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Thierry Henry sur le banc des Bleuets, vraiment une bonne idée ?
La FFF devrait acter ce lundi la nomination de Thierry Henry au poste de sélectionneur de l'équipe de France Espoirs, vacant depuis le licenciement de Sylvain Ripoll. Une garantie médiatique, mais surtout un pari sportif avec deux rendez-vous en ligne de mire : les Jeux olympiques de Paris et l'Euro 2025.
Ce n’est plus qu’une question d’heures. Ce lundi, jour de Comex de la FFF, Thierry Henry devrait retrouver le costume de numéro 1, qu’il n’a plus endossé depuis deux ans et demi. Annoncé à Bournemouth en février 2021, pressenti pour s’installer sur le banc de la Belgique cet hiver puis cité comme possible adjoint de Julian Nagelsmann à Paris au printemps, l’ancien entraîneur de l’AS Monaco et du CF Montréal est attendu comme le nouveau sélectionneur de l’équipe de France Espoirs. « S’il dit oui, ce sera lui, évidemment, pour des raisons d’image et de statut », glissait un membre du Comex il y a quelques jours dans L’Equipe. Mauvaise nouvelle pour les abonnés d’Amazon Prime et CBS, qui devront semble-t-il se passer de leur consultant star, incontournable sur les plateaux – autant pour son expertise que pour ses vannes. La Fédé s’apprête à signer un joli coup médiatique avec un nom qui claque et une personnalité tranchant clairement avec l’austérité de l’ère Ripoll. En attendant de voir si le pari portera ses fruits sportivement.
🫠 Il fait apparemment très chaud sur Monaco !#ThierryHenry #Djorkaeff #ASMSRFC pic.twitter.com/tLvoXfAku3
— Prime Video Sport France (@PVSportFR) August 13, 2022
« Je prendrai encore des gifles »
Titi a soufflé ses 46 bougies jeudi dernier, et il a passé un bon mois d’août si l’on en croît le compte Instagram de Tony Parker : les appuis sont solides, le sens du rythme intact et le soupçon de fantaisie toujours là (sur le dancefloor en tout cas). L’ancien attaquant était d’ailleurs présent à Springfield, le 12 août, pour assister à la cérémonie d’intronisation de TP au Hall of Fame de la NBA. Des vacances, des potes, mais aussi un peu de boulot. Il s’est entretenu en visio avec Philippe Diallo, Marc Keller et Hubert Fournier le 7 août dans le cadre du processus de sélection du nouveau boss des Bleuets. Selon L’Equipe, il « a su séduire ses interlocuteurs en démontrant une connaissance parfaite du vivier français et de la génération 2002 ». Pendant son court passage d’entraîneur à l’ASM (octobre 2018 – janvier 2019), Henry a fait confiance aux jeunes en lançant Benoît Badiashile, Han-Noah Massengo, Khéphren Thuram ou encore Romain Faivre dans le bain professionnel. Adjoint de Roberto Martinez pendant plus de trois ans, il a aussi démontré sa capacité à avoir une influence sur ses joueurs chez les Diables rouges, notamment auprès de Romelu Lukaku, qui confiait être « devenu deux fois meilleur » grâce à lui.
En revanche, même s’il a emmené Montréal en play-offs de MLS (une première depuis 2016) et en quarts de finale de la Ligue des champions de la CONCACAF, son CV de coach reste bien plus léger que Jocelyn Gourvennec, Julien Stéphan et Sabri Lamouchi, qui étaient eux aussi dans la course. Henry n’a duré que 20 matchs à la tête de Monaco et a passé 29 rencontres sur le banc de Montréal, avant de démissionner en février 2021 pour se rapprocher de sa famille. Bilan général : 14 victoires, 8 nuls et 27 défaites. Sur le Rocher, il a laissé le souvenir d’un entraîneur parfois trop exigeant, incapable de s’adapter à son effectif. « Il n’est pas encore prêt à entraîner, jugeait Aleksandr Golovin en 2019. Quand les choses n’allaient pas à l’entraînement, il devenait nerveux et criait beaucoup (…) Il venait alors sur le terrain et nous montrait ce qu’il fallait faire. Il s’emparait du ballon et nous demandait d’essayer de le lui prendre. Les joueurs restaient calmes, même si certains ont peut-être été un peu choqués. Peut-être qu’il n’a pas pu faire abstraction de son passé de joueur. » Saura-t-il adapter le curseur ? « À Monaco, j’ai appris, comme j’apprends tous les jours, nous confiait l’intéressé. Je suis loin d’être le meilleur coach du monde et je n’ai jamais prétendu l’être. Je suis toujours en apprentissage et je prendrai encore des gifles. »
😜 Quand @ThibaultLeRol essaye d'en savoir plus sur l'avenir de Thierry Henry.
Titi : "Pub, pub, faut envoyer la pub !" 😂#RCLSRFC pic.twitter.com/TIwh0709md
— Prime Video Sport France (@PVSportFR) August 20, 2023
Guardiola, Rouxel et Marcel-Picot
Son aura et son charisme feront sans doute effet auprès des joueurs. Reste à voir s’il a les ressources tactiques et managériales pour porter haut les couleurs bleu-blanc-rouge. Toujours pour So Foot en 2021, Henry esquissait une vision susceptible de coller avec la gestion d’un groupe comme celui des Espoirs : « Un jour, Pep Guardiola m’a dit que son plus gros succès, sur la première année, ce n’était pas le triplé, mais d’avoir envoyé Pedro et Busquets en sélection. Ça, c’est du succès, parce qu’un entraîneur, avant tout, est là pour éduquer. Tout est là : est-ce que tu as rendu meilleur un joueur ou est-ce que tu t’es servi de lui pour te rendre meilleur ? Si tu es mon joueur demain, que tu ne sais pas relancer court, je vais t’apprendre toute l’année à le faire, même si tu fais 45 000 erreurs. Pourquoi ? Parce qu’à la fin, je t’aurai appris quelque chose. » Henry entrera vite dans le vif du sujet. La prochaine liste est attendue le 31 août, déjà : les Bleuets défieront le Danemark à Marcel-Picot le 7 septembre en amical, avant de démarrer les qualifications de l’Euro 2025 le 11 septembre en Slovénie.
Selon nos informations, quelques désaccords restent à solder, notamment sur la composition du staff, Henry souhaitant venir avec des hommes de confiance. Le résultat sera peut-être un panaché puisque Lionel Rouxel, que la fédé aimerait placer, est annoncé par Le Parisien. Un homme rompu à ce contexte puisque cela fait maintenant huit ans qu’il bosse avec les petits Bleus, s’occupant tantôt des U16, des U17, des U18 et des U19. Plutôt intelligent compte tenu de la proximité des échéances que sont les Jeux de Paris et les éliminatoires de l’Euro, qui s’étaleront jusqu’en octobre 2024. Au vu du potentiel de cette équipe, Henry a le matériel nécessaire pour faire bien mieux que son prédécesseur, qui a terminé son mandat par deux quarts de finale à l’Euro et une élimination au premier tour des Jeux olympiques de Tokyo. « Traitez-moi de fou si vous voulez mais j’adore le football et je crois que je peux être un entraîneur à succès », assumait-il auprès du Telegraph à l’été 2019. Sur le papier, il apparaît néanmoins comme un candidat populaire et médiatique, plus que purement technique. Pour le moment, en tout cas.
Par Quentin Ballue