- Mondial 2022
Temps additionnel au Mondial : de nombreuses minutes de bonheur en plus
C’est un détail qui n’a échappé à personne : les arbitres accordent beaucoup de temps additionnel depuis le coup d’envoi du Mondial 2022. Une tendance que l’on doit à la volonté de la FIFA de compenser au mieux les pertes de temps, et dont on ne peut que se réjouir.
La Coupe du monde 2022 vient tout juste de débuter, mais un record a d’ores et déjà été battu. Ce lundi, le match entre l’Angleterre et l’Iran (6-2) a duré… 117 minutes et 16 secondes, devenant la plus longue rencontre de l’histoire du Mondial (hors prolongation) depuis qu’Opta en collecte les données, c’est-à-dire 1966. Aux quatorze minutes de temps additionnel accolées en fin de premier acte, après le KO subi par le gardien persan Alireza Beiranvand, se sont en effet ajoutées treize minutes de rab avant le coup de sifflet final, ce qui a permis à Mehdi Taremi d’inscrire, sur un penalty accordé grâce à la VAR, un but très tardif (90e+13). Un cas isolé ? Loin de là, car les deux autres parties de la journée, Sénégal-Pays-Bas (0-2) et États-Unis-Pays de Galles (1-1) ont également eu droit à une belle rallonge, le coup de sifflet final ayant à chaque fois eu lieu au-delà de la 90e+10.
4 – The four single halves with the most stoppage time on record (since 1966) in a single #WorldCup match have all been today:#ENGIRN 1st half (14:08)#ENGIRN 2nd half (13:08)#USAWAL 2nd half (10:34)#SENNED 2nd half (10:03)Prolonged.
— OptaJoe (@OptaJoe) November 21, 2022
Lutter contre les pertes de temps
Ces trois matchs – comme celui d’ouverture, d’ailleurs – ont donc duré au total plus de 100 minutes. Et il y a fort à parier que cela arrivera encore à de nombreuses reprises d’ici à la fin du tournoi, puisque consigne a été donnée aux arbitres du Mondial d’être très précis dans le calcul du temps additionnel. L’objectif, qui était déjà d’actualité en Russie il y a quatre ans : lutter contre les pertes de temps, qu’elles soient volontaires ou incompressibles (exécution d’une touche ou d’un coup de pied arrêté, etc.). « On veut éviter les matchs à 42, 43, 44 minutes de temps effectif. Donc les temps de remplacements, de penalty, de célébrations, de soins médicaux ou bien sûr de VAR devront être compensés », avait prévenu Pierluigi Collina, le responsable des arbitres FIFA, vendredi dernier. « Une célébration prend normalement une minute, une minute et demie. Donc avec trois buts marqués, vous perdez cinq ou six minutes », avait-il illustré auprès d’ESPN. Au printemps dernier, la rumeur courait que l’instance mondiale envisageait d’étendre la durée officielle des matchs de 90 à 100 minutes. Heureusement, nous n’en sommes pas encore arrivés là. Mais cette volonté assumée de garantir un temps de jeu effectif aussi élevé que possible est ainsi concrétisée par de nombreuses minutes supplémentaires en fin de période.
La satisfaction après les aberrations
Certains, notamment ceux qui ne se passionnent pour le football qu’une fois tous les deux ou quatre ans, pourront peut-être trouver ces rallonges post-45e ou 90e abusives. Il faut pourtant s’en réjouir. Surtout après avoir assisté, pendant toute la première partie de saison, à de réelles aberrations dans l’attribution du temps additionnel, qui paraît très fréquemment calculé au doigt mouillé et, plus embêtant, bien en deçà du temps perdu jusque-là. Sans parler des nombreuses fois où, face à un score lourd, les hommes en noir décident d’abréger les souffrances de l’équipe martyrisée en renvoyant tout le monde aux vestiaires sans la moindre seconde en plus. Ce qui peut être admis dans un match sec à élimination directe n’est qu’une ineptie en championnat ou en phase de groupes, où une place peut se jouer à un but près. Demandez au PSG, qui n’a pas eu contre le Maccabi Haïfa (7-2) les quelques minutes de temps additionnel qui ont permis à Benfica, face au même adversaire, de planter l’ultime banderille (1-6) et de finir in extremis en tête de sa poule en Ligue des champions. Même si la différence au tableau d’affichage était significative, l’arbitre d’Angleterre-Iran, lui, a laissé les 22 acteurs s’écharper jusqu’au bout du bout. Et, qui sait, au moment de faire les comptes, peut-être que le penalty inscrit par Taremi aura son importance.
Par Raphaël Brosse