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The Popopopops : «Salma Hayek donne un petit plus dans les gradins»
Pour le quatuor rennais, le football breton, comme la galette saucisse, n'a plus beaucoup de secrets. De Yann M'Vila à Antonetti, de Vahirua à Salma Hayek, rencontre avec un groupe qui devrait plaire à François Pinault.
Les Popopopops seraient-ils d’anciens grands joueurs du Stade Rennais ?Simon : J’étais gardien au Stade Rennais, jusqu’en benjamins. Chaque mercredi, je suivais un entraînement réservé aux gardiens. Ensuite, j’ai décidé de repasser joueur de champ. Ils m’ont viré parce que j’avais changé de poste. De toute façon, rapidement, ils commencent à écrémer. Au départ, j’étais gardien de l’équipe B. Les coachs m’avaient dit qu’il valait mieux que j’aille jouer dans la dernière équipe. Pour soi-disant les aider.Vincent : J’ai aussi joué au Stade Rennais, jusqu’à l’âge de 13 ans. J’ai joué deux ans et ils m’ont viré parce que je ne foutais rien à l’entraînement. En revanche, j’étais bon pendant les matchs. Quand on jouait contre la Tour d’Auvergne, l’équipe adverse phare de l’époque, c’était réunion de crise : on allait affronter la TA ! Quand je me suis fait virer du Stade Rennais, je suis allé justement jouer à la TA. Résultat : c’était la même histoire. Les deux équipes se redoutaient beaucoup. Quand je jouais avec le Stade Rennais, on perdait toujours contre la TA. Quand j’ai joué avec la TA, on perdait toujours contre le Stade Rennais. Je me défonçais pendant les matchs mais les entrainements, ce n’était pas mon truc. Et si les mecs voient que tu n’as pas la niaque, ils estiment que ce n’est pas la peine de continuer avec toi.Guillaume : J’étais fan de Nantes, époque Moldovan, Vahirua, Monterrubio, Carrière. A Nantes, il y a un véritable esprit de supporter. Sinon, mon coloc était dans la même classe que Yann M’Vila, au collège. Pour info, il faisait de l’allemand.
Vous allez souvent au stade de la route de Lorient ?Simon : Quand j’habitais à côté, toutes les rues étaient bloquées. On devait barricader la maison. J’entendais s’il y avait but grâce au brouhaha du stade.Vincent : J’y suis allé pour un Rennes/Marseille. Super ennuyeux.Guillaume : Il y a une vraie scission entre le kop et les autres gradins.Simon : Je crois que les supporters du Stade Rennais ont un vrai souci d’exigence par rapport au jeu. Du coup, ils sont souvent déçus (rires).
Faudrait-il un nouveau fonds d’investissement pour améliorer les performances du club ?Simon : On a déjà François Pinault, propriétaire du club ! Il a effectivement essayé cette stratégie qui consiste à acheter des joueurs célèbres, notamment avec des Brésiliens, mais ça n’a pas marché. En revanche, le Stade Rennais possède un excellent centre de formation, la Piverdière. Là-dessus, François Pinault a beaucoup investi, notamment pour les jeunes.Victor : Mais c’est vrai qu’un Beckham à Paris, c’est quand même classe.Simon : Ce choix de ne pas acheter de très grands joueurs permet au Stade Rennais d’être l’un des seuls clubs de Ligue 1 financièrement stables. On construit un projet sur le long terme. On évolue souvent dans la première moitié de tableau. Si Rennes venait à gagner le championnat, je comparerais ça avec le succès de Montpellier, autour d’une vraie équipe. Alors bien sûr, cela envoie un peu moins de rêve, mais on a quand même eu de grands noms. Je pense à Yann M’Vila récemment, qui était la star de l’équipe. Mais à Rennes, les stars, ça ne marche pas. Tout le monde s’attendait à ce qu’il parte l’été dernier. Le Stade Rennais voulait alors le vendre à un bon prix, mais il n’est pas parti. Il était bon pourtant. Il organisait les choses sur le terrain, il créait un certain équilibre dans l’équipe, ce n’était pas qu’un attaquant.
La galette saucisse lui-a-t-elle porté préjudice ?Simon : Au contraire, c’est ce qui l’a fait découvrir ! D’ailleurs, si la Piverdière tourne aussi bien, c’est grâce à la galette saucisse (rires).
Quelle est votre analyse sur le parcours des joueurs rennais ?Victor : Les joueurs de Rennes qui montent ont du mérite. Ce sont des succès qui se forgent avec le temps. D’ailleurs, quand on voyait M’Vila en EDF, on était assez fiers. Au PSG, avec toutes ces stars, les supporters ne doivent pas vraiment avoir le sentiment que les joueurs leur appartiennent.Simon : Par manque d’expérience, beaucoup de jeunes joueurs ont loupé le coche en fin de saison, plusieurs fois, alors qu’on jouait l’Europe. Mais là, avec des joueurs comme Erding, un coach comme Antonetti, on sent qu’il peut se passer quelque chose. Après, c’est toujours la même histoire : issus des bons centres d’entraînement, les joueurs partent vite vers d’autres grands clubs. Je pense à Gourcuff ou Petr Cech. On avait aussi l’un des meilleurs entraîneurs de gardiens. Il est parti en même temps que Cech à Chelsea. On a d’ailleurs toujours eu de bons gardiens à Rennes. Je me souviens, plus jeune, qu’il y avait Lama dans les buts rennais ! Un autre souvenir, le jour de mes 8 ans, Rennes gagne contre Toulouse, en 1998. Grâce à un but, on assure le maintien. Pinault a racheté le club dans la foulée.
Pourquoi les joueurs décident-ils de quitter le club ?Simon : C’est la fiscalité de gauche (rires). Il y a beaucoup de concurrence. Mais nous sommes quand même fiers de voir de bons joueurs rennais évoluer ailleurs.Victor : J’ai le sentiment que quand les joueurs rennais vont vers des gros clubs, ils se grillent.
Entre clubs, en Bretagne, de quelles rivalités doit-on parler ?Simon : Une vraie rivalité existe entre Rennes et Nantes. Malheureusement, Nantes n’évolue pas en Ligue 1 cette année. Rennes/Lorient fonctionne bien, mais si Nantes remonte parmi l’élite, ça fera de nouveau de bons derbys. A l’époque, les Rennes/Guingamp n’étaient pas mal non plus, avec Drogba sur le terrain. Sinon, entre Rennes et Brest, c’est moins virulent.
Qu’attendez-vous de l’équipe aujourd’hui ?Simon : Il faudrait continuer à être dans le haut du tableau et faire un beau parcours en Coupe d’Europe. L’année dernière, ça n’est pas passé loin. La prochaine fois, on sera plus à même de rivaliser avec de grosses équipes. Si c’est le cas, François Pinault décidera peut-être de réinvestir dans de gros joueurs.
Hormis l’argent, François Pinault s’investit-il beaucoup ?Simon : On le voit moins qu’avant. Mais ça reste un partenaire historique. Je trouve sa stratégie assez intelligente : il s’intéresse vraiment au projet sportif, au-delà de l’aspect financier. Et puis, quand son fils vient au stade avec Salma Hayek, ça donne un petit plus dans les gradins. Ah oui, aussi, depuis qu’il y a Antonetti, il y a une sacrée ambiance. Un Corse qui vient en Bretagne, ça marche toujours.
The Popopopops, Swell, album disponible (Label ZRP)
En concert le 28 mars au Divan du Monde
Propos recueillis par Romain Lejeune