Tu as intégré le centre de formation de Caen à 12 ans, tu y es resté combien de temps ?
Je suis resté là-bas pendant cinq ans, jusqu’à l’âge de mes 18 ans. Je n’ai pas pu rester au club. Le club a dû faire des choix parce que quand tu es au centre de formation, c’est le système des pyramides. On est nombreux au départ et moins à l’arrivée. Quand il a fallu passer 18 nationaux et réservistes pros, il fallait faire des choix dont je n’ai pas fait partie. J’ai dû changer de club et me réorienter.
Tu es parti où ?
Alors, le premier club que j’ai fait, c’est un club de CFA2 dans la région qui s’appelle Mondeville. J’étais avec l’équipe première, ça jouait en CFA2 à l’époque. J’étais le plus jeune de l’équipe. L’intégration n’a pas été facile dans le sens où j’étais habitué à jouer avec des jeunes de mon âge, mais ça va, ça ne s’est pas trop mal passé.
Tu es resté combien de temps à Mondeville ?
À Mondeville, j’ai fait un an seulement. Après, c’était difficile parce que c’était l’année du bac, donc il y a plein de choses qui sont entrées dans ma tête. Je passais mon bac en même temps que j’évoluais en CFA2.
Et tu l’as eu ?
Non, je ne l’ai pas eu la même année. J’étais au rattrapage et j’ai échoué malheureusement. Du coup, je l’ai repassé l’année suivante. J’ai eu un parcours assez chaotique, comme on dit. J’ai dû arrêter, reprendre. C’est surtout qu’en étant jeune, j’étais déterminé pour être pro. On était à un âge où on était à fond dedans. On était au porte de notre premier contrat professionnel à tous, même si on ne pouvait pas tous passer professionnel, parce qu’un groupe, c’est 30 joueurs et il y en a 5-6 maximum qui passent professionnel si la promotion est bonne. Voilà, moi, j’y croyais, mais ça n’a pas marché.
Il y avait Benoît Costil et Yoann Gouffran dans ta promotion…
Ouais, d’ailleurs, c’étaient les deux meilleurs joueurs de l’équipe. Quand je vois leur ascension aujourd’hui, je ne suis pas surpris. J’ai fait tout mon cursus avec eux. Enfin, Yoann est arrivé un an plus tard. C’était la génération 86-87. Benoît était un 87. J’ai joué avec des joueurs comme Youssef El-Arabi aussi, qui joue maintenant à Grenade, ou encore Joël Thomas, qui est maintenant au Dinamo Bucarest. De très bons joueurs aussi.
Tout le monde s’entendait bien au centre de formation ?
Il y avait une très bonne ambiance, c’était un état d’esprit de groupe qui était au top. On était l’une des meilleures générations du centre à Caen. Notre formateur nous a avoué qu’on avait une bonne promotion.
Tu joues encore aujourd’hui ?
Je joue à Nanterre, pour le plaisir, en DHR (Division d’honneur régional). Je joue toujours au milieu de terrain. Un peu dans le style Lassana Diarra – Abou Diaby.
Et tu es toujours en contact avec les anciens du centre de formation ?
Sans te mentir, heureusement qu’il y a les réseaux sociaux. Mais je ne les ai pas au téléphone ni rien. Entre ceux qui sont en Espagne, Roumanie, Angleterre… C’est pas évident.
Caen, c’est ton équipe de cœur, toi qui est originaire de Normandie ?
Oui, parce que j’ai tout fait là-bas. J’étais à l’école, j’ai joué au foot, j’ai grandi là-bas. Je les suivrai toujours, mais après j’ai toujours été fan du Paris Saint-Germain. Quand j’étais petit, mon père suivait le PSG. Du coup, je les ai suivis aussi. Je suis d’abord un fanatique de football avant tout. Si l’équipe de Marseille est bonne, je le reconnais.
Qu’est-ce que tu penses du PSG de cette année ?
Le PSG sera champion. Leur effectif est conséquent, beaucoup plus que leurs concurrents en Ligue 1. Après, pour la Ligue des champions, ils n’ont pas eu de chance l’an dernier et ils manquaient d’expérience. En tout cas, j’y crois, mais il faudra déjà voir ce qu’ils vont faire au prochain match au Nou Camp.
Tu n’as jamais eu l’opportunité de jouer au centre de formation du PSG ?
Non. J’étais bien à Caen, j’étais parti pour grandir et évoluer à Caen. Je ne les ai d’ailleurs jamais joués, les Parisiens. Les équipes que l’on affrontait généralement,, c’était Lille, Lens, Le Havre. Le Havre, c’était le derby. J’ai joué contre Rennes aussi qui avait Sylvain Marveaux et Yoann Gourcuff. Le centre de formation, ça reste un excellent souvenir, mais c’est du passé. Aujourd’hui, j’ai 28 ans, de l’eau a coulé sous les ponts.
Concernant ta vie d’écrivain, il paraît que si tu étais bon en français, tu n’aimais pas lire. Comment quelqu’un qui n’aime pas lire se met à écrire des livres ?
C’est étonnant, effectivement. J’ai commencé à écrire parce que j’avais des soucis familiaux. À cette époque-là, ça n’allait pas très bien avec ma mère avec qui j’étais à la maison, j’avais besoin de me confier, mais il n’y avait personne autour de moi. Je suis en quelque sorte l’aîné de ma famille. J’ai deux petites sœurs derrière moi et ma grande sœur a quitté la maison assez tôt. J’avais personne à qui me confier, avec qui discuter, donc je me suis mis à écrire. Pourquoi à écrire ? Parce qu’en fait, j’aime bien l’écriture. Mes maîtresses me le disaient d’ailleurs. J’écrivais pour le plaisir. Du coup, quand il fallu communiquer avec une personne que je n’avais pas, j’ai communiqué avec des feuilles blanches.
Tu as écrit une autobiographie (Sur le terrain comme dans la vie) et un recueil de nouvelles poétiques (Les articles de Théo), on ne se trompe pas ?
Oui voilà. J’ai écrit un roman de style autobiographique où je raconte l’histoire d’un petit garçon qui aime le foot et qui traversera de drôles d’aventures. Les personnages sont fictifs et les lieux aussi. Mais ceux qui ne me connaissent pas me reconnaîtront et ceux qui me connaissent me demanderont si c’est moi. C’est tout un jeu. Le titre me ressemble beaucoup. Le foot, c’est ma vie. J’ai tout misé là dessus. J’ai d’abord commencé par le roman et, longtemps après, j’ai commencé le recueil poétique, mais ils sont sortis en même temps, à intervalle de deux semaines en décembre 2013. J’ai fait une double frappe.
Et l’Académie Balzac, c’est venu comment ?
J’étais en pleine promotion de mes bouquins, donc je me suis présenté au printemps dernier au salon du livre où j’ai rencontré un auteur-éditeur d’une cinquantaine d’années avec qui j’ai discuté et qui m’a dit : « En ce moment, on parle beaucoup de l’Académie Balzac. » Je lui ai dit que je n’avais jamais entendu parler de ça. Il m’a dit d’aller voir sur internet et que c’était la Star Academy littéraire. Dans un château, le défi sera d’écrire un roman à vingt personnes. Je me suis dit pourquoi pas. Mais ça n’est que trois semaines plus tard que je suis allé m’inscrire sur le site parce que, dans ma maison d’édition, un auteur qui était candidat à l’Académie Balzac nous demandait d’aller voter pour lui. C’est le soir, en rentrant chez moi que je suis allé sur le site et que j’ai créé mon profil.
Elle se passe comment la sélection après ?
Il fallait d’abord s’inscrire en ligne et, pour ça, il fallait avoir déjà publié un livre. Puis ensuite, on voit comment les classements évoluent avec les votes des candidats. Je me suis pris au jeu, j’ai commencé à faire la promotion. J’ai improvisé, j’ai beaucoup utilisé les réseaux sociaux, bouche-à-oreille, textos, mails. J’ai fait le maximum pour avoir le maximum de voix parce que, sur les 600 auteurs qui sont inscrits, le 31 août à minuit, les 40 qui avaient obtenu le plus de voix passaient un casting. J’étais dans les soixantièmes et, du coup, tous les jours j’allais voir comment ça évoluait et je relançais les gens. Et finalement, j’ai terminé 32e grâce à un journal de Ouest-France qui a fait un article sur moi et ça a boosté mes votes. Ensuite, il y a une sélection et le soir même de la sélection, on est directement partis au château de Brillac.
Ensuite vous êtes enfermés 20 jours dans un château et vous devez écrire un bouquin ?
Oui. Pour moi, l’écriture, c’est solitaire. Je n’avais jamais fait de trucs pareils.
Et alors, ça ressemblait à une ambiance de vestiaire ou pas ?
Exactement. Tout n’était pas rose, il fallait s’accorder avec les égos de chacun. Je leur ai dit dès le départ que je venais d’un esprit de groupe, de partage et que je savais m’adapter et, finalement, je ne m’en suis pas mal sorti.
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