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Thiago Silva, annus horribilis
2014 aurait dû être l'année du sacre pour Thiago Silva. Avec son Brésil dont il était le capitaine, il était programmé pour être champion du monde. Au lieu de ça, le Parisien aura passé son été à chialer après s'être économisé tout le printemps pour finalement se blesser bêtement à la reprise. Et pour couronner le tout, Dunga vient de lui retirer le brassard du capitaine du Brésil. Tout va bien.
« Féliciations Zlatan Ibrahimović, tu mérites encore mieux !! Meilleur buteur de l’histoire de la Suède !! C’est un plaisir de jouer avec toi… Que Dieu te bénisse mon frère. » Pendant que Zlatan Ibrahimović devenait le meilleur buteur de l’histoire de son pays, Thiago Silva, blessé, se paluchait sur son coéquipier depuis son canapé. En un message, le capitaine officiel du PSG a rendu hommage au patron officieux des champions de France. Drôle quand on sait que la venue des deux joueurs en provenance de l’AC Milan ne s’inscrivait pas dans la même logique à l’été 2012. Zlatan Ibrahimović était là pour faire parler et médiatiser le projet PSG quand le Brésilien devait en être le patron technique et sportif.
Deux ans après, le Z a rempli son cahier des charges ainsi que celui de son pote, pendant que le « Monstro » commence à irriter certaines mauvaises langues. La faute à cette saloperie d’année 2014 qui vient de mettre à mal le CV de celui que l’on osait présenter encore il y a peu comme le « meilleur défenseur du monde » . Aujourd’hui, on évite ce genre de raccourci clavier invérifiable. Mais comment ce merveilleux joueur a-t-il pu arriver au cœur des moqueries ? Le coup de grâce est venu du Brésil. Nouveau sélectionneur, Dunga a déjà mis sa patte sur la sélection auriverde. Thiago Silva n’est plus le capitaine. C’est Neymar. Une page se tourne. En même temps, il fallait absolument passer à autre chose après l’été meurtrier qu’a connu l’équipe cinq fois championne du monde. Tout un pays s’attendait à voir son équipe nationale devenir championne du monde à la maison. Thiago Silva le premier, lui le capitaine si fier et si pieux. « S’il faut mourir pour Neymar, je le ferai » , disait-il dans les colonnes de L’Équipe Magazine en février. À ce moment-là, le stoppeur tenait encore la route. Il avait commencé la saison tranquillement. Son sens du placement et sa vision du jeu suffisaient à museler les attaques de Ligue 1 même si des Hauts-Savoyards s’étaient amusés de lui en décembre. Une alerte ? Un accident plutôt. Mais plus le Mondial approchait, plus le joueur semblait s’économiser. Il jouait sur ses acquis. Facile. Parfois un peu trop.
Chelsea, premier coup de blues
Puis est arrivée la double confrontation face à Chelsea. Là, difficile de faire semblant. À l’aller, il déglingue Oscar et provoque un penalty. Au retour, il n’arrive pas à devenir le patron du PSG en l’absence d’Ibra, blessé à l’aller et laisse Mourinho prendre le chemin du dernier carré. Un dernier carré que lui n’a jamais connu. 120 minutes quelconques et indignes de son talent et de son prix. Mais bon, il a le Mondial pour se rattraper. Cette blague. La Coupe du monde va être la goutte d’eau qui va faire déborder ses yeux. Des larmes. Voilà ce que l’on va retenir des six matchs disputés par le Monstre au pays. C’est simple, Silva a passé sa Coupe du monde à chialer. Avant les hymnes, pendant les hymnes, pendant la séance de tirs au but, pendant la terrible demi-finale qu’il regarde depuis les tribunes puisqu’il a trouvé le moyen de se faire suspendre bêtement. Le Brésil doit même faire appel à des psychologues pour que les joueurs gèrent mieux leur stress. Logiquement, on pense à Silva. Au pays, on parle de capitaine indigne. De pleureuse. Quand il faut mettre les valseuses sur la table, le Parisien est ailleurs. De cadre supposé, il n’en a ni les épaules ni le charisme. C’est juste un bon joueur de football.
Pour vite passer à autre chose, le Brésilien décide d’accélérer son retour à la compétition et s’entraîne au Brésil pendant ses vacances. Il est de la partie à Reims pour la première journée de championnat. Le PSG en prend deux dans le buffet. Silva est encore en rodage. Logiquement, il se claque à Naples, en amical, trois jours plus tard, sur une talonnade dans sa surface. Quelle rigolade. Comme en 2012 et en 2013, ses cuisses ne tiennent pas le coup. Trop fragile. Son absence est un désastre pour le club parisien. Oui mais non. Sans lui, le PSG n’a jamais perdu en Ligue 1 depuis août 2013 (5 victoires, 2 nuls). Car au PSG, il n’y a qu’un seul patron et capitaine, c’est Zlatan Ibrahimović. Thiago Silva ne s’est pas trompé en félicitant son coéquipier. Le taulier, c’est Ibrahimović. À tel point que depuis un mois, l’absence du « meilleur défenseur du monde » passe inaperçue dans la capitale et au Brésil. Saloperie d’année.
Par Mathieu Faure