- France
- Ligue 1
- 4e journée
- Marseille/Nice
Thauvin, digérer pour mieux régner
Nouveau rôle pour nouvelle vie. Ce n'est pas une émission de M6, mais le résumé de l'été de Florian Thauvin. Un été d'abord convaincant, après une préparation réussie, puis décevant, avec trois mauvais matchs en Ligue 1. Homme de base du dispositif offensif de Bielsa, l'espoir de 21 ans est à la fin de son adolescence footballistique. Un âge ingrat. Amené à grandir, le gaucher porte un costume un brin trop grand pour lui. Pour l'instant.
Le complet bleu ne vient pas du tailleur le plus chic et il n’est pas du dernier cri. Il est un brin trop grand. Il a beau nager dans son nouvel habit, Florian Thauvin est en haut de l’affiche. En dix fois plus gros que n’importe qui, son nom s’étale, pour la bonne et simple raison que cette saison doit être la sienne et celle de personne d’autre. For me, formidable, le gaucher est mis en avant par l’Olympique de Marseille qui se cherche une nouvelle vedette et des raisons d’y croire après une saison aussi triste que Venise. Le début des emmerdes. Oui, hier encore, Florian Thauvin avait 20 ans. À peine sorti des jupons de la Mamma, le natif d’Orléans doit, comme ils disent, « prendre ses responsabilités » . Parce qu’il a du talent. Parce que l’OM a besoin d’un homme fort. Parce que cette fois, il a fait une bonne préparation. Sauf que jusqu’ici, la saison de l’ancien Bastiais est vide comme Paris au mois d’août. Une nouvelle fois titulaire ce soir, au Vélodrome face à Nice, l’animateur du jeu phocéen doit digérer un certain nombre de changements pour pouvoir remplir ce costume d’homme providentiel que lui propose le board marseillais. Une affaire de temps, certainement. Une denrée rare sur la Canebière.
Un début de saison compliqué
Depuis le début de la saison, Florian Thauvin a le mérite de ne pas laisser indifférent. À défaut de vendre du rêve, il agace. Il énerve parce qu’il est capable. Capable de délivrer la bonne passe au bon moment, capable d’envoyer la balle dans le petit filet opposé lorsqu’il revient sur son pied gauche et capable d’animer le jeu marseillais quand cet intermittent de Dimitri Payet a fait ses heures. C’est d’ailleurs le Réunionnais qui s’est distingué lors de la première victoire de l’Olympique de Marseille au Roudourou. Une pelouse que Thauvin a logiquement quitté à la pause. Trop peu lucide depuis le début de la saison, le gaucher tente énormément, mais concrétise peu. Souvent, il y a une touche de balle en trop. La plupart du temps, il est prévisible. On l’a même vu se prendre pour Arjen Robben face à Montpellier. À l’image de celles de ses partenaires, les prestations de l’ancien Bastiais sont beaucoup plus faibles que lors des matchs de préparation. Auteur de trois buts et de deux passes décisives en matchs amicaux, l’Orléanais semble payer son travail foncier. Un an après sa préparation loupée, la faute à l’épisode lillois, sa mise en route réussie sous les ordres de Marcelo Bielsa semble difficile à digérer pour un joueur de 21 ans de qui on attend beaucoup et qui, dans l’anonymat le plus total, doit apprendre à défendre. Une tâche peu aisée quand on dépense naturellement autant d’énergie à attaquer, qu’on fait la majeure partie de ses différences avec la balle entre les pieds et qu’on est couvert par Brice Dja Djédjé. Un nouveau rôle, de nouvelles tâches et une préparation physique musclée que Thauvin doit assimiler pour enfin briller.
Les moyens d’y arriver
Car le gamin est capable. S’il est fatigué, c’est en grande partie parce qu’il est à peu près tout sauf celui dont on a peint le portrait l’été dernier. Thauvin s’entend bien avec Bielsa pour une raison simple : il n’est pas un gamin gâté, mais un bosseur. Un perfectionniste qui a envie d’apprendre et qui n’a pas rechigné au moment de faire du rab cet été. Un joueur très enthousiaste à l’idée de changer de philosophie de jeu et de rôle. Quand La Provence lui affirmait à juste titre qu’il était attendu cette année, il répond tranquillement : « J’en ai tout à fait conscience, et je dirais même que c’est tant mieux ! Cela va me pousser à être l’un des cadres de l’équipe, pour mener le groupe vers le haut. Je n’aurai pas d’excuse. » Bielsa l’a toujours dit : il préfère que son équipe possède le ballon. Depuis la première journée, sa philosophie semble difficile à appliquer puisqu’on ne compte plus les moments où Imbula doit se débrouiller seul à la relance, un domaine où l’OM, et notamment sa défense centrale, pêche. Pourtant, Thauvin est convaincu qu’il va se régaler : « Le système est basé sur la possession de balle, il veut que nous ayons le ballon les trois quarts du temps. Nous pressons donc très haut et les attaquants ont souvent le ballon et plus d’occasions. Nous sommes libres de créer. » Créer, Thauvin a les moyens d’y arriver. Et l’OM a besoin qu’il y arrive. Le plus vite possible.
Par Swann Borsellino