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Thomas de Pourquery : « Ibañez, je le vois bien trompettiste »

Par Matthieu Rostac
Thomas de Pourquery : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Ibañez, je le vois bien trompettiste<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À un moment, Thomas de Pourquery a dû choisir : soit il passait sa vie le bec pendu à un saxo, soit la tête entre deux piliers. Désormais chanteur du groupe VKNG (dont l'album éponyme est sorti cette année chez Naïve), le natif de Bondy évoque sa passion du ballon ovale, entre Roger Biwandu le batteur-trois-quart et la classe « atomique » de Michalak.

Avant d’être musicien, tu as joué quelques matchs avec le Stade français, c’est ça ?

J’ai fait trois matchs avec le Stade français en juniors quand j’avais dix-sept, dix-huit ans. J’avais été prêté par mon club de Vincennes, donc je ne peux pas vraiment dire que j’étais au Stade français. Mais j’ai effleuré de près une carrière… J’envisageais de me consacrer au rugby plus sérieusement parce que je m’étais fait une triple fracture du majeur droit contre une équipe anglaise en amical. Le médecin m’avait dit que ça allait être très compliqué de poursuivre le saxophone. J’ai interprété ça comme un signe : je me suis pété le doigt, je ne serai jamais musicien, donc je vais faire du rugby à fond. Je faisais le deuil de la musique, et au bout de trois mois, on s’est rendu compte que mon doigt était devenu trois fois plus fort qu’avant. Et là, un autre signe venu des enfers pour me dire de me remettre au saxophone. Une résurrection de ma vie de musicien.

Tu jouais quel poste sur le terrain ?

Je jouais talonneur. Très jeune, j’ai joué trois-quart, puis troisième ligne. Restant petit et ne faisant que grandir en largeur, je suis passé au talon. C’est un poste merveilleux parce qu’à la fois, c’est un poste d’avant : tu es au contact du ballon tout le temps, on est en soutien de chaque plaqueur, on doit suivre le jeu tout le temps ; à la fois, on est nous-mêmes trois-quarts, on vient pas seulement péter au ras. Et puis, le lancer en touche qui est quand même assez jouissif. Avec buteur, talonneur est le poste d’ultra-précision du rugby à peaufiner en dehors du jeu collectif. On en parle peu, mais il faut une sacrée technique. Déjà, faire une passe au rugby, ça se travaille. Mais quand on lance par au-dessus, c’est encore plus technique.

Un talonneur qui finit saxophoniste, c’est pas banal…

Je sais pas ! (rires) Il y a beaucoup de rugbymen – pros ou pas pros, d’ailleurs – qui sont des ingénieurs, qui ont fait de grandes études. Il y a un immense batteur qui s’appelle Roger Biwandu qui a joué en deuxième division pendant très longtemps. Il était trois-quart, mais il s’est lourdement blessé.

À l’inverse, quel rugbyman ferait un bon musicien ?

Bah moi, je suis un grand fan d’Ibañez. C’était un très grand joueur et un mec très intelligent, très fin… À la fois pianiste et déménageur de pianos, comme on dit. Je le vois bien trompettiste, les yeux fermés, dans un club de jazz ! Mais je dois reconnaître que je connais plus de musiciens qui pourraient être rugbymen que l’inverse. Maxime Delpierre, mon collègue et guitariste de VKNG, il ferait un bon ouvreur. C’est un félin qui sent bien le jeu, qui sait bien se placer dans les interstices.

Quels parallèles pourrais-tu observer entre la musique et le rugby ?

Il y en a un qui est très concret : pour ses deux métiers, ses deux activités, on dit « jouer » . Et puis, il y a cette dimension collective. On l’a vu récemment avec la victoire du Japon contre l’Afrique du Sud, un match de rugby, c’est quelque chose à plusieurs. C’est quinze mecs qui en battent quinze autres. Dans la musique, je suis moins soliste que passionné à l’idée de faire du son ensemble. De sentir que son propre son se mélange à celui des autres sur scène et que ça crée une entité à part entière, c’est magique. De la même façon que lorsque tu vois une belle action, que chaque maille fait fonctionner le filet. C’est extraordinaire. Et surtout, l’engagement : quand on joue un match, on entre sur un terrain comme on entre sur scène. Si on n’est pas totalement à 100% dedans, qu’on n’a pas réussi à se débarrasser de ses peurs, on peut se faire très mal. Quand on arrive avec le troisième œil, le public nous bouffe.

Et cette sorte de transe, aussi, un peu ? Cette faculté à se prendre des chocs qu’on n’aurait normalement pas pu encaisser ?

Exactement. C’est un acte de foi, presque. Ça n’est même pas qu’on s’oublie pour se fondre dans un groupe, c’est l’inverse : être présent pour servir le groupe. Quand je vois Bernat-Salles attraper Jonah Lomu durant la demi-finale France-All Blacks de 1999, ce petit mec qui fait tomber un golgoth, c’est ça. Ce match, c’est le plus beau moment de rugby de l’histoire, ça va même au-delà du rugby. Manquait plus que les extra-terrestres débarquent et on avait l’explication du grand pourquoi de la vie ! (rires) C’était absolument dingue ! Je me rappelle les commentateurs qui pleuraient. Et moi aussi… Même ma petite copine de l’époque, qui n’aimait pas trop ce sport et qui se retrouvait pour la première fois devant un match, a fini par pleurer devant la télé. Cet état second dont on parle a été sublimé à ce moment-là. Le don de trente mecs qui fabriquaient une espèce de chef-d’œuvre collectif. Le moment où les Français ont compris qu’ils pouvaient plaquer Lomu… Ça n’a jamais été aussi perceptible et flagrant que durant ce match. Et derrière, la course d’Olivier Magne et son coup de pied. Lui-même a dit qu’il se sentait des ailes pousser, vraiment, qu’il ne plaisantait pas. Il avait l’impression que des ailes lui avait poussé dans le dos physiquement et on le voit griller des trois-quarts All Blacks à la course.


À part Ibañez, quels joueurs t’ont marqué ?

Il y en a beaucoup ! Des mecs comme Lomu, comme Wilkinson. Des mecs hors norme. Je trouve que Michalak revient d’ailleurs avec une classe atomique, inspiré et inspirant. Et plus loin, des joueurs comme Didier Camberabero. Ils ont tous ce point commun : cette noblesse, ce flair qui sont l’apanage des grands joueurs. Il y a aussi Mike Brown, qui est incroyable… Le rugby, ça reste un jeu et les plus grands sont toujours ceux qui parviennent à s’amuser sur un terrain.

Ton pronostic pour la Coupe du monde ?

Ohlala… Le Japon ! Moi, je veux que le Japon gagne ! C’est extraordinaire. Cette victoire contre l’Afrique du Sud, c’est comme si Melun battait l’équipe du Brésil en football. C’est magnifique. Ces matchs, ce sont des symboles, des microscopes de la vie, du monde entier. Ça te montre que rien n’est impossible et que le cœur finit toujours par triompher du rouleau compresseur. Les sans-cœur doivent trembler devant le peuple amoureux. Donc j’espère que le Japon va gagner et j’attends que la France monte en puissance. Il faut qu’ils dérivent un peu plus à l’ouverture, mais on a des avants solides, une belle équipe. Allez, une finale France-Japon et on les humilie à la toute fin un peu, quand même ! Parce qu’il faut pas déconner : il faut rester chauvin.
« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

Par Matthieu Rostac

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