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Therapie Taxi : « Nicolas Savinaud a proposé de me prêter un maillot »

Propos recueillis par Maxime Brigand
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Supporter du FC Nantes, dont il porte le maillot sur scène, Raphaël, membre du groupe Therapie Taxi, raconte son coup de cœur tardif avec le foot.

Comment on tombe amoureux du FC Nantes ?C’est bizarre, en fait. Surtout quand t’es un mec qui vient d’Avignon et qui n’a jamais habité à Nantes. Moi, au collège, je ne suivais pas du tout le foot, j’étais dans le skate. À l’époque, tu ne pouvais pas être à la fois sur le skate et dans le foot. Puis, au lycée, j’ai commencé à m’intéresser à la chose. Mon meilleur pote Pierrot était fan du FC Nantes, ça a commencé comme ça : à force qu’il me casse les oreilles avec Babović.

Le truc, c’est que tu tombes dedans au pire des moments.Clairement, j’arrive alors que le club est au milieu de l’ascenseur entre la Ligue 1 et la Ligue 2. Et je me retrouve à passer mon lundi soir devant Eurosport, à regarder une équipe qui a un niveau… bref. Sauf que je me laisse attraper par le truc, je me fais doucement contaminer par la passion de mon pote et je découvre progressivement tout le tableau : le club historique, le jeu à la nantaise, le côté authentique, noble de cette institution-là…

Et tu rattrapes tout ton retard ?Je ne sais pas trop… Mais je me construis ma propre culture foot comme tout le monde en lisant pas mal de choses, en découvrant des images du passé, et je me fabrique de nouveaux traumatismes. Typiquement, la panenka de Landreau, en 2004, je ne l’ai pas vécu en direct, parce que je ne suivais pas le foot à l’époque, mais c’est devenu un événement marquant.

Tu es allé au stade quand même ?Oui, bien sûr. J’y étais l’année dernière pour un Nantes-Bordeaux (0-1) horrible. La Beaujoire, c’est pas mal, même si je n’ai pas encore trop eu l’occasion d’y aller.

Il y a des joueurs qui sont devenus des repères ?Moi, le mec qui m’a vraiment fait kiffer, c’est Djordjevic. Dès qu’il a commencé à vraiment marcher en Ligue 2, on a compris qu’on avait trouvé un mini crack. Et il a confirmé l’année suivante, en Ligue 1, celle avant qu’il file à la Lazio. Comment tu voulais retenir un mec comme ça ? Impossible. Lui, c’était mon vrai frisson.

Le mec qui m’a vraiment fait kiffer, c’est Djordjevic. Dès qu’il a commencé à vraiment marcher en Ligue 2, on a compris qu’on avait trouvé un mini crack. Et il a confirmé l’année suivante, en Ligue 1, celle avant qu’il file à la Lazio. Comment tu voulais retenir un mec comme ça ? Impossible.

Après, j’en ai eu des furtifs : Darcheville, par exemple, que j’avais été voir à Avignon quand Nantes était venu, je m’étais persuadé que c’était encore un héros. Quand je l’ai vu au stade, j’ai surtout vu un mec qui n’avançait plus.

Arles-Avignon, tu n’as jamais accroché ?Jamais. Le seul joueur qui m’a attrapé, c’était Ayew, évidemment. Sinon, je n’ai jamais rien ressenti pour ce club, même si la montée était assez belle à voir. Tu sais que tu n’accroches pas avec un club quand tu vas au stade pour voir ses adversaires. Et il ne faut pas oublier le stade hein, je te parle d’un truc terrible, le Parc des Sports d’Avignon, avec le bleu et jaune… Ce club, c’était assez paradoxal parce qu’il jouait à Avignon sans avoir rien d’Avignon. La montée, c’était Arles, et Avignon, c’était juste pour pouvoir jouer les matchs au Parc des Sports. Résultat, t’as juste quelques mecs d’Avignon qui se sont réveillés un matin en se disant : « Putain, on a un club qui marche un peu chez nous quand même… et si on allait le supporter ? » Sauf que ça ne sortait de nulle part. C’est compliqué de te sentir impliqué dans un club monté de toutes pièces et je me mets à la place des supporters d’Arles, qui ont dû tomber de haut. À Avignon, à part filer le stade, on n’a rien apporté.


Quand on ne commence à aimer le foot qu’à quatorze ans, on n’a pas quelques regrets ?J’ai toujours eu un rapport assez particulier au foot, en fait. Je crois que c’est devenu un lieu un peu rassurant pour moi, dans lequel il m’arrive parfois de me réfugier. Et si on reste dans cette idée, je sais que j’ai un regret immense, parce que je sais que j’aurais adoré vivre ce match-là en live, c’est le Milan-Liverpool de 2005. Ça, c’est un manque, et quand tu connais déjà le scénario, c’est beaucoup moins fort de te le remettre dix ans plus tard.

Toi, c’est quoi ton pic de supporter du coup ?Probablement les retours du FC Nantes en Ligue 1. Après, quand on se pose devant les matchs, on sait qu’on ne va pas en prendre plein la tronche : globalement, c’est souvent du foot hyper efficace, assez moche. J’ai l’impression qu’il y a souvent eu un accent mis sur la préparation physique, ce qui est très bien pour la première partie de saison, mais qui ne fonctionne souvent plus lors de la seconde… C’est une histoire de cycles qui se répètent. Mais cette année, ça joue, enfin, un peu. Et c’est cool ! Quand tu vois des mecs comme Boschilia ou Sala, tu te dis que tu vas prendre un peu de plaisir et que tu vas avoir une équipe avec du caractère, ce qui n’a pas toujours été le cas ces dernières années. Je pense que c’est l’idée de supporter une équipe qui a beaucoup à accomplir qui me plaît.

Et le concept de supporter, du mec qui épouse des valeurs, une histoire, qui fait tous les déplacements, dont la vie est rythmée par son club, tu le comprends ?Oui, parce que c’est un sentiment d’appartenance comme un autre et qu’il faut le respecter, même si je sais que je ne ferais pas tous les voyages à l’extérieur, même si j’en avais la possibilité. Un stade, c’est finalement assez similaire à une salle : tu as un côté show qui est présent, une osmose, une forme d’extériorisation collective qui se retrouve dans les deux. Mais de là à se taper douze heures de bus, bourré, pour aller à Nice ? Pas sûr, t’as quand même une diagonale de l’enfer à traverser.

Un stade, c’est finalement assez similaire à une salle : tu as un côté show qui est présent, une osmose, une forme d’extériorisation collective qui se retrouve dans les deux. Mais de là à se taper douze heures de bus, bourré, pour aller à Nice? Pas sûr, t’as quand même une diagonale de l’enfer à traverser.

Tu n’as jamais pris d’insultes en arrivant sur scène avec le maillot de Nantes ?Il y a quelques semaines, on est allé faire un concert à L’Étage, à Rennes. Il y a deux ans, pour les Transmusicales, je m’étais retenu, mais là, je me suis dit qu’il fallait que je le fasse. Finalement, j’étais un peu déçu : comme on a un public qui n’en a majoritairement rien à faire du foot, ça n’avait pas l’air de déranger plus que ça… (Rires.) En revanche, quand on va au Stéréolux de Nantes, là, c’est le bordel ! D’ailleurs, Nicolas Savinaud m’a proposé de me prêter un maillot pour le prochain concert.

Et ça n’a jamais dérangé les autres membres ?J’avoue qu’au départ, Adélaïde m’a demandé ce qu’était ce jaune qui déchire les yeux. Après, ils n’ont pas le choix ! Et finalement, elle a acheté un petit maillot du FC Nantes pour m’accompagner au Stéréolux.
Une tournée, c’est pas trop compliqué pour suivre les matchs ?Si, mais j’ai aussi la chance que Nantes joue souvent le dimanche pour l’instant. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est plutôt bien fait. Après, durant la Coupe du monde, j’ai été obligé de m’arranger, je sautais des interviews notamment. C’est ce qu’il s’est passé pour France-Argentine par exemple. Et le truc cool, c’est que notre concert a commencé juste après le match : faire un concert après un tel scénario, c’est assez incroyable.

Dans cet article :
Lens renverse miraculeusement Nantes au terme d’un scénario fou
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Propos recueillis par Maxime Brigand

Hit Sale Xtra Cheese, la réédition du premier album de Therapie Taxi, est disponible depuis le 16 novembre.

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