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Théo Duboscq, le troisième œil de la Guinée

Propos recueillis par Clément Teraha
Théo Duboscq, le troisième œil de la Guinée

Théo Duboscq est depuis le début de la préparation de la Coupe d’Afrique des nations l’analyste vidéo de la sélection guinéenne, qualifiée pour disputer les huitièmes de finale, ce lundi face à la Gambie. Ce jeune Périgourdin de 25 ans évoque le futur adversaire, sa méthode de travail, l’importance du travail vidéo et les objectifs de la sélection guinéenne.

D’abord, Théo, heureux d’être qualifié pour les huitièmes de finale ? Bien sûr, on est très contents de s’être qualifiés, même si on est frustrés de la défaite face au Zimbabwe. On avait fait deux premiers matchs assez costauds. On aurait aimé finir premiers. (La Guinée a terminé seconde du groupe B derrière le Sénégal, NDLR.)

Tu as travaillé sur la Gambie, quel est le plan face à cette équipe surprise, toujours invaincue, qui dispute la première CAN de son histoire ? On ne savait pas encore qui on allait affronter, donc on a bien regardé Tunisie-Gambie. La Gambie a un projet de jeu assez particulier, avec un bloc très bas et qui procède énormément en contre. On peut être en difficulté quand on a le ballon, parce que si on le perd et qu’on n’a pas d’équilibre, malheureusement on peut le payer très cher. Donc notre stratégie se base sur ça : comment réussir à contourner leur bloc en 4-5-1, mais qui peut aussi s’organiser en 5-4-1. Il va falloir trouver les bonnes solutions. On a pas mal d’idées, mais il va bien falloir les expliquer parce qu’entre les idées et leur application, il y a un monde. La causerie vidéo va être importante. À côté de ça, ils ont d’excellents tireurs de coups francs, donc il faudra être extrêmement vigilant sur les phases arrêtées.

Si tu leur dis à haute voix, ils vont moins le capter et l’identifier qu’à l’image. L’analyse vidéo sert à convaincre les joueurs. C’est un outil qui permet également d’affirmer des choses.

Comment s’effectue ton travail, de l’analyse à la causerie ? Pendant les rencontres, je suis en tribune. À la mi-temps, je descends au vestiaire et je peux dire au coach ce que j’ai vu de bon et de moins bon. Je suis comme son troisième œil ! Par rapport à l’analyse vidéo, je reçois une clé USB des matchs pour avoir les images. Je livre une trame avec une analyse de l’adversaire, sur ses systèmes préférentiels : offensif et défensif. Il faut être le plus précis possible. Parfois, les équipes ont des systèmes modulables. Ce n’est pas la même organisation en phase offensive qu’en phase défensive, et c’est important de connaître ces différents systèmes. On insiste sur les circuits de passes les plus empruntés, puis on fait un focus sur les coups de pied arrêtés, les placements. Les joueurs sont dotés d’un iPad et on leur balance tout dessus, ils prennent en compte le contenu. On part du principe que c’est vu. Avant ça, je montre quand même le travail au coach pour qu’il le valide ou qu’il me demande de modifier un ou deux paramètres. La veille du match, le sélectionneur fait sa présentation, et moi, je peux intervenir, ajouter de la précision. On détaille les points sur lesquels il faut qu’on appuie. C’est enrichissant.

Pour toi, l’analyse vidéo est un outil indispensable ? Bien sûr. On est une génération où les joueurs sont hyper visuels. Les analyses à l’image leur permettent de comprendre pas mal de trucs. Par exemple, lorsqu’on a analysé le Sénégal avant de les jouer, on a appuyé sur le fait qu’ils passaient énormément dans l’intervalle entre le latéral et le central. Ils ont fait très mal au Zimbabwe avec ces passes dans le dos, et le fait de voir ça, ça a aidé nos joueurs et on n’a pas pris une seule passe de ce type contre eux. Ils ont eu beaucoup de mal à nous déséquilibrer. Si tu leur dis à haute voix, ils vont moins le capter et l’identifier qu’à l’image. L’analyse vidéo sert à convaincre les joueurs. C’est un outil qui permet également d’affirmer des choses.


Comment est-ce que tu t’es retrouvé analyste vidéo de la Guinée ? Pendant mes études de STAPS « Entraînement sportif » à Bordeaux, j’ai choisi la licence 3 analyse vidéo et j’ai effectué un premier stage au Pôle espoirs de Talence. En 2019-2020, j’ai obtenu le diplôme universitaire analyse vidéo de Montpellier. Mon prof connaît le coach de la Guinée, Kaba Diawara, il m’a recommandé auprès de lui. Après cela, j’ai reçu un appel du coach, et on a discuté, ça s’est bien passé. On a échangé sur ce qu’il voulait, je lui ai proposé un panel plus étoffé que simplement des images, il voulait remodeler les animations et le projet de jeu de l’équipe, avoir des retours sur les matchs avec des points précis et puis une présentation fournie de l’adversaire. L’objectif est de créer une identité à cette équipe. On s’est dit let’s go.

Quels sont les objectifs de la sélection guinéenne pour cette CAN ? La Guinée est un pays en transition, avec un nouveau président militaire. Son équipe nationale est également en transition. Le sélectionneur Kaba Diawara est arrivé en octobre 2021, c’est très récent. C’est un ancien international, il sait où il met les pieds. Il essaie vraiment de recréer un groupe, d’y mettre un maximum de cohésion. La Guinée n’est jamais allée au-delà des quarts de finale, donc les atteindre serait déjà très bien, mais bien sûr on veut faire mieux que ça. Aller en demi-finales serait vraiment magnifique. Et c’est du football, l’objectif est toujours de gagner.

Le président guinéen nous a aussi dit de ramener la coupe ou de rendre l’argent qui avait été investi sur l’équipe nationale ! (Rires.) Franchement, je n’avais jamais vu une machine de guerre pareille, quelqu’un d’aussi charismatique.

Que vous a dit l’actuel président guinéen, le colonel Mamadi Doumbouya, que vous avez rencontré avant de vous rendre au Cameroun ?Il nous a dit que la Guinée attendait énormément de nous, qu’on pouvait rendre les gens heureux, qu’on pouvait être un moteur pour le pays. En Guinée, les gens aiment énormément le football, ils sont à fond derrière la sélection. Il nous a aussi dit de ramener la coupe ou de rendre l’argent qui avait été investi sur l’équipe nationale ! (Rires.) Franchement, je n’avais jamais vu une machine de guerre pareille, quelqu’un d’aussi charismatique. Il est arrivé déterminé pour la remise du drapeau, j’étais impressionné.

Le protocole sanitaire n’est pas trop contraignant ?On est testés toutes les 48 heures. On ne sort pas de l’hôtel, on fait vraiment attention. À Bafoussam, le terrain d’entraînement était à l’hôtel, donc on ne sortait même pas du complexe. Les femmes et les proches ne peuvent pas venir, rien. Là, c’est vraiment une immersion totale avec le groupe. Ce n’est pas contraignant, car tu sais que tu vis un mois où tu dois être à 200% pour ton pays. Et tu sais qu’après la compétition, tu seras hyper content de retrouver tes proches. Moi, je le vis comme ça.

Dans cet article :
Démission de Tom Saintfiet, sélectionneur de la Gambie
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Propos recueillis par Clément Teraha

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