- Sortie de FIFA 20
Témoignage : Je n’ai jamais joué à FIFA
Alors que le jeu FIFA 20 déboule sur le marché, il est temps pour l'un de nos journalistes de faire son coming out : il n'a jamais joué à aucune version du jeu édité par Electronic Arts. Mais il a ses raisons.
Je sais que le jeu vidéo FIFA 20 sort ce 27 septembre 2019. Je sais aussi qu’à FIFA, les joueurs sont notés de 1 à 100, et que cela occasionne de vifs débats. On peut même parler de polémiques. Tout cela, je le sais parce que je suis un homme connecté, plutôt bien dans son époque – je possède une carte Navigo – et que tout le monde ne parle que de la sortie de ce jeu depuis quelques semaines, que ce soit sur les réseaux sociaux ou au sein même de la rédaction de So Foot. Je suis également au courant qu’il y a quelque chose qui s’appelle FUT, et qui est lié au jeu FIFA. Mais je ne sais pas trop comment, ni vraiment de quoi il s’agit, parce que je n’ai jamais osé demander. Un peu par honte, mais surtout parce que cela ne m’intéresse pas, pour la simple et bonne raison que je n’ai jamais joué aux différentes versions de FIFA. Pire, je ne possède pas de console de jeux vidéo.
J’en ai eu, pourtant, des consoles. Une Atari 2600 héritée d’un cousin, d’abord. Puis la NES, la Super NES et la Megadrive. Avec, à chaque fois, le meilleur jeu de foot disponible – j’aime le football. Sur la Super Nintendo, je me souviens d’un jeu dont le nom m’échappe, dans lequel il suffisait de frapper de l’entrée de la surface de réparation, à l’angle de l’arc de cercle, pour faire mouche. On pouvait personnaliser les maillots, mais pas trop : le scapulaire de mes Girondins de Bordeaux n’était pas disponible. Malgré ces désagréments, j’y ai passé des heures, assis en tailleur sur le parquet du salon de mes parents. Mais tout s’est arrêté à la sortie de la PlayStation, qui a immédiatement ringardisé ma Nintendo. J’avais 16 ans, mais déjà des idées bien arrêtées : un jeu vidéo, ce n’est pas un CD-ROM, c’est une cartouche. Et quand elle fonctionne mal, on souffle dedans comme on guérit un stylo bille en écrivant sur sa semelle. Et une manette est un objet simple, constitué d’une croix directionnelle et de maximum quatre boutons. Pas un genre de navette spatiale vibrante avec 18 boutons, 4 gâchettes et 2 joysticks. Et accessoirement, je venais de découvrir les filles, ce qui me procurait des émotions largement plus intenses que celle de marquer un but virtuel.
Donc voilà : pour toutes ces raisons, je n’ai jamais joué à FIFA. Ni à PES, du reste. Durant les discussions enflammées qui animent les partisans de telle ou telle franchise, depuis des années, je joue celui qui écoute attentivement, la mine grave, alors que je ne pense qu’à ce que je vais me faire à dîner. Mais n’y voyez aucun mépris. Déjà, parce que je serai seul contre tous, surtout au bureau. Et surtout, parce que des gens très recommandables passent des heures sur FIFA, tout en revendiquant une existence parfaitement saine et épanouie. Lors de mes tribulations professionnelles, il m’est arrivé à plusieurs reprises, pour le compte de nos rubriques culturelles, d’interviewer des artistes m’avouant que s’ils étaient supporters de telle équipe, c’était « parce qu’elle est super forte à FIFA » . Je faisais semblant d’acquiescer. D’autres concèdent qu’ils ne connaissent certains joueurs que grâce au jeu, et que cela leur « fait bizarre » de les découvrir en vrai, à la télé. Ou qu’ils se demandent pourquoi un entraîneur n’utilise pas telle tactique, « alors qu’elle marche super bien à FIFA » . Preuve que la simulation d’Electronic Arts est incroyablement réaliste. Je n’ai jamais joué à FIFA, mais ce coming out m’a sacrément donné envie d’essayer. Et puis j’imite déjà vachement bien la voix du début : « Tsineuguèïme ! »
Par Mathias Edwards, vieux