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Terell Ondaan : « L’Ajax m’a appris à être un méga-professionnel »
Il était un brillant espoir néerlandais, formé à l'Ajax et passé par les sélections U18 et U21 des Oranje. Et puis Terell Ondaan s'est pété les ligaments croisés en 2015, alors qu'il commençait à éblouir l'Eredivisie avec Willem-II. Sur la voie du renouveau après une belle saison dernière à Telstar (D2 néerlandaise), le petit ailier droit de 26 ans a fait le choix étonnant de signer à Grenoble l'été dernier. Entretien GF38, capitale des Alpes et Hippopotamus, mais sans ski ni beurre de cacahuètes.
Salut Terell, comment ça va à Grenoble ?Très bien, je sors de chez le coiffeur, en fait. C’est un gars de l’équipe qui me l’a conseillé. Freshup, ça s’appelle. Je recommande.
Il savait qui tu étais ?Non, c’est très rare qu’on me reconnaisse dans la rue.
Tu as trouvé tes marques dans la ville ? C’est quoi tes coins préférés ?Je ne sors pas énormément. Mais avec ma femme, on aime bien Hippopotamus pour aller manger. Il y a des sushis qui sont sympas aussi. Mais en règle générale, on préfère manger à la maison.
Tu trouves ton bonheur dans les supermarchés ? Tu arrives à vivre sans pindakaas (beurre de cacahuètes) et autre nourriture typique des Pays-Bas ? Du pindakaas, il y en a, mais il n’est pas pareil que celui des Pays-Bas. Et il est tellement cher qu’on n’en achète pas trop ! (Rires.) Le pain est différent aussi, les Français sont très attachés à la baguette. En fait, il y a quelqu’un qui nous ramène de la nourriture des Pays-Bas quand on a besoin.
Il y a tant de différences culturelles entre les deux pays ? Est-ce que les Français sont moins chaleureux que les Néerlandais, par exemple ?Ah, je savais qu’elle allait venir cette question ! Ils ne sont pas forcément moins chaleureux, mais c’est vraiment… autre chose. Par exemple, quand on est en ville avec ma femme, les gens ne nous répondent pas forcément quand ils voient qu’on ne parle pas français. C’est une question d’attachement culturel qu’on voit moins aux Pays-Bas : là-bas, ça ne pose aucun problème aux gens de parler anglais. En France, c’est plus compliqué. Il y en a quelques-uns qui essayent, mais la plupart non. Ça doit être simplement un problème de langue, parce que pour le reste, c’est incroyable comment ils profitent de la vie. S’asseoir en terrasse, c’est une mentalité ici. Ça veut dire profiter de la vie.
Et toi, c’est quoi ce que tu aimes en dehors du foot ?Je n’ai pas énormément de hobbys. Mon truc, c’est la Playstation avec des amis. Mais figurez-vous que je ne joue pas à FIFA, je suis plus Call of Duty.
Revenons-en au foot. Tu as débarqué au GF38 l’été dernier en provenance de Telstar (D2 néerlandaise). Ce n’est pas trop dur de passer d’un championnat aussi ouvert et offensif à un championnat aussi physique et tactique ?C’est vrai que c’est très physique, la Ligue 2. Il y a beaucoup plus d’intensité. Mais je le savais : j’avais déjà joué contre des équipes françaises en camp d’entraînement avec Willem-II.
Pourtant, ça ne colle pas trop à ton style de jeu, basé sur la provocation, le dribble…C’est bien possible, oui. Mais je suis justement venu ici pour progresser. C’était le bon moment pour découvrir un autre championnat afin de franchir un cap. Et honnêtement, ça ne me pose pas trop de problème que ce soit aussi physique. Je m’y accomode plutôt bien.
Tes débuts sont bons, tu démarres la saison titulaire, tu distribues deux passes décisives pour ton premier match de Ligue 2 contre Guingamp (3-3). Mais depuis quelques matchs, c’est un peu plus compliqué.Je pense que je suis encore un peu prudent avec mon corps. Le premier bilan que je tire, c’est que je peux faire beaucoup mieux. J’aurais dû marquer beaucoup plus de buts et donner beaucoup plus de passes décisives. Je sais dans quels domaines je dois progresser.
Ton entraîneur Philippe Hinschberger dit de toi que tu es probablement le joueur le plus talentueux de l’équipe, mais que tu pourrais mieux « utiliser » ce talent. Tu sais ce qu’il entend par là ?Je pense qu’il veut dire que je dois plus aller chercher le ballon, que je dois plus me faire remarquer.
Il veut aussi que tu défendes davantage.Là, je ne suis pas d’accord. Alors peut-être que les exigences sont très élevées ici, mais je pense que je fais le job dans ce domaine.
Et les fans français, ils ne font pas un peu pâle figure face à leurs homologues néerlandais ?Eh bien, je trouve au contraire qu’ils sont plus passionnés ! À quoi je le remarque ? Ils font plus de bruit qu’aux Pays-Bas.
Ce n’est pas un peu frustrant de se retrouver à Grenoble quand on a été un international U21 néerlandais formé à l’Ajax ?J’aurais pu avoir une carrière encore plus belle si je n’avais pas eu ma blessure (rupture du ligament croisé survenue lors de son dernier match de la saison 2014-2015 avec Willem-II, N.D.L.R.). Mais bon, ça ne sert à rien de regarder le passé, il faut se concentrer sur le présent. Alors certes, je n’ai pas évolué dans de très grands clubs après ma blessure, mais franchement il y a beaucoup de qualité au GF38. Vraiment, je suis très satisfait du niveau ici. Quand le club m’a approché, je n’ai pas hésité au regard de la confiance qu’il m’a montrée.
Mais tu n’envies pas Quincy Promes (FC Séville, Ajax) ou Nathan Aké (Chelsea, Bournemouth), tes anciens coéquipiers en équipe U21 des Pays-Bas ?Non, je suis content pour eux, c’est beau à voir. Mais c’est inutile de se comparer aux autres. Il faut juste jouer pour toi-même et si tu es content de ce que tu fais, c’est le principal. Je me mets moins la pression, aujourd’hui. Ma blessure m’a fait voir les choses sous un nouvel angle. À l’époque, je ne savais pas si j’allais pouvoir courir de nouveau. Alors maintenant, j’essaye juste de prendre du plaisir.
Mais tu as forcément pensé à quoi aurait ressemblé ta carrière sans ta blessure ? Je vais vous faire une confidence. Le soir de ma blessure, je reçois un appel : c’est un bon club anglais, en Premier League à l’époque, qui se manifeste pour moi. On a été obligé de leur dire que je venais de me blesser gravement…
Tu n’as que 26 ans, il n’est pas encore trop tard pour retrouver le top niveau.Tout le monde veut retrouver le top. Les qualités que j’avais avant ma blessure, je les ai encore. Je verrai où j’en suis dans trois ans, à la fin de mon contrat avec le GF38. Si ça va toujours bien avec mon corps, j’aimerais bien aller jouer au Moyen-Orient pour le climat, le cadre de vie.
Et si tu étais resté à l’Ajax pour poursuivre ta formation ? C’est un peu étonnant ce choix de quitter le club de ta ville natale…En fait, je voulais percer rapidement. Donc j’ai fait ce choix de quitter les U19 de l’Ajax pour rejoindre ceux de l’AZ Alkmaar. Si je regrette ? Non, je l’ai fait parce que je pensais que c’était la bonne décision.
On part quand même avec un avantage quand on a été formé à l’Ajax ?J’y ai appris plein de choses, c’est sûr. Comment devenir un joueur d’équipe, comment gérer son hygiène de vie en dehors du foot, comment acquérir un mental de champion, comment s’exprimer dans les médias…
À devenir un vrai professionnel, en gros ?Non, un méga-professionnel ! (Rires.)
Aujourd’hui, tu es international guyanien (ses parents sont originaires de Guyana). Ça te change des sélections jeunes des Pays-Bas ?
C’est différent, il y a moins de moyens forcément. On parle anglais dans le vestiaire. Ça m’a permis de jouer la Gold Cup, en tout cas, une très belle expérience.
Le vestiaire, c’est un bon moyen d’apprendre le français à Grenoble ?Il y a tout le temps des sons français qui tournent dans le vestiaire, oui. Mais bon, comme c’est du rap, ça va beaucoup trop vite pour que je comprenne ! Mais il y a des musiques que je connaissais déjà. MHD, par exemple, j’aime bien, ça passe beaucoup aux Pays-Bas.
Et ta compagne, elle ne s’ennuie pas dans la ville ?Un peu, c’est vrai.
Vous n’avez pas essayé de faire du ski ?Oh je ne m’y risquerais pas avec mon genou !
C’est quoi le plan pour la Saint-Valentin, vendredi ? Ça tombe pile au moment de votre match de championnat contre Niort, à 20h…On ne fête pas la Saint-Valentin avec ma compagne. Pour une raison simple : parce que la Saint-Valentin, c’est tous les jours qu’on la vit !
Propos recueillis par Douglas de Graaf