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Téo et débats
Après avoir disputé la Copa América avec la Colombie, Téofilo Gutiérrez a crié haut et fort son envie de quitter River Plate. Pourtant, « le club de ses rêves » va disputer les demi-finales de la Copa Libertadores. Mais pour une histoire de sous, l'attaquant préfère s'en aller par la petite porte. Comme souvent.
En pleines festivités après la conquête de la Copa Sudamericana, Téo Gutiérrez déclarait « Si D’Onofrio (président de River Plate, ndlr) pose les billets verts, je reste. » Nous sommes en décembre 2014 et l’attaquant colombien fait déjà des siennes. Désormais, c’est après avoir participé à la décevante campagne colombienne lors de la Copa América que le natif de Barranquilla s’étale dans la presse. Il argue que « son cycle » à River serait terminé. Très vite, une histoire de gros sous voit le jour. « Teófilo Gutiérrez a pris la décision de quitter River, car les dirigeants n’ont pas assuré tous les paiements qu’ils lui doivent. » Le pavé dans la mare est lâché par Efraín Pachón, agent de l’attaquant colombien sur les ondes de Fox Sports Radio. Le club rétorque que ces accusations sont fausses et calomnieuses. Comme souvent, Téo fout le bordel et va quitter son club avec une belle polémique.
Cry me a River
Tour à tour, les dirigeants de River ont allumé le Colombien. D’abord, Enzo Francescoli, directeur sportif des Millonarios, a critiqué le numéro 19 du club, sur la chaîne TYC Sports : « Il répète qu’il aime le club, mais qu’il ne veut plus jouer ici. C’est contradictoire. Ce n’est pas la première fois qu’il demande à partir. C’est une bonne chose qu’il quitte le club. » Plus sobre, Marcelo Gallardo, l’entraîneur du club du quartier de Nuñez s’est lui aussi exprimé sur la chaîne sportive argentine : « Téo m’a dit qu’il ne voulait plus porter le maillot de River. J’en ai parlé à la direction pour qu’ils arrangent cette situation de la meilleure manière. À partir de cette discussion, je ne comptais plus sur lui. On a été honnêtes et on s’est quittés avec une accolade. » D’ailleurs, les vœux du « Muñeco » ont été exaucés : les attaquants Nicolás Bertolo, Javier Saviola, Lucas Alario et Tabaré Viudez ont rejoint River pour pallier le départ de l’homme aux vingt-huit buts en deux saisons. Pendant ce temps-là, le Colombien passe ses vacances dans sa ville natale et publie des photos sur Twitter en train de cuisiner des empanadas. Une attitude très peu apprécié par Rodolfo D’Onofrio, qui s’est lâché sur l’imbroglio Téo lors de la conférence de présentation des recrues de River : « La seule chose qu’on sait, c’est qu’il est à Barranquilla et mange les empanadas de sa grand-mère. » Un petit tacle et une relance propre du président de l’institution : « Si des offres arrivent, on les analysera. Mais s’il n’y en a pas – et quand il aura fini les empanadas – il devra revenir. »
Car le problème est bien là : l’intérêt des Corinthians et du Sporting Portugal pour l’attaquant aux célébrations dansantes est réel. Cependant, aucune offre n’est arrivée sur le bureau des dirigeants de River. La situation est simple : Gutiérrez est sous contrat jusqu’en juin 2016, et la direction du club ne renoncera pas au 50% des droits du joueur (la tierce propriété est encore d’actualité en Amérique du Sud). Le club attend donc une offre de trois millions de dollars pour laisser partir l’avant-centre. Surtout, River doit vendre Téo avant le 14 juillet, afin de laisser la place « d’extra-communautaire » à la recrue uruguayenne, Tabaré Viudez, pour les demi-finales de la Copa Libertadores. À une dizaine de jours d’une demi-finale historique de la plus prestigieuse des compétitions du continent (River n’a pas atteint ce stade depuis dix ans), Téofilo Gutiérrez a donc décidé de compter les dollars et de tirer un trait sur la possibilité de garnir son armoire à trophées. Un choix presque logique au vu de la carrière tourmentée du Colombien.
Le mal du pays ?
C’est d’abord le club turc de Trabzonspor qui – en 2010 – doit gérer les écarts de conduite du joueur. Après neuf mois, Gutiérrez retourne à Barranquilla sans prévenir le club. Son agent avance « des problèmes de stress et d’anxiété » de son client. Le club rompt le contrat de Téo, et alerte même la FIFA. Le Racing fait alors le pari de le recruter. Vingt-deux buts plus tard et après être devenu l’attaquant vedette de l’Academica, Gutiérrez multiplie les conneries : des expulsions, une baston avec un coéquipier, puis le clou du spectacle : après une échauffourée avec son gardien, Sebastián Saja, Téo Gutiérrez sort une arme à air comprimé dans le vestiaire. Forcément, « son cycle » au club bleu et blanc de Buenos Aires s’achève rapidement. Nous sommes en avril 2012, et le club de Lanús décide à son tour de recruter le pistolero. Un mois plus tard, il récidive et refait ses valises pour Barranquilla. En décembre, c’est le club mexicain de Cruz Azul qui mise sur le fou. Résultat, neuf buts en vingt-huit rencontres. Mais le Colombien l’affirme déjà : il veut rejoindre River Plate et « réaliser son rêve » . Autre rupture de contrat, autre novela avec la FIFA et, durant l’été 2013, Téo Gutiérrez enfile enfin le maillot du « club qu’il supporte depuis qu’il est gosse » . Aujourd’hui, c’est donc pour une histoire de gros sous que l’attaquant de trente ans laisse passer sa chance (probablement unique) de gagner la Copa Libertadores avec son club de cœur. Et si son futur reste incertain, on peut être sûr que Téofilo Gutiérrez écrira bientôt un nouveau chapitre de son roman placé sous le signe du grand n’importe quoi.
Par Ruben Curiel, à Buenos Aires