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Thiago Motta, masia blues
Post-formé au FC Barcelone, Thiago Motta retrouve son premier club européen avec un sentiment de revanche permanent bien caché au fond de lui. Parce qu'en vérité, le gaucher n'a jamais vraiment réussi à s'imposer au Barça.
Bug de l’an 2000, lors d’un match de Ligue des champions entre le FC Barcelone et l’AS Roma, Thiago Motta était titulaire au milieu de terrain catalan où il officiait en binôme avec un certain Luis Enrique, aujourd’hui entraîneur du Barça. Parce que oui, l’actuel numéro 8 parisien a été formé à Barcelone. Ou tout du moins post-formé, comme on aime dire dans les soirées mondaines. Quand on voit jouer le Parisien, on a du mal à se dire que le gaucher a débuté à la Masia. Dans son jeu, sa mentalité et dans le vice, Thiago Motta est un Italien. Un vrai. Mieux, Motta est un milieu « José Mourinhien » . Rien d’étonnant à voir le gaucher être l’un des hommes de base du Special One lors de la formidable saison de l’Inter en 2010. Mais au final, Motta est et restera un môme du FCB.
Alors jeune crack de Juventude, le gaucher est repéré par Llorenç Serra Ferrer durant l’été 1999. Motta a 17 ans et déjà des Mizuno aux pieds quand il découvre la Catalogne. Le Brésilien commence par faire ses classes avec l’équipe B des Blaugrana, avant de découvrir le monde des grands en octobre 2001 face à Majorque. C’est Rexach qui lance le milieu de terrain de 19 ans. Dans sa promo, on retrouve Víctor Valdés, Mikel Arteta, Pepe Reina ou encore Fernando Navarro. C’est l’époque du FCB batave, celui de Kluivert, Overmars, Cocu, Reiziger et De Boer. Très vite, le jeune Motta fait forte impression. Deux ans après le jeune Xavi et peu de temps avant l’arrivée du frêle Iniesta chez les pros, le FCB sort un nouveau milieu de terrain de sa manche en la personne de Motta. Et ses débuts sont prometteurs. Très vite, le Nou Camp se régale du Brésilien au passeport italien. Conduite de balle facile, vision du jeu à 360 degrés, jeu au sol, passe dans les petits espaces, le numéro 28 est délicieux et s’adapte très vite au style de jeu du Barça. Au point que le nouveau coach barcelonais, le Serbe Radomir Antić, en fait sa clé de voûte de l’entrejeu lors de la saison 2002-2003. Le gaucher est même titulaire lors du quart de finale de C1 perdu contre la Juventus Turin. Il est insouciant. Jeune. Fou. Il a une carte à jouer dans ce gros collectif : « Quand je suis arrivé en équipe première, en 2001 (à 19 ans, ndlr), j’avais des doutes : est-ce que j’aurais le niveau de Kluivert, Luis Enrique, Cocu ? Quand j’ai vu que je pouvais y arriver, je me sentais, moi aussi, important » déclare le joueur dans les colonnes de France Football l’an dernier. Tout semble rouler pour lui. C’était trop beau.
Puis le genou céda…
Difficile de dire quelle tournure aurait pris la carrière de Thiago Motta si les ligaments de son genou n’avaient pas lâché le 11 septembre 2004. Le gaucher se flingue en plein match et va mettre huit mois avant de revenir. Il ne sera plus jamais le même. La suite de sa carrière au Barça va osciller entre rechutes (orteil, genou) et concurrence (Deco, Edmilson, Xavi, Yaya Touré). Même s’il braque deux Liga (2005 et 2006) et une Ligue des champions (2006), il ne jouera qu’un rôle de joker de luxe dans le Barça de Rijkaard. Le Batave lui préfère Xavi, Deco ou même Iniesta. Pourquoi ? Parce qu’il a devant lui des génies et, surtout, parce que Motta est dingue. Au sein du Barça, certains présentent le joueur comme une brute, un mec qui préfère jouer avec ses coudes et sa bouche plutôt qu’avec ses pieds et son cerveau. Dans un club qui n’aime pas tellement les gros bras, ça ne passe pas. Ses bons débuts ne suffisent plus à lui assurer une place dans la rotation barcelonaise. Il doit partir. Comme par hasard, c’est l’Italie qui va le (re)mettre brillamment en scène. Le Genoa, puis l’Inter vont faire de Motta un joueur unique. Brillant. Moderne. D’ailleurs, lui se définit avant tout comme un milieu de terrain transalpin. « Je me considère comme un milieu moderne qui se retrouve dans des profils de joueurs comme Pirlo ou De Rossi, capables de défendre et de construire le jeu. Je n’ai aucun problème d’ordre tactique. Il m’importe juste d’être en bonne santé » , lâche-t-il à son arrivée à Paris en janvier 2012. Sept ans après son départ de Catalogne, le gaucher va retrouver ses anciens copains de promotion sur la pelouse du Parc des Princes. Au fond de lui, dans ce PSG qui se veut être une « copie » du Barça, Motta espère tuer le père. Pour cela, il peut se servir de son énorme match du Nou Camp de 2013. Ce soir-là, Thiago Motta avait été grand. Ce soir-là, il avait été barcelonesque.
Par Mathieu Faure