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- Lorient-PSG (3-2)
Terem Moffi, le fusil du Morbihan
Le rush victorieux de Terem Moffi face à Paris (3-2) a mis en lumière les qualités d'un garçon en pleine bourre dans le Morbihan. Le Nigérian, sur qui le FC Lorient a parié en posant huit millions à l'automne, se révèle être une sacrée bonne pioche.
Pour la première fois depuis cinq rencontres, Christophe Pélissier avait décidé de laisser Terem Moffi sur le banc pour la réception du Paris Saint-Germain, ce dimanche, au Moustoir. Mais le Nigérian a tombé le survêtement en seconde période face au champion de France et rien n’a finalement changé dans l’équation : comme lors des quatre parties précédentes, l’attaquant a fait glisser son nom sur le tableau d’affichage, permettant aux siens de signer un deuxième succès de rang cette saison (3-2) – une performance inédite depuis le retour du FC Lorient en Ligue 1. Après avoir trouvé la faille consécutivement contre Nice, Monaco, Bordeaux puis Dijon, c’est une entrée de maître qu’a réalisée l’attaquant contre le PSG, éclaboussant la fin de rencontre de toutes ses qualités : d’abord au relais pour un Yoane Wissa auteur de l’égalisation (80e), il a ensuite faussé compagnie à tout le monde à l’entrée du temps additionnel pour résister à Presnel Kimpembe, battre sans souci Sergio Rico au bout de sa course (90e+1) et ainsi faire basculer la prestation des Merlus dans la catégorie des prouesses.
Sprinteur et tueur
Pélissier n’avait pas menti à l’arrivée de son nouveau joueur, quand il évoquait « sa puissance, sa technique et son agilité face au but ». Et Jean-Louis Gasset avait pu le constater, il y a trois semaines au sortir d’un match que les Merlus avaient pourtant perdu au Matmut Atlantique (2-1), mais durant lequel Moffi avait marqué, touché le montant et fait forte impression : « Ce soir, on a vu un gamin de 20 ans nous jongler. » Moffi en a 21 depuis mai dernier, en réalité, et a déjà eu le temps de voir du pays : depuis sa terre natale, celui dont le père Léo fut gardien de but en D1 nigériane est passé par l’Angleterre à 17 ans (à la Buckswood Football Academy), la Lituanie à 18 ans (le FK Kauno Žalgiris et le FK Riteriai avec des gros problèmes de visa et un an et demi sans jouer entre les deux clubs), puis la Belgique à 20 ans (au KV Courtrai), avant de poser ses valises dans l’Hexagone. À Riteriai (20 pions en 29 apparitions de A Lyga) comme à Courtrai (5 en 9 parties de Jupiler League), on a rapidement compris qu’on avait affaire à un gros client. Mais tout cela méritait confirmation dans un championnat plus huppé.
« À l’école, mon coach m’a convaincu que j’étais un sprinteur et il a fait de moi le joueur le plus rapide du club », racontait le buteur à Sport/Foot Magazine il y a un an au sujet de son passage anglais. Habitué à déposer sur place les défenseurs adverses, le bougre développe également un flair qui lui a permis de réveiller Lorient à plusieurs reprises cette saison. Arrivé en même temps que le bankable Adrian Grbić, affichant la même taille (1,88m), mais vendu pour une somme inférieure et précédé d’une réputation bien moins importante, le gamin de Calabar (sud-est du Nigeria) a peu à peu pris l’ascendant sur son aîné, au niveau statistiques, mais aussi dans le cœur de son coach. Après le combo but et offrande à Reims pour sa première apparition en France, puis une longue disette sur le plan comptable, le gaucher s’est réveillé juste avant Noël et ne s’arrête plus depuis. À tel point que son FCL peut se remettre à parler de maintien.
Par Jérémie Baron