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Terry, le péril John
A la veille d'un prestigieux Angleterre-Espagne, John Terry est dans la tourmente. A la fois à cause de l'affaire Anton Ferdinand mais aussi sur le pré où le capitaine des Blues est de plus en plus friable.
Il y a près de vingt ans, les joueurs de l’équipe de France étaient revenus tout chamboulés de leur voyage à Wembley. Pas simplement à cause de leur première défaite (0-2, Shearer et Lineker passent d’ailleurs le bonjour à Boli) depuis plus de trois ans face à l’Angleterre qui allait laisser plus de traces qu’on ne le supposait alors. Mais aussi en raison du décorum, du prestige et notamment de l’attention portée au capitaine des Three Lions, Stuart Pearce : voiture particulière, une Bentley, un employé chargé de porter son sac et toute une déférence due à son rang. Il y a quelques jours, John Terry, lui aussi porteur depuis des années du brassard, a été piégé par un canular raciste de bas étage et cette mésaventure situe bien la différence de traitement entre les deux skippers.
Le boulet et ses casseroles
Il faut dire que John Terry a tout fait pour être traîner dans la boue de la sorte. Dernier fait d’arme en date, la fameuse affaire « Anton Ferdinand » que Terry aurait traité de « gros con de Noir » lors de la défaite de Chelsea chez QPR (0-1). Nonobstant le côté nauséabond de l’affaire, cet « incident » est lourd de sens à ce point de la carrière du leader des Blues. Car ce qui fait aussi le sel de cette histoire c’est qu’Anton Ferdinand est le petit frère d’un certain Rio Ferdinand. Le partenaire historique de Terry au sein de la charnière centrale de l’Angleterre. Et évidemment, on peut facilement imaginer que tout ça puisse avoir de sérieuses répercussions sur le cas du défenseur londonien en sélection.
Car un capitaine qui n’est plus aussi respecté (le coup du canular) et qui traîne une lourde présomption d’insultes racistes (pas forcément de racisme d’ailleurs, nuance), chose avec laquelle Albion ne badine pas du tout, peut vite devenir un boulet. D’autant que le boulet en question traîne quelques belles casseroles derrière son bastringue. Des exemples ? Y’a qu’à se servir. Entre ses nombreuses rixes, ses infidélités avec la gonze d’un ex-partenaire et ami (Wayne Bridge qui refusera toute sélection par la suite), sa famille en or (ici la mère qui choure au supermarché, là son père pris dans un deal de drogue) et ses propres filouteries (de sa loge personnelle allouée à Wembley sous-louée à son compte, à sa visite guidée du centre d’entraînement de Chelsea moyennant finance), on a choisi de faire court et de rester pudique.
Cramé, comme toute la golden génération
Mais tout ça ne serait que des péripéties, marrantes ou pathétiques c’est selon, si John Terry était indiscutable sportivement. Et c’est là que ça se complique sérieusement. Longtemps, il a été le meilleur défenseur du royaume. « On voyait bien qu’il apprenait plus vite que les autres et qu’il était doté d’une intelligence de jeu intuitive » , rappelle utilement Marce Desailly, son mentor des débuts. Oui, une décennie durant, malgré sa lenteur, Terry a été quasiment impassable en duel tout en affichant un leadership incontesté. Mais comme les glorieux trentenaires de la fameuse génération dorée, comprenez les Lampard, Cole and Cole (Ashley et Joe), Gerrard, Ferdinand et cie, Terry tire la langue. Plus aussi adroit dans la relance, moins bien placé et désormais très limite en duels, le patron des Blues inquiète de plus en plus. Et pour ceux qui en doutent, il n’y a qu’à se revisionner le dernier Chelsea -Arsenal (3-5) durant lequel les Gunners, longtemps ses victimes préférées pourtant, en ont fait leur chose. Oui, il y a une atmosphère de der du dur qui flotte de plus en plus dans le ciel anglais. Surtout avec des jeunes loups aussi forts que décomplexés comme Phil Jones, carrément adoubé par le maître récemment. « Il m’impressionne vraiment et malgré son jeune âge (19 ans) est déjà un titulaire en puissance en équipe d’Angleterre » . Comme si Terry était prêt à passer le témoin au jeune Diable Rouge. Reste pour Capello à trancher cette très délicate question : avant l’Euro ?
Par Dave Appadoo