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Teikeu : « Au départ, on visait les quarts »
Le Cameroun en finale d’une CAN, ce n’est pas une première. Mais que les Lions indomptables aient réussi à atteindre celle de cette année, dimanche face à l’Égypte, avec une équipe jeune, inexpérimentée et assez largement composée de joueurs méconnus, c’est une performance à laquelle personne ne s’attendait. Même Adolphe Teikeu, le défenseur de Sochaux, n’avait pas vu le coup venir.
Il y a un peu plus d’un mois, on parlait du Cameroun pour ses joueurs qui faisaient défection, ceux qu’Hugo Broos n’avait pas convoqués (Chedjou, Bedimo), mais pas comme d’un champion d’Afrique potentiel…Oui, c’est une surprise pour beaucoup de monde. Quand les gens parlaient des favoris pour la CAN, ils évoquaient l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Ghana… Mais pas le Cameroun. Quelque part, c’était normal. On arrivait avec une équipe jeune, beaucoup d’entre nous allaient disputer leur première grande compétition. Évidemment, on ne s’imaginait pas atteindre la finale. Au départ, on visait les quarts. On s’était dit que si on passait le premier tour, dans un groupe compliqué, la CAN serait réussie.
Y-a-t-il eu des moments clés, ces dernières semaines, qui ont pu renforcer la cohésion du groupe ?
Pour notre premier match de préparation, on bat la RD Congo chez nous (2-0). Mais c’est lors du stage en Guinée équatoriale, juste après, qu’il s’est sans doute passé quelque chose. Il faisait chaud, humide, on travaillait beaucoup, ce n’était pas facile, car quelques jours plus tôt, nous étions en Europe, dans le froid. Vraiment, pendant ce stage, on a parfois souffert, mais on se soutenait tous les uns les autres. Et le second moment fort, il s’est produit lors du match contre la Guinée-Bissau. À la mi-temps, alors que nous sommes menés (0-1), on est un peu abattus, même blessés. On sait qu’une défaite peut vraiment compromettre nos chances. Le coach a su trouver les mots pour nous rebooster. Et nous avons réussi à gagner (2-1).
Comment le groupe vit-il cette aventure ?Sereinement. Nous sommes conscients de ce que nous faisons, mais on ne se prend pas la tête. Le plus dur est devant nous avec cette finale. Notre groupe est vraiment hyper soudé. Cela se voit sur le terrain. On s’entend bien, beaucoup de joueurs ont à peu près le même âge, l’ambiance est décontractée, mais on est très sérieux. Notre coach est exigeant, il veut qu’on respecte la vie du groupe, mais ce n’est pas quelqu’un d’autoritaire.
Depuis le début de cette CAN, le Cameroun a montré qu’il défendait bien, mais aussi qu’il savait faire le jeu…Oui, car l’équipe est équilibrée. On mise d’abord sur une grosse rigueur défensive (deux buts encaissés, ndlr), car chacun fait bien son travail. Mais nous avons aussi des joueurs créatifs, doués techniquement. On s’attache plus à nos forces qu’aux faiblesses de nos adversaires.
L’Égypte est du genre chiante à jouer, et sa défense est encore plus imperméable que la vôtre, avec un seul but encaissé…
Mais avant l’Égypte, on a rencontré des équipes comme le Sénégal et le Ghana qui elles aussi avaient encaissé peu de buts. Nous savons que l’Égypte est très solide défensivement, qu’elle préfère jouer les contres… Elle a montré qu’elle pouvait marquer sans avoir besoin de beaucoup d’occasions. Les Égyptiens ont aussi des joueurs très techniques, comme Mohamed Salah. Mais on a su prouver face au Sénégal et au Ghana notre capacité à résister et aussi à porter le danger. Et je pense que dans le domaine athlétique, le Cameroun a du répondant. Ce sera une finale intéressante, avec deux équipes aux styles différents.
Vous avez éliminé le Gabon, le pays organisateur, puis le Sénégal et le Ghana. Et si le favori de cette finale, c’était finalement le Cameroun ?C’est vrai que nous avons réussi à éliminer quelques grosses équipes… Et s’il faut assumer ce statut de favori, pas de problèmes…
Propos recueillis par Alexis Billebault