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T’es OK, Tebas, t’es in

Par Nicolas Jucha
T’es OK, Tebas, t’es in

Alors qu'Isco émerveille, que Morata marque sans se décoiffer, et qu'Asensio se fait une place au soleil, la vraie star du début de saison en Espagne s'appelle Javier Tebas. Un président de la Ligue espagnole bien moins glamour que les joueurs de la Roja et du Real, et dont les déclarations commencent à sentir les immondices plus que la prude vertu.

« Cet été, tout le système a été tourné en ridicule. C’est ce que l’on doit critiquer. C’est peut-être impoli, mais l’autre jour un journaliste espagnol décrivait la situation parfaite, et pour moi le sujet est si important que c’est la seule manière d’en parler. Il disait qu’avec Neymar, le PSG s’est fait prendre en train de pisser au lit, ou dans la piscine. Et après Neymar, ils sont montés sur le plongeoir, et ils ont encore pissé dans l’eau en recrutant Dembélé (en fait parti à Barcelone, il parle de Mbappé ndlr) » . L’intervieweur du Soccerex est gêné.

En face de lui, Javier Tebas est en mode one-man-show. Cheveux style calvitie/décoiffé, posture nonchalante qui valorise son double menton, son ventre arrondi et ses cernes, le président de la Ligue espagnole vient de monter d’un cran dans sa guerre sainte. Déjà, il a confondu Ousmane Dembélé, recruté au prix fort par le FC Barcelone, avec Kylian Mbappé, vraie seconde recrue du PSG. Et puis il a basculé dans le vulgaire. Selon lui, le PSG a « pissé dans l’eau » de la piscine en claquant 400 millions.

Tebas, l’homme qui gâche le spectacle

Depuis fin juillet et les premiers signes que le transfert du siècle allait se faire, Javier Tebas est devenu la figure de proue du football espagnol. Devant un Isco en feu, devant un Asensio qui s’installe à côté des néo-Galactiques, ou encore devant Morata, l’un des attaquants les plus élégants de sa génération. Bref, la péninsule ibérique est en train de voir renaître une grande Roja capable de gagner le Mondial 2018. En parallèle, le Real Madrid écrit une magnifique histoire grâce à l’alchimie entre Zinédine Zidane et son vestiaire de stars. Mais un bruit perturbe la belle mélodie. Censé protéger les intérêts de la Liga, Tebas ne fait que contribuer à la ternir avec ses déclarations à l’emporte-pièce et son attitude d’amoureux éconduit qui refuse – ou a peur – de passer à autre chose.

Sur un point, le président de la Ligue espagnole a peut-être raison : Paris et Manchester City ont flirté avec les limites du fair-play financier. Ou les ont anéanties… Mais ce sera à l’UEFA de trancher. L’avis de Tebas… Aucun intérêt, ni aujourd’hui, ni demain. L’Espagnol a peut-être fait infléchir la direction du football européen. Légèrement. Mais il a aussi indirectement fait ressortir quelques questions visiblement moins importantes à ses yeux. Ainsi, quand le Barça, le Real ou l’Atlético de Madrid se faisaient gauler à recruter des mineurs, pissaient-ils eux aussi dans la piscine ? Quand le Real Madrid lançait sa seconde ère des Galacticos avec Cristiano Ronaldo (94 millions), Kaká (65), Xabi Alonso (40), Benzema (35) ou encore Albiol (15) et une balance déficitaire de 174 millions pour une dette brute à 300, il n’y avait aucune influence inflationniste sur le marché ? À écouter Tebas, avant de devenir une marque mondiale, le Real Madrid n’aurait jamais eu de dette nette à 300 millions d’euros, ni obtenu de coup de pouce de la municipalité de Madrid dans le rachat d’une partie de son ancien centre d’entraînement pour éponger son ardoise colossale.

Javier Tebas a-t-il le droit d’accuser ?

Comme beaucoup, Javier Tebas s’indigne des sommes folles que le PSG met sur le marché des transferts. Il s’indigne d’investissements qui ne se font pas à la suite des rentrées d’argent au moins équivalentes. Pour 99% des gens, cette indignation serait recevable, mais elle l’est beaucoup moins pour quelqu’un qui a accepté « café-crème » le sulfureux transfert de Neymar entre Santos et le Barça, qui dirige une Ligue dont les clubs affichent toujours un passif conséquent envers le fisc espagnol, et dont la fonction exigerait un minimum de retenue. En clair, Javier Tebas accuse aujourd’hui autrui de faire pipi dans l’eau du bain à remous, mais il s’apparente à celui qui lâche une flatulence dans l’ascenseur et accuse le voisin. Pas dangereux, mais très sale.

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