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Terrier doit sortir de son trou
Ce vendredi soir, Martin Terrier retrouve Strasbourg et compte bien en profiter pour lancer son aventure lyonnaise.
C’est désormais un classique, le genre d’événements qui semblent exister depuis le début du football de club. Il y a plusieurs écoles. Ceux qui ne célèbrent pas dans un souci de respect, ceux qui exultent quand même, et ceux qui font carrément le tour du stade pour chambrer comme Emmanuel Adebayor. Des mecs qui marquent face à leur ancien club, il y en a tous les week-ends. Comme si les joueurs retrouvaient une famille, une vieille maison d’enfance où ils se sentent comme chez eux. Pour certains, c’est même plus facile de marquer contre ses anciens coéquipiers. Tout redevient familier. Ce vendredi soir, Martin Terrier retrouve Strasbourg, le club qui l’a révélé la saison dernière. Autant dire que le nouveau Lyonnais profiterait bien de ces retrouvailles pour lancer une bonne fois pour toutes son aventure entre Rhône et Saône.
Le frisson alsacien
Le 13 juillet dernier, Martin Terrier fait ses premiers pas sous le maillot de l’Olympique lyonnais lors du match amical face à Sion. Quelques secondes après son entrée en jeu, sur son premier ballon, il ouvre déjà son compteur but. Des débuts fracassants, et le commencement d’une préparation parfaite avec l’OL puisqu’il la terminera avec cinq pions. Prometteur. Mais des attaquants qui marquent en pré-saison et ne font rien en compétition officielle, il y en a eu avant lui. C’est en Ligue 1 qu’il doit retrouver son efficacité. Frisson du début de saison dernière, aussi bien avec Strasbourg qu’avec l’équipe de France Espoirs (sept buts en cinq matchs), il s’est ensuite un peu perdu. À partir du moment où son transfert à l’OL a été acté, en fait. « J’ai essayé de faire le maximum et j’ai progressé. La seconde partie de saison a été un peu plus délicate pour moi avec des blessures » , concède-t-il au site de l’OL. Résultat : Terrier n’a plus marqué depuis le 8 décembre dernier et son but sublime contre Bordeaux.
Entré en jeu lors des deux premières journées de championnat, Terrier n’a pas réussi à se mettre en valeur, notamment lors de la défaite face à Reims. Mais pas de panique, l’OL semble être le club parfait pour lui pour progresser. « C’est un club formateur et post-formateur qui sait très bien gérer les jeunes, leur ouvrir la porte et leur faire confiance. C’est ce qu’il faut à Martin, assure Rachid Chihab, son formateur à Lille. C’est quelqu’un qui a une progression linéaire depuis tout jeune et qui a encore une grosse marge pour s’améliorer. Il a été boosté toute sa formation en étant vite surclassé. Il a pu s’aguerrir avec des garçons plus vieux que lui et il pourra retrouver cet environnement favorable à Lyon. »
Un électron libre
Martin Terrier aura quoi qu’il arrive la place de s’exprimer. Complet, aussi bien capable de passer et marquer grâce à sa vitesse d’exécution et son adresse, il offre une vraie polyvalence et peut évoluer sur tout le front de l’attaque. Dans une équipe où tous les joueurs offensifs, à part Mariano Diaz, ont pour mission de permuter et de se balader sur le terrain, l’ancien Strasbourgeois pourra parfaitement s’intégrer et titiller la hiérarchie, car cela correspond à son profil. « Dans un premier temps, je veux gagner ma place. Il y a de très bons joueurs à mon poste. Il faut apprendre d’eux et essayer de bousculer la hiérarchie. Cela passera par des entrées décisives pour faire gagner l’équipe » , confie-t-il à OL Web.
Mais ce profil polyvalent et sa capacité à s’adapter pourraient être à double tranchant pour Terrier. Alors qu’il était plus convaincant en sortie de banc qu’en commençant les matchs en fin de saison dernière, il pourrait vite se complaire dans son rôle de remplaçant privilégié s’il n’est pas rapidement décisif. Car Terrier n’est pas forcément du genre à vouloir tout manger. Arrivé au LOSC dès l’âge de sept ans, Rachid Chihab a longtemps entendu parler de ce petit prodige de la génération 1996-1997 – celle de Benjamin Pavard – avant de le voir débarquer au centre à 14 ans. « Il avait des qualités innées, mais il fallait beaucoup l’accompagner, car il était timide, introverti. Il avait un petit manque de confiance en lui, qui pouvait avoir des incidences sur son jeu, notamment une certaine fragilité physique » , se souvient l’ancien coach de la réserve lilloise. D’ailleurs, la saison dernière, Martin Terrier a pas mal été embêté par les blessures. Un mal déjà récurrent dans le groupe lyonnais.
Un peu tendre
« Il est plutôt athlétique physiquement, mais il avait un problème au niveau de l’agressivité. C’est donc une question de mental. Je pense que c’est un garçon qui a besoin de mûrir encore. Il faut être patient, car il a le potentiel » , ajoute Rachid Chihab. En tout cas, il est certain que Martin Terrier va devoir passer un cap. Avec une saison et demie de haut niveau dans les pattes, le jeune attaquant se retrouve dans un club où il jouera la Coupe d’Europe et se battra pour le podium. « Ce sont d’autres exigences, qui demanderont un autre degré d’investissement. Mais j’ai confiance, il est très stable émotionnellement » , conclut son formateur. Peut-être qu’encore une fois, c’est Strasbourg qui lui permettra de prendre son envol.
Par Kevin Charnay
Tous propos recueillis par KC, sauf mentions.