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Teo Gutiérrez, la folie colombienne
Face à elle, ce soir, au Monumental, l'Argentine retrouvera un trio offensif colombien qu'elle connaît très bien. Falcao, James Rodríguez et Teófilo Gutiérrez ont chacun à leur façon marqué les esprits dans le championnat local. Pour le dernier des trois, plus que son incontestable talent, c'est son incroyable bêtise que personne n'a oublié.
« Le Colombien Teófilo Gutiérrez a laissé derrière lui ses problèmes d’indiscipline et est content de rejoindre Cruz Azul. » C’est par cette phrase d’introduction que le site Terra Mexico a annoncé au mois de décembre dernier l’arrivée au Mexique de l’attaquant des Cafeteros, troisième homme du secteur offensif de la bande à Pékerman avec les néo-Monégasques Falcao et James Rodríguez. « Les mauvaises choses que j’ai pu faire sont celles qui ont le plus vendu, mais je suis un grand professionnel, et le plus important est ce que j’ai obtenu jusqu’à présent » , a dû se défendre Teo face aux interrogations des journalistes et supporters mexicains. Car au-delà de la centaine de pions qu’il a marqués au cours de sa carrière entre la Colombie, la Turquie et l’Argentine, ce que Gutiérrez a obtenu ces dernières années, c’est avant tout une solide réputation de petit con.
La fuite, épisode 1
Le décollage date de l’année 2009. Après deux premières saisons correctes à Junior, en première division colombienne, Teófilo Gutiérrez explose, inscrivant 30 buts en championnat. Suffisant pour devancer un certain Jackson Martínez, porter son club jusqu’à la finale du championnat (perdue face à Once Caldas), rejoindre la sélection colombienne et traverser l’Atlantique. Direction la Turquie et le Trabzonspor de Rigobert Song et d’Umut Bulut. Les premiers mois sont durs mais la saison 2010-2011 commence tambours battant. Teo cale un triplé face au Bursaspor lors de la Supercoupe de Turquie, puis un doublé lors de la première journée. Viennent la Ligue Europa et Liverpool, et bim, encore un but. Les fans de Trabzonspor commencent juste à comprendre pourquoi le club a lâché 4 millions d’euros pour le Colombien quand le joueur leur fait à l’envers. Teófilo ne s’acclimate pas et rentre à Barranquilla un an à peine après son arrivée, sans prévenir personne, prétextant des « problèmes familiaux et de communication » . On ne le reverra plus fouler le sol turc.
Provocations, bagarres et fausse arme à feu
Les Turcs lâchent rapidement l’affaire et revendent illico le joueur au Racing d’Avellaneda, en Argentine, contre environ 2,5 millions d’euros. Dans la banlieue sud de Buenos Aires, Teo alterne le très bon et le grand n’importe quoi. Les buts (22 en un an), les dribbles et les fantaisies plaisent aux hinchas de la Academia. Ses expulsions à répétition un peu moins. Provocateur, égoïste, imbécile, il rend fou les joueurs de Lanus en allant frotter le crâne du gardien adverse après l’égalisation des siens, il chambre les bouillants fans de Boca en sortant du terrain après une nouvelle expulsion, puis se bagarre à l’entraînement avec Dobler, le gardien remplaçant. Vient alors le meilleur, le Clásico d’Avellaneda contre Independiente. Après avoir fait mumuse avec Milito et ouvert le score, il laisse son cerveau de côté, provoque l’arbitre et prend son rouge, laissant ses compagnons à 9. Après le match (finalement perdu 4-1), dans le vestiaire, capitaine Saja vient lui faire la leçon, et Teo réagit en le menaçant avec un gun de paintball. Viré, il part pour Lanus, qu’il quittera après un seul match, refaisant le coup de la Turquie. La fuite pour Barranquilla. Cruz Azul est prévenu, il tient dans ses rangs un sacré phénomène.
Par Léo Ruiz