis par Ali Farhat
Thomas Helmer : « Heureusement, le but en or n’existe plus »

Champion d'Europe en 1996, l'ancien défenseur du Bayern Munich prend un peu de recul entre deux trains pour parler de cette épopée qui s'est achevée sur un coup de casque d'Oliver Bierhoff. Le présentateur de Doppelpass, l'émission culte du dimanche sur Sport1, en profite également pour faire un petit bilan du parcours de la Mannschaft lors de cet Euro.

Sur ce premier tour, la Mannschaft a une fois de plus montré qu’elle était une équipe de tournoi. Je ne sais pas. L’Allemagne n’a fait qu’un seul bon match, face à une équipe d’Irlande du Nord relativement faible. Elle a eu beaucoup d’occasions de but, elle a montré ce dont elle était capable.

Face à une équipe de Pologne très bien organisée, on ne peut pas dire que c’était vraiment une contre-performance…Oui, mais elle aurait dû mettre plus la pression, ce qu’elle n’a pas réussi à faire. Elle n’a presque pas eu d’occasions. Bien sûr, la Pologne a bien joué le coup, mais elle n’était pas supérieure non plus.

Pourquoi l’Allemagne a eu du mal face à la Pologne, selon vous ?Elle a manqué de rythme, les situations en un contre un ont été mal gérées, elle n’a presque pas réussi de décalages… Sinon, vu qu’il n’y avait jamais vraiment quelqu’un dans l’axe, les centres n’ont trouvé personne.

La titularisation de Mario Gómez contre l’Irlande du Nord était donc une bonne chose.Il n’y a pas que ça : la formation était bien. C’était plus offensif, à mon goût, il y avait un peu plus d’espace pour un Thomas Müller, par exemple, mais aussi pour un Mesut Özil, ce genre de joueurs incalculables. La présence de Gómez était une très bonne chose, parce que les défenseurs centraux adverses devaient s’occuper de lui. En conséquence, les autres joueurs offensifs avaient plus d’espace, et donc plus de possibilités.

L’Allemagne est toujours mon favori numéro 1

Même si l’Allemagne n’a marqué qu’un but face à l’Irlande du Nord, vous estimez qu’il y a de quoi espérer pour la suite ?Oui, même s’il ne faut pas oublier que si la Pologne avait marqué un ou deux buts de plus, elle serait passée première de la poule. C’est pour cette raison que Joachim Löw était mécontent du résultat. Il l’a dit en conférence de presse. Et il a raison.

Il y a quand même du positif à retenir, notamment la bonne surprise qu’est Josuha Kimmich.Il a su saisir sa chance, il a fait du bon travail, surtout devant.

Ce qui est impressionnant, c’est que Kimmich, milieu de terrain de formation, a joué défenseur central avec Guardiola durant la saison et se retrouve latéral droit en équipe nationale. Ce n’est pas donné à tout le monde… Après, c’est un joueur qui a pas mal joué cette saison, en Ligue des champions également, ce n’est pas comme s’il n’avait pas du tout d’expérience.

L’Allemagne est toujours votre favori numéro un ?Oui, toujours.

Et il y a d’autres équipes ou choses qui vont ont plu dans ce tournoi ?J’ai beaucoup aimé la performance de la Croatie face à l’Espagne, je les vois bien comme favoris (interview réalisée le 23/06, ndlr). Après, il y en a beaucoup d’autres : l’Italie, la France…

Déjà qu’on avait perdu en finale de l’Euro 1992… Contre les Tchèques, en 1996, nous avions clairement la pression, oui.

C’est la première fois depuis longtemps qu’un tournoi est aussi homogène, non ?Beaucoup de matchs étaient ouverts jusqu’à la fin, avec des victoires dans les dernières minutes. En fait, il n’y a plus vraiment de petites équipes. Ce n’était jamais vraiment le cas à l’Euro, mais c’est encore plus fort cette année, je trouve.

Parlons un peu de 1996. À l’époque, la donne était différente pour vous : deux ans plus tôt, vous aviez été éliminés en quarts de finale du Mondial par la Bulgarie. Il y quelques années, Lothar Matthäus nous avait confié que le problème en 1994, c’est qu’il y avait 23 leaders dans cette équipe.Et il a tout à fait raison. Nous n’avions pas réalisé une phase de poules exceptionnelle, c’était un peu du chacun pour soi, et il y avait beaucoup de rivalités dans l’équipe. Pas les meilleures conditions pour réussir un tournoi.

Et que s’est-il passé en deux ans ?Nous n’étions pas forcément plus forts ou plus mauvais, nous avons simplement réalisé qu’il nous fallait laisser tous nos problèmes de côté et nous concentrer sur le terrain, sur le tournoi.

La route vers la finale n’a pas été des plus faciles…Contre les Croates, on a eu beaucoup de mal (victoire 2-1), et contre l’Angleterre, on a beaucoup souffert aussi.

Heureusement pour l’Allemagne, vous aviez fait la passe décisive à Stefan Kuntz pour le but de l’égalisation.(Ironique) À vrai dire, je ne sais pas ce que je faisais là devant, à ce moment du match.

Vous étiez confiant au moment des tirs au but face aux Anglais, un exercice dans lequel ils ne sont pas très bons ?Non, pas spécialement. On était à Wembley, devant leur public, quand même !

En finale, les Tchèques vous ont impressionné ?On se méfiait beaucoup d’eux. Déjà, lors du match de poule (victoire 2-0 de l’Allemagne), ils nous avaient posé pas mal de problèmes. Ils nous connaissaient bien, vu qu’ils avaient quelques joueurs qui jouaient en Bundesliga. Et puis en demies, ils ont sorti la France. Il était clair pour nous qu’on ne devait pas les prendre à la légère, tandis qu’eux, ils avaient déjà réussi leur tournoi, ils n’avaient plus rien à perdre.

Mais vous, oui.Déjà qu’on avait perdu en finale de l’Euro 1992… Nous avions clairement la pression, oui. Les Tchèques étaient assez défensifs, tandis que nous, nous allions toujours de l’avant, et même si le score était de 0-0 à la mi-temps, nous y croyions, au vu des occasions que nous avions réussi à nous procurer.

En 1996, Matthias Sammer avait réalisé une superbe saison : champion avec Dortmund, champion d’Europe. Au milieu du terrain, il faisait tout. Il était techniquement au-dessus, et devant comme derrière, il dominait.

Les Tchèques ont fini par ouvrir la marque sur penalty (Patrik Berger), et puis Oliver Bierhoff est arrivé. C’est vrai que c’est la femme du sélectionneur Berti Vogts qui avait convaincu son mari de le prendre ? J’ai entendu parler de cette histoire ; comme quoi, il faut toujours écouter sa femme. Elles ont de très bonnes intuitions !

Quand vous êtes retrouvés en prolongation, aviez-vous un peu plus la pression à cause de la règle du but en or ? Il est clair qu’il fallait rester un peu plus concentré que d’habitude. Après, les Tchèques avaient décidé de ne plus prendre de risques et de constamment balancer vers l’avant.

Elle est horrible cette règle, non ?Oui, fort heureusement, elle n’existe plus.

Cette année-là, Matthias Sammer a été désigné Ballon d’or. C’est le dernier défenseur à l’avoir remporté. C’était justifié pour vous ?Absolument. Il avait réalisé une superbe saison, champion avec Dortmund, champion d’Europe. Au milieu du terrain, il faisait tout. Il était techniquement au-dessus, et devant comme derrière, il dominait. Et il savait aussi être décisif, comme lors du match contre la Croatie en quarts de l’Euro. C’était un joueur des moments importants.

Vous travaillez aujourd’hui encore dans le foot, mais à la télé. Vous présentez notamment « Doppelpass » , le talk dominical sur la chaîne « Sport1 » . C’est comment ? J’aime bien le fait d’être au milieu des acteurs du football et de modérer les discussions, même si je trouve ça plus fatigant que de jouer au foot. Il y a beaucoup de choses à préparer pour que l’émission se déroule bien, et il faut constamment être concentré, beaucoup plus que sur un terrain, être attentif à tout ce qu’il se dit, pour pouvoir rebondir du mieux possible sur les réponses des intervenants. Et ce n’est pas parce que j’ai été joueur que c’est plus facile pour moi. Après tout, je ne suis pas journaliste à la base. On traite de l’information de la veille (la journée de Bundesliga qui s’est jouée en grande partie le vendredi et le samedi), il faut se tenir au courant de tout, et être préparé aux imprévus de dernière minute. Et puis, l’émission est en direct, tu n’as pas le droit à l’erreur. C’est un gros challenge !

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