- France – Ligue 1 – 33e journée – OM/Lille
Thauvin, la morale de l’histoire
De retour dans le groupe après avoir manqué deux matchs à cause d’une entorse, Florian Thauvin retrouve le LOSC ce dimanche soir au Vélodrome. Et si, selon les dires de René Girard, l’ancien Bastiais « n’a jamais empêché Lille de dormir », il est difficile, à quelques encablures de la fin de la saison, de ne pas tirer d’enseignements du feuilleton qui a fait trembler la France du foot à l'été 2013.
Comme le disent les Nèg’Marrons, « les jours passent comme les voitures » . À peine commencée, la saison de Ligue 1 est déjà terminée. L’heure de faire le bilan, calmement. Le Paris Saint-Germain est champion de France, l’AS Monaco fait un beau dauphin et Lille un solide troisième. Et Marseille dans tout ça ? Perdu quelque part entre les bruits de chèvres qui résonnent dans le Vélodrome, une infâme sixième place et les rumeurs d’arrivée de Marcelo Bielsa. En somme, si les jours passent comme les voitures, l’Olympique de Marseille et sa belle carrosserie ont traversé l’autoroute de la Ligue 1 en quatrième, à 70 km/h sur la file de droite. Une belle carrosserie avec un moteur pourri qui a fait chavirer le cœur d’artichaut de Florian Thauvin. Autostoppeur de luxe, l’ex-Bastiais s’était positionné sur les bords de l’A1, à Lille, en agitant un panneau marqué « le Sud » . Mais la tortue lilloise est arrivée à destination avant le lièvre marseillais. Cet OM-Lille aurait pu être un duel à mort pour la troisième place et la douce C1. Il est juste l’occasion pour les Phocéens de prendre un point ou trois avant le duel pour l’Europa League face à l’Olympique lyonnais qui aura lieu le 4 mai. Il constitue également l’ultime revanche du LOSC après le triste feuilleton de l’été 2013.
Le fardeau estival
Florian Thauvin sera bien là. Absent depuis deux journées à cause d’une entorse à la cheville contractée face à Sochaux (1-1), le Marseillais fait son retour dans le groupe de José Anigo pour affronter le LOSC. Sauf surprise, l’éphémère Lillois devrait, pour la douzième fois de la saison, poser ses fesses sur le banc de l’Olympique de Marseille. Une instabilité de statut en grande partie due à l’incapacité du joueur à répéter les performances. À l’OM, pour le gaucher, ce sont des premiers mois très compliqués, une très bonne période au début de l’année 2014, puis le vide intersidéral. Un manque de régularité dû à son jeune âge, évidemment, mais pas seulement. Toute la saison, Thauvin a porté son caprice estival comme un fardeau. Et ce n’est pas qu’une affaire humaine. Car si ses grèves répétées quand il évoluait encore à Lille et voulait rejoindre l’OM ont évidemment contribué à faire de sa cote de popularité la seule capable de rivaliser avec celle de François Hollande en France, c’est avant tout sur le plan physique que le « Lillegate » lui a coûté cher. « Je l’ai senti fatigué. Il a fait une préparation très limite en reprenant très tard. Or, cette préparation est le socle pour être bien toute la saison, il a donc pioché physiquement » , confiait récemment José Anigo à La Provence. Talentueux comme deux, mais intermittent comme 111 888 Français en 2012, selon Le Monde, Florian Thauvin paye double. Individuellement et collectivement.
Double désillusion
Dimitri Payet, Rudi Garcia et donc, Florian Thauvin. C’est le tiercé, dans le désordre, qu’a perdu Michel Seydoux cet été sur l’hippodrome du mercato. Suffisant pour que l’on promette au LOSC un début de saison compliqué et au Borussia Marseille d’Imbula, Mendy, Thauvin et Lémina une troisième place tranquille derrière les deux riches. Sauf que le football est une histoire de mayonnaise et que, dans le Nord, on sait y faire avec la sauce. Désireux de se faire les dents en Ligue des champions, Thauvin a eu droit à un dépucelage musclé. Six matchs, six défaites pour deux petites titularisations. Une élimination précoce de toute compétition européenne qui devait être atténuée par une réussite évidente en championnat. Mais là encore, pendant que Lille dégaine l’une de ces saisons de besogneux qui ont autrefois souri à l’OM, les Phocéens rament et Thauvin avec. Propulsé comme candidat à l’équipe de France quand il flambait au début de l’année civile, Thauvinho n’ira pas au Brésil. Ce qui ne l’empêchera probablement pas de ramasser une revalorisation salariale. Auteur de 8 buts et 4 passes décisives cette saison, le natif d’Orléans va, selon L’Équipe, voir ses émoluments mensuels passer de 90 000 à 150 000€. Une vieille promesse faite par ses dirigeants lors de sa signature l’été dernier. Des dirigeants qui, apparemment, souhaitent que les éventuels fans du joueur se tiennent éloignés de la Canebière lors du mercato estival. De toute façon, comme le disent les Nèg’Marrons, c’est la monnaie qui dirige le monde. Et les valeurs chères à Florian Thauvin, évidemment.
Par Swann Borsellino