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The Life of Pablo

Par Maxime Brigand
The Life of Pablo

Invaincu depuis son arrivée fin décembre et à la barre de la meilleure attaque de Ligue 2 en 2018, Pablo Correa s'offre actuellement une petite revanche sur le banc de l'AJ Auxerre, relégable au moment où il a posé ses valises dans l'Yonne. Répétons-le autrement : en 2018, l'AJA de Correa a marqué 21 buts en 7 matchs.

Un vieux refrain qui tourne en boucle dans le tourne-disque installé sur le buffet de la France du foot, celle du petit peuple, de l’anonymat et des reconstructions silencieuses : « Correa, un entraîneur défensif ? En tout cas, il n’a jamais dit à l’équipe de jouer défensif, ni aux latéraux de ne pas dépasser le milieu de terrain. » En robe d’avocat, Benoît Pedretti, 37 ans, dont dix-neuf passés en crampons sur les circuits et fraîchement retraité, sait de quoi il parle. Alors, au moment de raconter ses quelques mois de travail avec un entraîneur qui a eu le malheur de balancer une phrase qu’on a voulu définitive – « Si vous voulez voir du spectacle, allez au cirque ! » –, l’ambassadeur français de la houppette tranchait ainsi en février 2016 : « Il est assez sympa avec les anciens, il nous laisse une grande liberté, nous gérer au quotidien à l’entraînement. Si on a besoin de souffler, il est ouvert au dialogue, donc on peut en discuter, il est vraiment sympa. Avec les plus jeunes, il est plus attentif à ce qui se passe sur ou en dehors du terrain. Et puis, c’est un ancien joueur, donc on sent qu’il aime la gagne, il met en place beaucoup de jeu à l’entraînement, où c’est important de gagner… Beaucoup de jeu, beaucoup d’enthousiasme et de générosité, c’est un peu ça, sa méthode. » C’est aussi comme ça que la France a découvert le bonhomme, débarqué d’Uruguay en 1995, à Nancy : si sur le terrain, Pablo Correa était un attaquant modeste, le président de l’ASNL, Jacques Rousselot, l’a déjà surpris à plusieurs reprises en train « d’encourager les gardiens pendant une séance. Pablo prenait cette peine. »

« J’ai découvert une forme de bourgeoisie du public »

Mi-décembre, Correa, 50 ans, s’est assis sur le banc d’Auxerre, alors 17e de Ligue 2 et miné par une série de sept matchs sans le moindre succès. Ensuite, tout est allé très vite. L’homme a retrouvé ce qu’il aime : le coaching, la gestion des hommes, l’odeur de la pelouse, son sifflet. Ah, l’AJ Auxerre a également relevé la tête : trois victoires (Niort, Orléans, Tours) et deux nuls en championnat (Le Havre, Paris FC), ce qui fait du club bourguignon la meilleure formation de Ligue 2 en 2018, plus deux tours passés en Coupe de France, avec notamment une victoire à la Beaujoire (3-4) en 16es de finale le 23 janvier dernier, jour où le natif de Montevideo avait décidé de faire tourner son effectif. En 2018, l’AJA a marqué à 21 reprises en 7 sorties. Pas besoin d’avoir de bac scientifique pour deviner que cela représente trois buts en moyenne par match.

Qu’en dit Correa ? « On m’a collé l’étiquette d’entraîneur défensif, car à l’époque, je pensais que le bien-être d’un groupe passait par l’assise défensive. Aujourd’hui, je suis content de la quantité de buts marqués, je le suis un peu moins de la quantité de buts pris. Je ne serai d’ailleurs jamais content, mais le football, c’est un équilibre. J’ai toujours parlé de cette nécessité de se montrer solide. » Pablo Correa n’a jamais vraiment été un entraîneur ennuyeux, il s’est simplement adapté à sa palette. « Au fur et à mesure, notamment à Nancy (où il a effectué deux mandats, un premier entre 2002 et 2011, un second d’octobre 2013 à août dernier, ndlr), j’ai découvert une forme de bourgeoisie du public, des supporters qui pensaient qu’on pouvait gagner tous nos matchs avec la manière. Non, on fait avec ses armes » , nous expliquait-il en décembre 2015 dans un mélange de pragmatisme et de réalisme.

« Si on avait des chèvres, je ne serais pas venu »

Reste que le supporter de foot est impatient, veut des résultats, tout de suite, et se cogne souvent de ce qu’il se passe la semaine à l’entraînement. C’est pourtant à cet endroit, avant tout, que le coach a relevé un groupe mal en point. La manière : à plusieurs reprises, l’Uruguayen a été aperçu au milieu des toros de début de séance tout en appuyant sur la nécessité d’une bonne ambiance. Son président, Francis Graille, ne disait pas autre chose il y a quelques semaines dans les colonnes de L’Équipe : « Il parle aux joueurs, et à tous les joueurs, avec des mots simples. Cela peut paraître bizarre de dire ça, mais c’est l’une des clés du changement. Et sa capacité si rapide d’analyse est impressionnante. » Si impressionnante que même son prédécesseur, Francis Gillot, s’est publiquement incliné. Pablo Correa, lui, se refuse à parler de recette magique et confie simplement faire son boulot. La victoire, elle, semble ne pas lui appartenir : « Cela viendra toujours d’eux. »

Eux, ce sont les joueurs, les membres d’un groupe talentueux sur le papier, des mecs qui, ensemble, envoient du jeu, dominent leurs rencontres dans un style plus direct que sous Gillot. « Si on avait des chèvres, je ne serais pas venu » , a rapidement glissé Correa, qui peut aussi compter sur des remplaçants décisifs comme face au Paris FC (1-1) le 26 janvier dernier. La mission sauvetage du vaisseau AJA est en passe d’être réussie. Ce mardi soir, il s’agira d’un huitième de finale de Coupe de France, face aux Herbiers (15e de National). On repense alors à Rousselot qui avait raconté cette anecdote : « Un jour, alors que Nancy était deuxième de Ligue 1 et recevait Nantes, dernier à l’époque, il avait raconté aux gars la défaite surprise de Tyson face à James Buster Douglas à Tokyo. Il voulait mettre les joueurs en garde. Alors, il a raconté le combat round par round. Sur le tableau, il avait écrit « 1990, 11 février, Tokyo ». Il n’y a que Correa pour imaginer un truc comme ça. » Et peut-être pour réussir un début de mission comme ça.

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