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Thiago Alcántara, la déchéance d’un crack

Par Robin Delorme, à Madrid
Thiago Alcántara, la déchéance d’un crack

Promis à un avenir radieux, Thiago Alcántara peine à confirmer. Outre l'embouteillage barcelonais du milieu de terrain, le système catalan semble trop rigide pour le fils Mazinho. Alors, Thiago « trop fort » pour le Barça ? Tentative de réponse sur fond d'incompréhension.

Mais que vaut vraiment Thiago Alcántara ? La question est redondante. Les doutes persistants. Très tôt annoncé comme le crack de sa génération, l’aîné de la fratrie do Nascimiento trime pour gagner du temps de jeu. Apparu à 27 reprises cette saison, il se refait actuellement la cerise lors de l’Euro espoir. Brassard au biceps, il officie comme guide des U21 espagnols. Un rôle à mille lieux de sa situation barcelonaise. Contraint à jouer les utilités, Thiago est souvent relégué au bout du banc du Nou Camp. Et ses blessures récurrentes n’expliquent pas tout. Entre Xavi, Iniesta et Fàbregas, il ne ramasse que les miettes. Un gâchis, car son profil amphibie allie fulgurance individuelle et sens collectif. De quoi apporter des solutions à un Barça raillé pour son manque d’alternative au toque. Avec un FCB en manque de cash, c’est pourtant vers la sortie qu’est poussé Thiago. Retour sur le parcours tortueux et l’émancipation ratée du fils de Mazinho. Pour le moment.
Plus salsa que tango
Né en Italie, couvé au Brésil, c’est en Espagne que Thiago parfait son jeu de jambes. Débarqué à cinq ans en Galice, il suit son père, tout nouveau joueur du Celta Vigo. À l’E.D. Val Miñor Nigrán, Javier Lago devient son premier entraîneur. Ce dernier se rappelle de quelqu’un « au caractère très brésilien : il est toujours content, souriant, extraverti » : « Il faisait partie d’un très bon groupe. Ils étaient tous amis, et je crois même qu’ils se voient encore aujourd’hui. Mais par dessus tout, Thiago était un gros bosseur. » De ce melting-pot italo-hispano-brésilien, c’est la branche sud-américaine qui prend le pas. À ses débuts, le jeune Alcántara époustoufle son monde par sa technique et sa vista. « Il était capable de faire des choses avec le ballon qu’aucun gamin de son âge ne pouvait faire. Il contrôlait et dominait le ballon, il était imprévisible » , décortique son coach du Val Miñor Nigrán. Le labeur aidant, il devient « un alliage entre la rigueur tactique italienne, le sens collectif espagnol et la technicité brésilienne » .
Avec l’E.D. Val Miñor Nigrán, Thiago remporte, entre autres, un championnat régional au nez et à la barbe du voisin de Vigo. Mieux, « lors d’un tournoi international, on affrontait le Real Madrid en demi-finale. Nous avons gagné 5-3. Grâce à qui ? Je te laisse deviner… » , plaisante le señor Lago. Sa réputation grandissante pousse la Maison Blanche, mais aussi Valence, l’Espanyol et Villarreal à s’intéresser au phénomène. Finalement, c’est le Barça qui remporte le lot. À treize ans, il enfile donc la liquette blaugrana. Au sein de la Masia, il connaît une croissance rectiligne. En 2007, il s’ouvre les portes de la réserve barcelonaise. « Tous les préceptes blaugrana lui ont été appris à la Cantera. Techniquement, il n’a plus de faille, il voit bien le jeu, sait alterner entre le collectif et ses fulgurances personnelles » , analyse Javier Lago. Un 17 mai 2009, tout juste majeur, il officialise sa première apparition chez les grands. En décembre de la même année, il intègre l’effectif des A à plein temps. Pep Guardiola lui tresse alors des louanges : « C’est un joueur merveilleux, très bon en un-contre-un. Parfois, il vous sort des gestes qui vous font dire « wouah ». Il a quelque chose de spécial. »
Prisonnier du toque
À trop cultiver cette palette artistique, la comète Alcántara perd de sa splendeur. Malgré des sorties convaincantes, sa progression s’enraye. Avec la prise de pouvoir de Tito Vilanova à l’été, elle s’arrête même net. En proie à des soucis musculaires, il s’abonne à l’infirmerie. Son retour se fera lui sur le banc. Point, à la ligne. Car depuis, il n’a joué que les bouche-trous. Peu adepte du turn-over, Tito Vilanova préfère laisser Xavi et Iniesta s’époumoner face à Osasuna et compagnie. Son seul gros match de l’année, il le fera face à Getafe. Auteur de deux passes décisives, Don Andres le gratifiera d’un « Thiago a été génial, sensationnel. Il a donné deux buts alors qu’il aurait pu les marquer. » Deux semaines plus tard, il sera remis aux oubliettes. La faute à une concurrence exacerbée mais pas que. De par ses caractéristiques, Thiago Alcántara est difficilement assimilable dans le sempiternel 4-3-3 du Barça. « Thiago est un « jugadorazo » qui n’a pas sa place dans ce système, juge Javier Lago. Lui doit se trouver à la baguette, dans une position qui n’existe pas au Barça. Bon, après, il peut apprendre et gagner en maturité. C’est ce qui lui manque par rapport à Xavi et Iniesta. »
Mais qui, du Barça ou de Thiago, doit s’adapter ? Selon son formateur, « il joue un cran trop reculé au Barça. Il est beaucoup plus dangereux lorsqu’il est plus haut. Thiago doit être plus proche de la surface de réparation pour que ses différences soient décisives. On doit lui donner de la liberté pour qu’il s’exprime. Par exemple, il aime le dribble. Mais au Barça, s’il joue plus bas et qu’il perd le ballon, ça devient tout de suite dangereux. Alors il se bride. » En résumé, Thiago Alcántara est prisonnier d’un système immuable auquel Tito ne déroge jamais. Car contrairement à son mentor Pep, l’actuel entraîneur catalan n’a jamais changé ses plans de bataille. Ou trop rarement. L’arrivée de Neymar et de ses one man show donneront une idée de la tournure tactique adoptée par le capitaine du bateau. Pour autant, le navire de Thiago devrait hisser pavillon dans un port qui n’a rien de méditerranéen. À la dèche pour s’offrir un central, le Barça doit vendre. Et la valeur de 20 millions d’euros du bougre n’est pas anodine. « Si j’étais Thiago, avec les opportunités qui s’offrent à lui comme celles de Manchester United ou du Real Madrid, j’essayerais de changer d’air » , conclut Javier. Un avis difficilement contestable pour un crack en perdition.

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Par Robin Delorme, à Madrid

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