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Thiago Silva, le scénario d’une rechute
Excellent depuis le début de la Copa América, Thiago Silva s'est écroulé en quart de finale contre le Paraguay. À tel point que l'on peut craindre une nouvelle dépression pour le capitaine du PSG, un an après le drame du Mondial au Brésil. La suite d'un super film dont on connaît déjà le scénario.
Isabele éteint sa télévision. Les yeux dans le vide, elle reste quelques instants prostrée dans son canapé face à l’écran noir. Le silence assourdissant qui a envahi son bel appartement parisien n’est interrompu que par les brefs ronflements de ses fils, Iago et Isago. Il est 1h30 à Paris, dans la nuit du 27 au 28 juin. Son mari, Thiago Silva, vient de replonger.
Thiago Silvapas
Auteur d’une main incompréhensible provoquant un penalty et l’égalisation du Paraguay en quart de finale de la Copa América, Thiago Silva n’ose pas se présenter ensuite face au gardien Justo Villar lors de la séance de tirs au but. À genoux, il assiste impuissant à l’élimination prématurée du Brésil. « Je ne vais quand même pas devoir rappeler Papus, si ? » , se demande alors Laurent Blanc, en vacances au Cap-Ferret avec Christophe Dugarry et Pierre Ménès.
Car Thiago Silva se remet à peine d’une dépression de plus de six mois provoquée par le drame du Mondial 2014. La rechute n’en est donc que plus violente. Après un mois de vacances au Brésil, le joueur de trente ans rentre à Paris pour démarrer sa préparation physique. Si, dans le vestiaire, il assure que tout va bien, ses coéquipiers ne sont pas dupes. « Hier soir, on est tombés sur une rediff’ de notre huitième de finale face à Chelsea. Et dès qu’il a revu les images de sa boulette en prolongation, Thiago est parti s’isoler dans la cuisine avant de revenir en se mouchant, les yeux rougis. Il n’a même pas tenu jusqu’à son coup de tête… » , confie l’un de ses meilleurs amis dans le groupe. « Et puis il faut voir comment il se traîne sur le terrain à l’entraînement. Certains le surnomment même Thiago Lugano » , souffle un autre, visiblement inquiet.
Une lose contagieuse
Inquiétude justifiée. Pour son match de reprise lors de la cinquième journée de Ligue 1, le 12 septembre contre Bordeaux, Thiago Silva n’est que l’ombre de lui-même. Relances hasardeuses, mauvais placements, le Parisien multiplie les erreurs. Pire, d’habitude si fort dans les un contre un, il prend le bouillon face à Diego Rolán et le PSG concède son quatrième nul de la saison, sous les sifflets du public du Parc des Princes qui commence à militer pour un retour de Thiago Sylvain au club.
Surtout que la méforme de Silva commence à déteindre sur ses coéquipiers, et en particulier sur ses partenaires brésiliens. Repositionné devant la défense après le départ de Thiago Motta en toute fin de mercato, David Luiz n’a pas la vision du jeu de l’Italien, et encore moins son sens du vice. Rattrapé par l’acné et contraint de porter un nouvel appareil dentaire, Marquinhos se fait tout petit et ne parvient pas à compenser la médiocrité de son partenaire en charnière centrale. Lucas a perdu ses derniers cheveux en voyant que même Robinho marquait des buts avec la Seleção et se morfond sur le banc de touche depuis l’explosion du jeune Jean-Kevin Augustin. Alors que Maxwell, lui, profite de la non-concurrence de Lucas Digne pour jouer sur un rythme de sénateur.
Sportifs fragiles anonymes et Richard Gasquet
De son côté, Thiago Silva enchaîne les prestations décevantes, et joue pourtant tous les matchs. Normal, Laurent Blanc est déjà à court de solution et croise les doigts pour qu’un temps de jeu important redonne confiance à son « monstre gentil » . Mais le 17 novembre, lors d’un déplacement à Wolfsburg en phase de poules de la Ligue des champions, l’adducteur droit du capitaine parisien lâche. Out trois mois, le Brésilien profite de ce repos forcé pour échanger avec d’autre sportifs jugés « fragiles » . Histoire de se rassurer, il demande à rencontrer Richard Gasquet dans un salon du Parc des Princes, alors au fond du trou depuis sa défaite en cinq sets au deuxième tour de Wimbledon, alors qu’il menait deux manches à zéro, break dans la troisième.
Réconforté par le numéro un Mondial de la lose, Thiago Silva reprend du poil de la bête et se permet même d’envoyer un tweet à Neymar pour le prévenir qu’il compte bien lui reprendre son brassard de capitaine. De retour à la compétition début mars, O Monstro réalise deux prestations majuscules contre Arsenal en huitièmes de finale de la Ligue des champions. À tel point que même l’élimination au tour suivant contre le Barça sur un doublé de Neymar ne fusille pas son moral. Cette fois, il en est convaincu : la dépression est derrière lui et, si la Copa América 2016 est vraiment annulée, le PSG pourra enfin brandir la coupe aux grandes oreilles en 2017.
Par Quentin Moynet