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Thauvin, la fin du gâchis ?
Figure de proue du « projet Dortmund » et grand espoir du football français, Thauvin quitte finalement Marseille sans avoir jamais confirmé. L'OM perd-il un futur grand ou un sale gosse pas taillé pour le haut niveau ?
Le supporter de l’OM n’a pas vécu un été facile. Il a d’abord regretté les sorties prévisibles, mais tellement dommageables d’Ayew et de Gignac, s’est ensuite senti trahi par le transfert de Payet avant de recevoir un coup de poignard dans le cœur au soir de la première journée de championnat. Pourtant, au milieu de cet exode qui ressemble de plus en plus à un naufrage, il y a sans doute un départ qu’il regrettera un peu moins : celui de Florian Thauvin. Arrivé avec fracas le dernier jour du mercato d’été 2013 après ce feuilleton à rebondissements qui l’opposa à la direction du LOSC, l’Orléanais quitte finalement aujourd’hui Marseille dans l’indifférence presque générale. Entre ces deux dates, les sentiments se sont enchaînés pour à peu près tout le monde dans le même ordre : excitation, espoir, déception, colère et enfin résignation. Florian Thauvin, malgré un talent maintes fois prophétisé et parfois entraperçu, ne réussira donc pas à l’OM. Une amère désillusion.
La patience a ses limites
Rarement, pourtant, un joueur n’aura eu autant de fois sa chance que l’ancien Bastiais à l’OM. Malgré des statistiques faméliques et en régression d’une année sur l’autre, Thauvin a toujours été soutenu par ses entraîneurs et sa direction. Même Bielsa, pourtant pas homme à s’épancher en conférence de presse, avait mis en avant les qualités du jeune homme, affirmant qu’il lui voyait le potentiel pour devenir « un des meilleurs joueurs du monde » . De là à voir un lien de cause à effet entre le transfert du petit ami de Miss Provence et le départ de l’Argentin, il n’y a qu’un pas à franchir… Quoi qu’il en soit, loin de voir l’un des « meilleurs joueurs du monde » , au Vélodrome comme devant sa télé, on a surtout vu un ailier emprunté, ni vraiment buteur ni vraiment passeur. Un joueur certes travailleur et capable d’éliminer son vis-à-vis sur un dribble, un contrôle, une accélération ou un éclair de génie, mais ne bonifiant quasiment jamais les ballons passés entre ses pieds. Par manque de clairvoyance ou par égoïsme.
Thauvin à Marseille, c’était (presque) toujours une touche de balle de trop, une passe à contretemps, un coup franc ou un corner trop court, un manque de vision pour servir un coéquipier mieux placé, etc. Combien de fois a-t-on souffert de son habituel enchaînement crochet extérieur-frappe écrasée non cadrée ? Sans vraiment de concurrence, Flo’ a pu ainsi enchaîner les contre-performances pendant des semaines et des mois jusqu’au point d’user la patience des plus bienveillants. Finalement, ce n’est qu’aujourd’hui que le garçon formé à Grenoble justifie bel et bien le montant élevé de son acquisition, puisque le club profite des largesses financières de la Premier League pour arracher presque miraculeusement un léger bénéfice en plus du prêt d’un remplaçant tout aussi prometteur et pisté depuis longtemps.
Le syndrome Ben Arfa ?
Inconstant, pour ne pas dire décevant sur le terrain, l’ancien meilleur espoir de Ligue 1 n’a jamais laissé insensible en dehors. Le gamin a rapidement été catalogué comme un mercenaire sans fidélité ni honneur depuis l’imbroglio lillois, les fameux conseils de son tonton à la fois agent et boucher de profession et cette histoire de salaire multiplié par trois. Ces récurrentes prises de bec avec ses coéquipiers, ses entraîneurs et les supporters ont fini par ternir l’image déjà peu reluisante d’un joueur pourtant présenté comme un « bon gamin » par les gens qui l’ont vu grandir. Thauvin a eu beau crier sur tous les toits qu’il adorait le maillot phocéen et qu’il avait l’ambition de réussir à Marseille coûte que coûte, il quitte l’OM par la petite porte alors que cette troisième saison devait enfin lui permettre d’exprimer la mesure de son talent.
Comme Ben Arfa avant lui, Thauvin souffre donc du syndrome du « petit con talentueux » , capable (et coupable) de gâcher un immense potentiel par un état d’esprit néfaste. Le vilain petit canard, un bouc émissaire idéal. Englué à Marseille dans cette spirale négative à mi-chemin entre le délit de sale gueule et la déception justifiée, le gaucher à l’éternelle tête d’adolescent ne peut qu’espérer rebondir en Angleterre. Espérons juste qu’après un passage totalement raté en Angleterre, il ne revienne pas signer à Nice dans quelques années. Ou à Lille.
Par Pablo Garcia-Fons