- France
- Journée internationale des pâtes
Thierry Roland, la main à la pâte
Aujourd'hui, c'est la journée internationale des pâtes, aliment favori des sportifs, mais aussi de ceux qui les commentent. Parmi les fanatiques des macaronis et fettucini, nous retrouvons ainsi Thierry Roland, qui avait pour habitude de chercher le meilleur restaurant italien du coin à peine ses valises posées à l'hôtel partout où il passait. Comme un coq en pâte.
« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bonsoir. » Chaque soir de match, la voix mythique de Thierry Roland résonnait dans les salons de millions de Français. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que leur commentateur fétiche avait l’estomac plein de spaghettis, dévorés dans le restaurant italien qu’il s’était empressé de trouver en arrivant en ville. « Heureusement qu’il y en a partout dans le monde. En Islande, en Corée, partout ! » s’amuse encore Jean-Michel Larqué, éternel partenaire de Thierry Roland au micro comme au restau, en se souvenant de leurs innombrables visites chez les chefs italiens du monde entier. Et ces derniers ont beau proposer pizzas, bruschettas, risottos et carpaccios, Titi Roland s’en bat les nouilles. Ça sera des pâtes, et rien d’autre.
Des pâtes, des pâtes, oui mais des… spaghettis à la napolitaine
En plus d’un demi-siècle de journalisme sportif à commenter les plus grands événements aux quatre coins du monde, Thierry Roland aurait pourtant pu devenir un globe-trotter culinaire inégalable, mais les tentatives de découverte des spécialités locales n’ont pas toujours été concluantes. Larqué se souvient avoir courageusement tenté sa chance avec son acolyte lors de la Coupe du monde 2002 : « On a tenté un restaurant coréen. L’expérience a pris fin aussi vite qu’elle a commencée, et dès le lendemain on était de retour chez l’Italien » . Un amour frôlant l’obsession que Thierry Roland vivait même lorsqu’il était chez lui, à Paris, puisqu’il logeait au-dessus du San Francisco, un grand restaurant italien à deux pas du pont Mirabeau. Carlo Bianchi, le propriétaire des lieux, l’y recevait : « Il avait juste à descendre. Il venait souvent avec Jacques Vendroux et Jean-Michel Larqué. Il venait déjeuner le samedi, quand il avait match le soir » . Avec un fort penchant pour les spaghettis à la napolitaine, et un verre de Bordeaux, « car il n’aimait pas le vin italien » , précise chef Bianchi. Et forcément, chaque déplacement en Italie s’apparente à un véritable pèlerinage, avec les moments d’extase qui vont avec. Mecque des amateurs de pasta, le restaurant romain Alfredo – où est née la recette des tagliatelles Alfredo – fut le QG de Titi et Jean-Mimi lors de l’Euro 80. Séquence souvenirs et boulimie avec l’ancien capitaine des Verts : « Le premier jour, on a pris des tagliatelles Alfredo en plat principal. La deuxième fois, des tagliatelles Alfredo en entrée, puis en plat principal, et une glace au dessert. Le dernier jour, ça a été tagliatelles Alfredo en entrée, en plat, et en dessert ! » Après avoir mangé ça, on peut mourir tranquille.
Des coquillettes avec Puskàs et Platini
Un bonheur que Thierry Roland aimait partager, en invitant tous ses potes au San Francisco pour ripailler en parlant de ballon rond. Carlo Bianchi était alors invité à s’asseoir à leur table, où prenaient souvent place Michel Platini ou encore Ferenc Puskàs. « On plaisantait, on blaguait, je défendais le football italien. Ils animaient la salle avec leur bonne humeur, et le plaisir qu’ils avaient à venir partager un plat de pâtes. » Le souvenir le plus dantesque du restaurateur étant le dîner qui a suivi la victoire européenne de l’OM en 93, au cours duquel il était le seul à venir au secours de Milan, et qui s’est transformé en une gigantesque rigolade à laquelle toute la salle a participé : « Et puis quand il commençait à se marrer, avec son rire, ça devenait des moments inoubliables. » Bianchi reste également marqué par les connaissances encyclopédiques de son célèbre client : « Les joueurs, les dates, les arbitres, même dans les autres sports, il connaissait tout ! » Jean-Michel Larqué, de son côté, affirme qu’ils ne se sont jamais lassés de leurs assiettes de pâtes malgré les années passées à squatter les troquets italiens du monde entier. « Mon épouse est italienne » , avance-t-il comme argument implacable. Un bonheur simple, pour les deux hommes qui auraient dû reformer leur légendaire tandem à l’Euro 2012, et donc chercher des bons spaghettis du côté de Kiev et Varsovie. Avant que Thierry Roland ne se rétracte pour des raisons de santé. Et avant qu’il ne dise au monde son ultime : « Signora e signori, buonasera. »
Par Alexandre Doskov // Tous propos recueillis par AD