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Thilo Kherer, c’est l’heure

Par Simon Butel
5 minutes
Thilo Kherer, c’est l’heure

Recruté pour sa polyvalence en 2018, baladé entre la droite et l'axe de la défense parisienne depuis, Thilo Kehrer a pour la première fois de sa carrière l'opportunité de se fixer à un poste. Débarrassé de Thomas Meunier, plus expérimenté que Colin Dagba et adoubé par Thomas Tuchel, l'international allemand a aujourd'hui un boulevard pour s'imposer comme le nouveau latéral droit du PSG.

L’heureux événement est intervenu le 15 mars. Signe des temps, il n’a pas tardé à être rendu public sur les réseaux sociaux, Thilo Kehrer annonçant via un post Instagram sa signature au FC Papa, deux jours seulement avant la mise en place du confinement. Timing parfait : le défenseur du Paris Saint-Germain a ainsi eu 55 jours pour s’accommoder de ce nouveau rôle, de cette nouvelle responsabilité dont on dit qu’elle vous forge pour de bon un homme. Et si ce statut nouveau se transposait également sur le terrain, pour le numéro 4 parisien ? À voir sa dégaine à la reprise de l’entraînement, fin juin, une chose est certaine : Kehrer a aussi bûché pour ça durant trois mois.

Horizon éclairci

Oublié, le garçon un poil maigrichon tout droit sorti du chapeau de Thomas Tuchel en août 2018, date de sa signature surprise au Paris Saint-Germain contre la bagatelle de 37 millions d’euros. Celui-ci a laissé place, le 25 juin dernier, jour de la reprise des séances collectives pour l’effectif parisien, à un gaillard aux biceps bandés à bloc, presque engoncé dans son marcel d’entraînement pré-confinement. De ceux qu’on n’a pas envie de se farcir dans les duels. De ceux qui respirent la confiance. Et des raisons d’être confiant, Thilo Kehrer en a, indéniablement. Paré physiquement à aller au mastic, l’international allemand (7 sélections) semble aussi destiné à s’imposer, au moins pour les prochaines semaines, dans le onze parisien. Comment en douter ? Installé sur le côté droit de la défense dans les semaines précédant l’interruption des compétitions, notamment lors du succès face au Borussia Dortmund, le natif de Tübingen a vu durant cette trêve imposée Thomas Meunier mettre les voiles, un an après Dani Alves. Parti à Dortmund, le Belge a laissé à l’Allemand un boulevard dont Colin Dagba, désormais son unique concurrent à droite, aura bien du mal à le déloger.

Dimanche, au Havre, c’est l’Allemand que Thomas Tuchel a choisi pour démarrer sur le côté droit de la défense, dans un 4-4-2 augurant – à l’exception peut-être de la paire de récupérateurs Herrera-Paredes – le onze type parisien pour les trois matchs couperets à venir (Saint-Étienne en finale de la Coupe de France, Lyon en finale de la Coupe de la Ligue et l’Atalanta Bergame en quarts de la Ligue des champions). Mais plus encore que son impressionnant tour de bras, c’est la partition solide livrée par Kehrer qu’aura appréciée le public clairsemé du stade Océane. Sans surprise costaud dans les duels, l’Allemand s’est surtout signalé dans le jeu. Posté durant près de 45 minutes dans le camp normand, l’homme-qui-savait-jouer-à-tous-les-postes-de-la-défense a notamment fait apprécier un allant offensif de circonstance, mais aussi une jolie qualité de centre. Passeur décisif sur l’ouverture du score signée Icardi, au sortir d’un bon appel dans le dos de la défense havraise, l’Allemand aurait même pu facturer deux assists si Neymar n’avait pas envoyé sur la barre son bon centre au cordeau peu avant la mi-temps.

La crise en alliée

Compte tenu de la faible opposition havraise, cette belle copie est évidemment à relativiser. Reste qu’elle s’inscrit dans le prolongement des bonnes sorties hivernales de Kehrer. Relancé en fin d’année, après avoir loupé les quatre premiers mois de compétition en raison d’une blessure au pied, c’est dans la peau d’un titulaire que l’Allemand s’est confiné, fort de sept titularisations lors des neuf dernières rencontres parisiennes. Rien de vraiment nouveau en soi pour un garçon qui, avant de se retrouver sur le flanc mi-août, avait commencé 23 des 31 rencontres du PSG en 2019. Notamment le quart de finale de Coupe de la Ligue face à Guingamp, le 9 janvier 2019. Un match au cours duquel il avait concédé son quatrième péno en cinq mois dans la capitale, et précipité du même coup l’élimination parisienne. Suffisant pour s’attirer une volée de critiques et instiller le doute dans certains esprits. Mais pas dans celui de Joachim Löw, qui l’a conforté après cet épisode – et avant sa blessure – dans son statut de titulaire en équipe nationale, quelques mois après lui avoir offert sa première cape avec la Mannschaft, en septembre 2018.

Ni dans celui de Thomas Tuchel, qui lui a presque systématiquement trouvé une place à droite ou dans l’axe de sa défense à trois ou quatre éléments, depuis, et l’a publiquement encensé le 29 février dernier : « Il est très fiable, très fort, très agressif. » Trois qualités dont Paris aura bien besoin, et dont son poulain aura l’opportunité de faire l’étalage dans la dernière ligne droite d’une saison 2019-2020 à rallonge. Et plus si affinités ? Si Leonardo a érigé le poste de latéral droit comme l’une des priorités du recrutement estival, et envisagerait même d’en signer deux durant l’été, Kehrer pourrait bien tirer profit de la crise et de son impact sur les finances parisiennes. Et ainsi s’imposer, alors que l’axe semble promis à terme au binôme Marquinhos-Kimpembe, comme la solution naturelle à droite, la position qu’il occupe en sélection. Déjà utilisé comme une multiprise à Schalke, où il évoluait parfois à gauche ou devant la défense, mais aussi à Paris, où il n’a pas dissipé les interrogations entourant son véritable poste, Kehrer a ainsi pour la première fois de sa jeune carrière l’occasion de se poser. En bon père de famille.

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